lundi 20 juillet 2020


Aussi efficace que le masque FFP2, celui-ci est en revanche beaucoup
plus original. Plus cher aussi mais l'on n'a rien sans rien.
Et c'est delà que vint la fameuseexpression : rire sous carpe



18.- LA FAILLITE DES PROFESSIONNELS DU RIRE - (16e épisode, suite du 9 juillet) - Après la Chine dont l’épidémie a probablement emporté des millions de malheureux drilles, l’Europe est à son tour totalement submergée par cette vague de rires intempestifs autant que tempétueux. En France - où l’on a beaucoup à se protéger tant on aime naturellement rigoler de tout et de l’autre - la réalité est plus rudement acceptée qu’ailleurs. 
Même ceux qui n’étaient pas infectés par le tromarranvirus se pliaient en quatre devant leur téloche chaque fois qu’apparaissaient le chef d’escadrille - le président Norcam – et ses comiques toupets : Narev, Renatsac, Monsallo et j’en passe. Seule mme Nyzub, ayant pris la mesure et la crainte du ridicule, s’était portée volontaire pour aller se faire laminer aux élections municipales parisiennes. Mieux vaut, à tout prendre, une grosse honte qu’un génocide sur la conscience. 
Mais les autres, toute cette bande d’ahuris aux grands airs pontifiants, poursuivaient leur festival de bourdes, lequel remplaçait avantageusement celui d’Avignon où la création théâtrale ne fait que rarement de victimes, car l’ennui ne tue que très, très lentement par définition. Du coup tous les "bobos" habituellement habitués des pièces labyrinthiques, incompréhensibles du Palais des papes et des restaurants de Vaison-la-Romaine au plus mauvais rapport qualité-prix du continent et très probablement de l’univers, se concentraient dans leurs lofts parisiens et pavillons des Yvelines. Les Guignols et les Deschiens ayant été, quelques années auparavant, anéantis par le Bollorétrovirus, ils se rabattaient tous sur les infos et notamment cette série illimitée et en prime time. 
L’évidence finit par s’imposer, le port du masque devenait incontournable. Ainsi fut-il rendu obligatoire à tous les foyers d’en produire en quantité suffisante pour toute la famille et en attendant que les usines, jusque-là vouées à la fabrication de choses parfaitement inutiles - des cigales de céramique en Provence, des vierges sous la neige en Bigorre, des confettis à Nice, des confiseries à Cambrai, etc. - deviennent suffisamment productives. 
Toutes ne réussirent pas la reconversion avec la même imagination réactives de la Manufacture des étangs de la Brienne qui, après s’être spécialisée dans les farces et attrapes - ce qui lui donnait une longueur d’avance sur la concurrence -, confectionna un masque extrêmement efficace, étanche autant qu’étrange en forme de tête de carpe. Ce poisson étant, il est vrai, très familier de l’étang où les restaurateurs locaux le présentaient sous ses différents atours gastronomiques, tantôt farci, en fricassé ou en carpaccio. Ce fut un déferlement national d’autant que la grande distributions s’en empara. Il résistait à l’eau forcément et pouvait être réutilisé autant que nécessaire. 30 euros à l’achat neuf cela paraissait un peu exagéré malgré son look, mais sa longévité exceptionnelle autant que le brillant de ses écailles en fit la star du marché, d’autant qu’une offre de trois masques à cinquante euros fit un malheur. Et la MEB, deux mois après, entrait au CAC 40 où sa cote progressa de 112 % dès la première semaine. 
Ainsi l’expression « rire sous carpe » devint extrêmement populaire, même si beaucoup se masquèrent afin d’éviter justement d’esquisser ne serait-ce que le moindre rictus. Plusieurs comiques – acteurs, réalisateurs, producteurs – s’associèrent afin d’organiser une souscription sous le hashtag #pasmarrandutout. En effet, tandis que les salles de cinémas et spectacles divers fermaient les unes après les autres, plus personne ne regardait non plus de film ou d’émission à vocation comique de peur de se mettre à rigoler. Certes le rire en lui même n’était pas contagieux – surtout depuis la mort de Raymond Devos – mais les gens ne voulaient surtout pas s’effrayer puisque le seul fait de s’esclaffer constituait un symptôme inquiétant. 
On peut d’ailleurs reconnaître cela au gouvernement et notamment à son président. Ils furent tellement pathétiques et antipathiques, qu’à force, plus personne n’éprouvait le goût de rire. En sorte que ceux qui s’y laissaient aller rejoignaient aussitôt les urgences. Ces urgences dont venait de s’échapper Jiao et Liang, qui profitèrent d’une légère inattention du personnel du centre hospitalier de Mulhouse, qui fêtait le départ du sous-directeur, pour prendre la direction de Paris. Par chance lorsqu’il fallut embarquer dans le bus Inés (société privée faisant son beurre entre la province et la capitale après avoir tué le train), les tourtereaux chinois franchirent le portique de détection sans déclencher l’alarme. 
Avec leurs deux masques dérobés, sans scrupule, à l’hôpital et les lunettes teintées, ils passèrent totalement inaperçus dans leur course débridée et purent au petit matin prendre un petit déjeuner copieux avant de se rendre à l’agence «Douce France » afin de préparer leur retour à Wuhan sans passer par le Mont Saint-Michel. Ils pressentaient en effet que l’air du pays dont il avait tant rêvé devenait franchement malsain. De la gare de l’est, il remontèrent les boulevards jusqu’à la rue Vivienne et le siège du voyagiste. Le rideau était baissé, Liang après avoir scruté deux fois sa montre, avisa un petit écriteau sur lequel il était spécifié : « Le comic 19 ayant contraint les compagnies aériennes à annuler leurs vols, sine die, notre agence n’est plus en mesure de prendre d’engagement auprès de son aimable clientèle. » 
« 所以我们到了 » lâcha-t-il laconique et dépité. Il le fut encore un peu plus lorsqu’en longeant la rue de Sèze, il aperçut en manchette du journal leurs deux portraits. « Deux chinois, suspecté d’avoir répandu le tromarranvirus en France, dans la nature ! » Sans rien dire, il tendit ses lunettes à Jiao, pressant le pas. Et rasèrent les murs... 
Comment les jeunes mariés de Wuhan rejoindront-ils leur Chine originelle ? Telle est l’angoissante question à laquelle nous aurons, peut-être un jour, une réponse...


Taux de réussite exceptionnel au bac 2020



Le retour 

de mon Béo

Dans les années 2010, mon excellent confrère
et désormais ami, opposait à mes chroniques quelques
annotations à l'encre rouge - celle que je comprends le mieux - mais pourtant plus ou moins agaçantes, suivant qu'elles valorisaient mon travail ou le démontaient. C'était un jeu un peu maso, même si c'était toujours fait avec talent, érudition et gentillesse, ce qui ne gâte rien.
Voici donc l'une de ces insondables fantaisies de nos nostalagies...


" Voici le 14 juillet. Date symbolique, emblématique de la Révolution française qui partage son grand R avec la Résistance que l'on a largement célébrée cette année. Oui mais lorsqu'on voit qui révère ces grands marqueurs de l'esprit d'indépendance, de courage et de fraternité, on ne peut s'empêcher d'exercer un mouvement de recul. Il ne faut jamais être munichois, pas de recul, plus un pas en arrière comme disait Staline, poète délicat, qui, par amour de l'alexandrin (12 pieds) ne pouvait accepter de pas de l'oie dans son vaste pays et fit en sorte de bouter les nazis hors de l'URSS   Macron qui célèbre la Révolution et la Résistance cela relève de l'incongruité non, c'est le contraire qui eût été non seulement incongru mais scandaleux donc inacceptable. En honorant l'une et l'autre il a respecté sa fonction et ses devoirs , comme s'il s'agissait d'un jeu de cynisme consommé et de provocation absolue, lorsqu'on mesure à quel point cet homme, le régime qu'il incarne sont entièrement aliénés au marché, au profit, à l'instar de tous ses prédécesseurs - de Gaulle excepté - que personne n'a songé à critiquer sur ce terrain-là à ce libéralisme grandement responsables de la destruction de la planète la planète n'a pas été détruite ce qui ne la met pas à l'abri des pires fléaux. Le plus dangereux d'entre eux étant l'abrutissement écologique auquel sont soumis les peuples du monde depuis une vingtaine d'années. Et derrière cette entreprise d'endoctrinement universel on trouve précisément  le grand, le très grand, capital.
14 juillet. Ils vont célébrer des héros. Militaires, médicaux, médiatiques. J'ai horreur des héros y aurait-il, dans tout héros, un lâche qui sommeille ? Cela le rendrait plus humain. C'est vrai que dans le lot proposé à l'admiration des masses pâmées, il faut faire le tri. En revanche, gardons toutes les héroïnes, le plus beau des substantifs. Je ne marcherai pas au pas. A vos pas. Que ça vous plaise ou pas j'ai passé l'essentiel de mon service militaire à claudiquer, par pur esprit de contradiction. Je connus ainsi, ô souffrance piaculaire ! les geôles des deux régiments. Idéaux et salubres séjours, au bout du compte indispensables à mon épanouissement métaphysique, mais je ne l'ai su qu'après…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire