lundi 13 juillet 2020



12.- PETITS ENFANTS, GRANDES JOIES.- Le grand âge, la question de la vieillesse, celle que l'on subit ou que l'on accompagne , constituent les sujets auxquels nous demeurons les plus sensibles et réactifs. Je reçois chaque fois plus de courriels de compassion, d'échanges d'expériences, d'espérance, de désespoir. Nous n'avons ni les uns, ni les autres, besoin ou envie de nous plaindre et de nous laisser consoler. Je n'y trouve là qu'urbanité, humilité, humanité. C'est une sorte d'amicale de l'existence en péril et si ce n'est pas le premier objet, le résultat n'en demeure pas moins à mes yeux, réconfortant. 
On s'encourage fraternellement parce que l'on ne désespère pas entièrement de l'homme et que nous le voudrions meilleur. Et heureux. Jusqu'au bout ! Je fais partie des gens heureux, béni des cieux qui ont la chance de pouvoir noyer leur tristesse dans un enthousiasmant bain de jouvence. Après le papa en pleine déliquescence - à qui l'on offre amour, présence et assistance - voici les petits-enfants qui vous en mettent plein la vue d'enthousiasme, d'espièglerie, de tendresse, de spontanéité. Plein la vie. 
Ayant enchaîné les deux dans la même journée pour deux séquences familiales contrastées, j'en ai subi le choc émouvant, sans ménagement et toujours ce fond de culpabilité qui vous assaille lorsque d'un coup, il vous semble que c'est un peu trop de bonheur d'un coup. 
Certes nos enfants ont la chance, qu'ils ont tout de même distinctement cherché, d'être très proches - presque trop ! - fusionnels avec leurs "petits". Plus que nous ne l'étions avec eux. Il n'y avait que les "mamas" latines ou les matrones juives pour établir avec leur progéniture une relation si proche de l'inféodation. Ce n'était ni critiquable, ni admirable et si cela s'est progressivement répandu cela relève, plus qu'une mode, d'une tendance lourde. Les parents ayant quasiment tous fait le choix de la double activité - pour soutenir la consommation et le confort qui va avec ! -, la femme comme l'homme délaissent le foyer et s'en remettent donc aux systèmes scolaires et sociaux, aux assistantes maternelles pour assumer une part non négligeable de la tâche parentale qui devrait leur incomber. Ces enfants n'étant plus durant la journée la priorité du foyer, ils le redeviennent avec une intensité souvent nettement exagérée, lorsque la cellule se reconstitue pour de trop brefs instants. Voici un concentré de câlins, de mots doux, de cadeaux, de tout. Et les enfants en profitent du même coup pour repousser imperceptiblement leur ascendance morale sur l'autorité parentale. 
Notez bien qu'en quelques semaines je viens de constater à quel point certains grands-parents "modernes" exigeaient pareillement leur quota de bisous, de caresses et d'étreintes, de possession, transformant souvent leur petits-enfants en peluche, koala ou petit chien de préférence. Enfin chacun son truc, ! Nous, sans en faire ainsi, jouissons de ce privilège exceptionnel de recevoir les nôtres cinq jours en exclusivité, puis d'aller les raccompagner et les garder chez eux... pendant que les parents travaillent ! 
Vous savez, c'est dans un regard, encore innocent mais déjà lourd de sens, qui plonge tendrement dans le vôtre, dans la place que tient une petit main emplie de douceur perdue dans une vieille pogne, dans l'intonation d'un petit mot malin, dans la fraîcheur d'une cascade de rires spontanée, dans tout ce bien-être exprimé sans calcul ni malice, que vous mesurez l'immensité du bonheur que l'on vous renvoie comme en récompense ou en compensation de tout le reste. Et tant pis si c'est pour solde de tout compte ! 
Je sais à qui et pourquoi je le dis, lorsqu'on a connu cela, on a reçu plus que les autres. Le plus cruel serait qu'il faille partir en l'ayant oublié !

 


DANS UN TOUT AUTRE ORDRE D'IDEE




Fakir et Ruffin: opération infiltration

 PAR  ET 

Dans le premier épisode de sa série « Le Squale, opérations secrètes », Mediapart révèle que la présidence de LVMH a directement demandé à pouvoir « infiltrer » le journal indépendant Fakir afin de l’espionner en temps réel. L’opération a été pilotée par Bernard Squarcini, qui ne souhaite pas faire de commentaire. LVMH non plus.

Ils portent des T-shirts « I love Bernard » et font de l’agit prop’ festive contre LVMH. Autant dire, une insupportable provocation pour le président du leader mondial du luxe, le milliardaire Bernard Arnault.

François Ruffin, député de La France insoumise depuis 2017. © ReutersFrançois Ruffin, député de La France insoumise depuis 2017. © Reuters
En 2019, Mediapart avait révélé que le journal Fakir, dirigé par le futur député François Ruffin, avait été espionné par un cabinet de renseignements privés lié à LVMH. « Je n’ai aucune information à ce sujet », s’était contenté de répondre Bernard Arnault à la police.

Dans le premier épisode de sa série d’enquêtes multimédia « Le Squale, opérations secrètes », Mediapart est en mesure d’apporter la preuve que la présidence de LVMH a directement demandé, au printemps 2013, à pouvoir « infiltrer » le journal indépendant pour mieux l’espionner en temps réel et prévenir ses actions.

La requête a été formulée sans ambiguïté par le vice-président d’alors de LVMH, Pierre Godé, le bras droit de toujours de Bernard Arnault, décédé en février 2018. L’opération d’infiltration de Fakir et de François Ruffin a été pilotée de bout en bout par Bernard Squarcini, l’ancien chef des services secrets intérieurs sous Sarkozy.

L’ex-maître espion, reconverti dans le privé depuis sept ans, n’a par ailleurs pas hésité à mobiliser les services de renseignements ou la police pour essayer de contrer François Ruffin, qui sera l’auteur en 2015 du documentaire à succès sur Bernard Arnault, Merci Patron !

Bonne écoute.

© Mediapart

Enquête de Fabrice Arfi, avec Pascale Pascariello (audio) et Armel Baudet (vidéo)

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  • Ce qu’ils ont répondu (ou pas) à Mediapart :

— Contacté, Bernard Squarcini n’a souhaité faire aucun commentaire. Il a dit réserver ses explications à la justice.

— Sollicité, le groupe LVMH n’a souhaité faire aucun commentaire non plus.

— Contacté, le consultant en sécurité pour LVMH Jean-François Rosso a indiqué pour sa part ne pas être « au fait du dossier ».

— L’ex-directeur des Renseignements généraux de Paris, René Bailly, a fait savoir qu’il était dans ses attributions de veiller à l’ordre public, y compris à l’occasion d’assemblées générales de grandes entreprises. Il a précisé n’avoir livré aucune information confidentielle à Bernard Squarcini.

— L’ancien policier Hervé Seveno a affirmé pour sa part n’avoir jamais contracté directement avec LVMH. Son seul interlocuteur fut Bernard Squarcini. Il a ajouté : « Il faut se rappeler que les gens de Fakir pouvaient mener des actions violentes. Ils balançaient des chaises. »

Si vous avez des informations à nous communiquer, vous pouvez nous contacter à l’adresse enquete@mediapart.fr. Si vous souhaitez adresser des documents en passant par une plateforme hautement sécurisée, vous pouvez vous connecter au site frenchleaks.fr.

POUR LIRE LA VIDEO RENDEZ VOUS SUR LE SITE 

https://www.mediapart.fr/journal/france/120720/fakir-et-ruffin-operation-infiltration

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