22.- CIGALE M’ÉTAIT CONTÉE.- Il faut toujours disposer de tous les éléments avant de se prononcer. C'est le principe cardinal de l’enquête journalistique quoi que rarement appliqué, mais aussi et surtout de la justice, heureusement, mieux en cour….
Je ne suis pas encore revenu du Var et, quel qu’en soit le dénouement, mes oreilles devront observer une longue, très longue convalescence avant de redevenir opérationnelles. Un repos complet, un silence de mort, je tiens à en prévenir les petits gueuleurs et les pétoires insolentes qui s’immiscent imperceptiblement, sournoisement dans ma vie d'ascète et sur mes cimes aubraciennes. Ce silence dont tout être mentalement équilibré ou aspirant à y tendre, à l’entendre, devrait s'alimenter.
Je n’étais pas le dernier à critiquer, que dis-je à vilipender, ce pauvre type qui dans une commune du Gard ou de l’Hérault - enfin un endroit invivable ! - s’était rendu en mairie pour se renseigner et savoir où il serait possible de se procurer un produit radical destiné à se débarrasser des cigales. Vous vous souvenez de ça ? Les plus belliqueux demandaient la peau du « Parisien », les plus résignés préféraient en rire, de peur d’avoir un jour à en pleurer…
Mon indignation a pris fin cette semaine. Et s’il me lit - je ne vois absolument pas ce qui empêcherait ce génocideur de cicadidae (d’après wikipedia : insecte de l’ordre des hémiptères - sud ! -) - je tiens humblement, mais solennellement, à lui présenter mes excuses les plus stridentes.
Ce ne sont rien d’autre après examen, que d’horribles petites bestioles dédaigneuses mais fortes en gueule, envoyées sur les les bord de la Méditerranée par le démon en personne pour ronger le tympan des braves gens et vider le cerveau des autres. D’ailleurs, là aussi j'aurai été trop sévère envers les peuplades autochtones colonisant la « colline », du terrain le plus vaste à la plus minable restanque.
J’imaginais de bonne foi que cette insondable vacuité qui accable les varois dans leur ensemble était une tare endémique, provoquée par une faille géologique, une composition chimique complexe, voire indéterminée, comme le saturnisme qui frappe les riverains des salines de Maras au Pérou. Autant pour moi !
Après 35 ans à subir cette lente érosion de matière grise, il m’a fallu m’éloigner radicalement pour m’épargner un anéantissement total des neurones et saisir enfin la cause réelle de cette misère intellectuelle et culturelle : tout vient de ces cigales videuses de crânes… Ce chauvinisme accablant, cette morgue outrageuse, cette démarche en canard, ce verbe haut, incessant, inintéressant, cette absence de fidélité, d’honneur, de sincérité…, les grosses cylindrées ( 4 X 4, décapotables...) et cette passion pour l’Allemagne, la contagion de piscines, les scooters à trois roues… c’était la cigale !
Maintenant que le diagnostic est clairement posé, la grande question, je dirais la seule, consiste à savoir si la chose est récupérable. D’un tempérament pessimiste, je crains que même en passant un partenariat d’envergure avec Monsanto la situation ne soit, si ce n’est désespérée à tout le moins compromise. Car la bête à de la suite dans les idées. Cela fait plus de 240 millions d’années qu’elle sature l’atmosphère varoise. Sa représentation serait de plusieurs millions aussi rien que sur l’arc méditerranéen et tandis que leurs aînés nous mangent les oreilles sans indulgence, il y en a qui depuis sept ans, enfouies en larve sous terre, préparent leur émergence aux prochains étés. Une pulvérisation sans faille, radicale devrait être organisée dans chaque jardins et propriétés pour ceux qui en possèdent (avec une possibilité de crédit d’impôt - cela fonctionne toujours !-), le reste de l’espace étant pris en charge par les pouvoirs publics qui grâce au renfort des sapeurs-pompiers, hélicoptères et canadairs, traiteraient la forêt et les lieux public… Cela tombe d’ailleurs très bien car, depuis que les derniers pyromanes, dont on n’a pas assez salué l’héroïque combat contre la cigale, ont bizarrement disparus, nos soldats du feu, peinent à s’occuper chaque été !
L’écologie étant au cœur de tous les projets de société, l’économie demeurant l’obsession d’une population française obsédée par le pognon, je vois poindre une autre option. Il suffirait que Jean-Pierre Pernaud multiplie les reportages sur l’espèce, que Michel Cymes en glorifie les effets prodigieux sur la santé et la peau des femmes de cinquante ans, que Etchebeste (comme ses pieds) et Lignac proposent quelques recettes - ils appellent ça des tueries ! - pour que la cigale - à l'instar de sa collègue de mer, beaucoup plus discrète - devienne la cible de tous les chercheurs-ramasseurs. Outre les effets appréciables pour le cèpe et l’escargot qui pourraient enfin respirer, le génocide s’organiserait autour du profit et de la rentabilité. Cigalus - filière de Findus - finirait coté en bourse, grâce à son concept de paquet de cent insectes à frire sans préparation. Un bonheur pour les apéros au rosé et les dîner probiotique d’hiver. Cela sortirait, par le même effet d’aubaine, des milliers de personnes du chômage, devenant autoentrepreneurs spécialisés dans la capture, le conditionnement et la friture...
En résumé et en conclusion une éradication prochaine s’impose, sans quoi c’est la sous-espèce humaine méditerranéenne qui finira pas disparaître à mesure que l’organe central se rétrécira. Jusqu’à une dégénérescence hélas déjà bien avancée...
N.B. J’ignore à quel degré vous allez déguster ce cocktail de cigales. C’est bon brûlant en persillade, tiède façon aïoli. Je vous invite toutefois à considérer que si ce coin de France me semble pour de bon inhabitable, j’y compte un nombre considérable d’amis et pas mal d’amour dans le sens le plus pur qui se puisse imaginer.
avec mon Béo
Voici une nouvelle rubrique assez particulière où je vous propose de relire un texte récent - terrible épreuve - heureusement raturée et rehaussée par la plume rubiconde, rubescente, parfois même flamboyante de mon Béo.
18.- LA FAILLITE DES PROFESSIONNELS DU RIRE - (16e épisode, suite du 9 juillet) - Après la Chine dont l’épidémie a probablement emporté des millions de malheureux drilles, l’Europe est à son tour totalement submergée par cette vague de rires intempestifs autant que tempétueux. En France - où l’on a beaucoup à se protéger tant on aime naturellement rigoler de tout et de l’autre - la réalité est plus rudement acceptée qu’ailleurs.
Même ceux qui n’étaient pas infectés par le tromarranvirus se pliaient en quatre devant leur téloche chaque fois qu’apparaissaient le chef d’escadrille - le président Norcam – et ses comiques toupets : Narev, Renatsac, Monsallo et j’en passe. Seule mme Nyzub, ayant pris la mesure et la crainte du ridicule, s’était portée volontaire pour aller se faire laminer aux élections municipales parisiennes. Finalement, elle n'aura pas manqué d'un certain courage ! Sois tu fais semblant, soit tu ne réalises pas la voracité féroce de cette garde macronienne -heureusement - en déroute ! Mieux vaut, à tout prendre, une grosse honte qu’un génocide sur la conscience.
Mais les autres, toute cette bande d’ahuris aux grands airs pontifiants, poursuivaient leur festival de bourdes, lequel remplaçait avantageusement celui d’Avignon où la création théâtrale ne fait que rarement de victimes, car l’ennui ne tue que très, très lentement par définition On ne compte plus les désespérés théâtreux qui se sont jetés dans le Rhône après un four humiliant. Nyzub aurait dû leur expliquer que, dans l'adversité tous azimuts, ce qui compte, c'est l'estomac. Du coup tous les "bobos" habituellement habitués des pièces labyrinthiques, un coup de fil d'Ariane et l'on s'y retrouve aisément incompréhensibles du Palais des papes et des restaurants de Vaison-la-Romaine au plus mauvais rapport qualité-prix du continent et très probablement de l’univers, se concentraient dans leurs lofts parisiens et pavillons des Yvelines. Les Guignols et les Deschiens ayant été, quelques années auparavant, anéantis par le Bollorétrovirus, ils se rabattaient tous sur les infos et notamment cette série illimitée et en prime time. au prime time d'aucuns préfèrent le primesautier : j'en suis !
L’évidence finit par s’imposer, le port du masque devenait incontournable. Ainsi fut-il rendu obligatoire à tous les foyers d’en produire en quantité suffisante pour toute la famille et en attendant que les usines, jusque-là vouées à la fabrication de choses parfaitement inutiles - des cigales de céramique en Provence, des vierges sous la neige en Bigorre, des confettis à Nice, des confiseries à Cambrai, etc. trop rapide inventaire de notre éblouissant patrimoine historique !- deviennent suffisamment productives.
Toutes ne réussirent pas la reconversion avec la même imagination réactives de la Manufacture des étangs de la Brienne qui, après s’être spécialisée dans les farces et attrapes - ce qui lui donnait une longueur d’avance sur la concurrence -, confectionna un masque extrêmement efficace, étanche autant qu’étrange en forme de tête de carpe. on en connaît qui préfèrent le "carpe diem" Ce poisson étant, il est vrai, très familier de l’étang où les restaurateurs locaux le présentaient sous ses différents atours gastronomiques, tantôt farci, en fricassé ou en carpaccio horreur gastronomique comparable à l'omble chevalier ! Ce fut un déferlement national d’autant que la grande distribution s’en empara. Il résistait à l’eau forcément et pouvait être réutilisé autant que nécessaire. 30 euros à l’achat neuf cela paraissait un peu exagéré malgré son look, mais sa longévité exceptionnelle autant que le brillant de ses écailles en fit la star du marché, d’autant qu’une offre de trois masques à cinquante euros fit un malheur. Et la MEB, deux mois après, entrait au CAC 40 où sa cote progressa de 112 % dès la première semaine. Notre Jaco va finir chroniqueur aux Echos !
Ainsi l’expression « rire sous carpe » devint extrêmement populaire, même si beaucoup se masquèrent afin d’éviter justement d’esquisser ne serait-ce que le moindre rictus. Plusieurs comiques – acteurs, réalisateurs, producteurs – s’associèrent afin d’organiser une souscription sous le hashtag #pasmarrandutout. En effet, tandis que les salles de cinémas et spectacles divers fermaient les unes après les autres, plus personne ne regardait non plus de film ou d’émission à vocation comique de peur de se mettre à rigoler. Certes le rire en lui même n’était pas contagieux – surtout depuis la mort de Raymond Devos – mais les gens ne voulaient surtout pas s’effrayer puisque le seul fait de s’esclaffer constituait un symptôme inquiétant. même par chez nous (pays toulonnais) où le rire est le propre des mouettes
On peut d’ailleurs reconnaître cela au gouvernement et notamment à son président. Ils furent tellement pathétiques et antipathiques, qu’à force, plus personne n’éprouvait le goût de rire. En sorte que ceux qui s’y laissaient aller rejoignaient aussitôt les urgences. Ces urgences dont venait de s’échapper Jiao et Liang, qui profitèrent d’une légère inattention du personnel du centre hospitalier de Mulhouse, qui fêtait le départ du sous-directeur, pour prendre la direction de Paris. Par chance lorsqu’il fallut embarquer dans le bus Inés attention ! C'est un prénom de reine morte (Cf. Montherlant) (société privée faisant son beurre entre la province et la capitale après avoir tué le train), les tourtereaux chinois franchirent le portique de détection sans déclencher l’alarme.
Avec leurs deux masques dérobés, sans scrupule, à l’hôpital et les lunettes teintées, ils passèrent totalement inaperçus dans leur course débridée et purent au petit matin prendre un petit déjeuner copieux avant de se rendre à l’agence «Douce France » afin de préparer leur retour à Wuhan sans passer par le Mont Saint-Michel. Ils pressentaient en effet que l’air du pays dont il avait tant rêvé devenait franchement malsain. De la gare de l’est, il remontèrent les boulevards jusqu’à la rue Vivienne de la gare de l'est à la rue Vivienne, il vaut mieux descendre sinon l'on se retrouve au bassin de La Villette où doivent frétiller pas mal de carpes et le siège du voyagiste. Le rideau était baissé, Liang après avoir scruté deux fois sa montre, avisa un petit écriteau sur lequel il était spécifié : « Le comic 19 ayant contraint les compagnies aériennes à annuler leurs vols, sine die, notre agence n’est plus en mesure de prendre d’engagement auprès de son aimable clientèle. »
« 所以我们到了 » lâcha-t-il laconique et dépité Jaco, un pareil juron c'est un coup à se retrouver empalé sur les grilles du palais du gouvernement pékinois ! Il le fut encore un peu plus lorsqu’en longeant la rue de Sèze, il aperçut en manchette du journal leurs deux portraits. « Deux chinois, suspectés d’avoir répandu le tromarranvirus en France, dans la nature ! » Sans rien dire, il tendit ses lunettes à Jiao, pressant le pas. Et rasèrent les murs... en ignorant les tags, décoratifs idéogrammes que notre jeunesse ardente, poétique et généreuse, y sème
Comment les jeunes mariés de Wuhan rejoindront-ils leur Chine originelle ? Telle est l’angoissante question à laquelle nous aurons, peut-être un jour, une réponse... Un feuilleton à la Eugène Tsu-en-laï !
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