13.- LIRE BÉO C'EST POUR MOI COMME MANGER BIO - Voici le 14 juillet. Date symbolique, emblématique de la Révolution française qui partage son grand R avec la Résistance que l'on a largement célébrée cette année. Oui mais lorsqu'on voit qui révère ces grands marqueurs de l'esprit d'indépendance, de courage et de fraternité, on ne peut s'empêcher d'exercer un mouvement de recul. Macron qui célèbre la Révolution et la Résistance cela relève de l'incongruité, comme s'il s'agissait d'un jeu de cynisme consommé et de provocation absolue, lorsqu'on mesure à quel point cet homme, le régime qu'il incarne sont entièrement aliénés au marché, au profit, à ce libéralisme grandement responsables de la destruction de la planète.
14 juillet. Ils vont célébrer des héros. Militaires, médicaux, médiatiques. J'ai horreur des héros. Je ne marcherai pas au pas. A vos pas. Que ça vous plaise ou pas.
Je préfère vous parler de mon Béo. Il y a une dizaine d'année, je lançais l'ancêtre de ce blog, au bon vieux temps d'un resto épatant de Toulon qui s'appelait Aubrac-sur-mer. Loin de draguer le chaland, je le chassais parfois à grand coup de plombs dans les fesses. Surtout s'il n'en avait guère dans la cervelle. J'houspillais ceux qui préféraient les restaurants de bord de mer où le sable servi en supplément dans la salade revenait très cher, celles qui conduisaient de gros 4 X 4 allemands avec le pare-buffle pour laisser leurs enfants à l'école en franchissant les trottoirs, les superficiels et les super-ficelles qui me gâchaient la vie, l'idée que je m'en faisais dans l'étroit périmètre de ma cuisine et de la conscience.
D'un coup, un ancien collègue de Var Matin que j'avais à peine connu tant il était vieux (ou parti -trop- tôt en retraite je ne sais plus) se mit à amender mes chroniques. Amender sous-tends, les épicer, les relever, les élever. Et je m'en serais senti honoré si l'honneur avait eu le moindre rapport avec la question. Et cela fait bien longtemps que j'attends vainement qu'il me gratifie - derechef - de cet enrichissement - gratuit -, de cette lumière méritant parfois un grand L, tant elle révélait à la fois une grande élégance littéraire et une incroyable aisance culturelle.
Il n'y eut rien de cela, mais parfois un petit commentaire rapide à savourer aussi bien dans sa façon de vous tenir debout, que dans sa manière de vous prévenir d'un virage en épingle ou plus dangereux encore, de l'éventualité d'un dos d'âne. Alors comme il n'est pas question aujourd'hui de sanctifier des héros depuis la tribune présidentielle, voici un mot, un seul de Béo. Pour patienter.
PS : Va-t-en voir pourquoi, il ne m'adressait ses annotations qu'en rouge. Lorsqu'on sait que cette couleur effraie toujours autant de monde à Six-Fours, mais également quelle misère ! à La Seyne.
"Mon Jaco,
Philosopher sur la mort ou la vieillesse c'est toujours trahir une angoisse plus ou moins sourde. La seule vérité c'est que notre condamnation à mort de naissance est inadmissible : on trépasse mais ça ne passe pas. Et ça passe encore moins lorsqu'on voit mourir les autres, nos chers, nos si chers. Il y a dans notre inexorable destin une anomalie fondamentale que l'humanité, sans le dire ou en le revendiquant, s'efforce de résoudre. Au fond de lui, l'homme n'accepte pas cet envoi final ad patres. Il finira par gagner.
Ton Béo encore vivant et qui entend bien le rester"
"Mon cher Béo,
T'aurais-je semblé un seul instant, au détour d'un point d'exclamation, voire d'excessives suspensions, entrevoir chez moi une angoisse de la mort ? Oui mais alors sourde, très sourde. Sans nulle conscience tant la mienne m'indiffère, pourvu qu'elle ne me frappe pas avant que l'âge statistique moyen soit atteint. Dans le cas où l'appel serait malgré ce, devancé pour quelque bonne (?) raison que ce soit, il me serait agréable que cela se passe très vite et non pas en trois-mille cinq cents épisodes comme les Feux de l'amour et... Plus belle la vie !
Au vrai, je ne souhaite à personne de gagner la course contre la mort, il s'en repentirait pour l'éternité. Mais ce que je n'accepte pas - et je ne prétends ni être le seul, ni l'avoir inventé - c'est la déchéance physique et intellectuelle dont les affres frappent indistinctement et néanmoins abondamment toutes les générations, avec une nette prédilection pour tous ceux qui auraient tendance à abuser de l'hospitalité terrestre...
Pour le reste philosopher ne participe ni de ma religion, ni de mes aptitudes. Je témoigne, m'indigne, me fourvoie, à force, forcément et c'est déjà sûrement trop. Pourtant en me retournant, je me dis que si je ne commettais pas cette folie outrecuidante et par trop frappée d'inanité... qui le ferait ? .
Bises sans artifice de ton Jaco"
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