samedi 4 juillet 2020




3.- Ô TEMPS, SUSPENDS TON VOL ... Bon je vous l'avais promis. Macronique, nique, nique est passée du statut de quotidienne à celui d'épisodique, avant qui sait (?) de devenir aléatoire, voire rarissime. Lassitude, manque de disponibilité, les deux qui se mêlent, me conduisent à ces restrictions drastiques. Qui ne seront pas dramatiques pour les quelques tordus qui avaient pris l'habitude, tous les matins, de tenter de déchiffrer ce que je pouvais bien avoir à leur conter. Si vous avez connaissance de suicide individuel, voir même collectif, de cluster en quelque sorte, merci de m'en faire part car mon penchant naturel à l'altruisme et l'humanisme me conduirait probablement à redonner de l'intensité à l'exercice.
Or donc j'ai enfin réussi à ma débarrasser de mes petits-enfants du nord et de leurs autres grands-parents qui nous les amenaient, me voici donc quelques heures, disponible... Très peu car voilà que sont en route d'autres amis, de bien longue date qui perdent la raison en s'éloignant du Var pour rejoindre la montagne aubracienne toute plate.
Mais bien sûr, vous aurez bien noté que je plaisante à grands traits, car l'accueil des petits-enfants pour tout être normalement constitué n'est en rien une corvée, une fatalité, ni même un devoir, c'est une chance, une joie, l'un des dernières grandes étapes de félicité dans l'existence humaine. Et ceux-là me font d'autant plus plaisir lorsqu'ils sont près de moi, qu'on me les a éloignés et qu'ils me manquent douloureusement. Quant à ceux qui nous les ont conduits, ce sont des gens sympathiques et complices dans notre grand-parentalité et je leur en suis infiniment gré. 
Voici donc désormais, se profilant à l'horizon de l'A75 nos plus anciens amis, ceux de plus de trente ans, mais pas à la "Balladurienne". Des vrais, des purs donc... car pour nous supporter (surtout ma femme) depuis si longtemps, il faut être exceptionnel !
Enfin toute blague mise à part, je jurerais que vous vous attendiez à ce que je reprenne la plume (ou le burin) pour évoquer notre nouveau premier ministre. De loin, j'ai d'abord cru qu'il s'agissait de Louis Aliot le maire de Perpignan. Si pour être réélu en "23", il avait dû le prendre, Macron l'aurait fait. Et s'il avait cru que son chien - probablement un berger-allemand - pouvait lui permettre de s'incruster cinq ans de plus, il l'aurait pareillement nommé. Non il est juste d'à-côté. De Prades, Jean Castex. J'avoue que je ne le connaissez pas plus que l'autre grande cheminée de Philippe, il y a trois ans...
Si vous voulez tout savoir, pas besoin de wikipédia, je vous donne l'info. Cet illustre inconnu est sorti de l'ENA (c'est pour faire plaisir aux gilets jaunes) et c'est un bon vieux militants des LR, ancien sous-directeur de cabinet de Sarkozy. On peut pas mieux dire et ça, c'est une dédicace spéciale de "Juju" pour l'aile gauche des marcheurs qui vont donc claudiquer encore un peu plus et tousser jusqu'à s'en étouffer. Mais où aller maintenant que l'on a trahi tout le monde à commencer par ses idées ?
Non, je ne vous parlerai pas du nouveau premier ministre. Il faut déjà que je retienne son nom ce qui me prendra du temps et que je me fasse à sa tête, c'est à dire que j'oublie Aliot ! Enfin
bonjour le monde d'après...
Non ce dont je voulais vous parler c'est de cet extraordinaire endroit qu'est l'Aubrac. Et par-dessus tout, son buron de Born. A quelques battements d'ailes d'alouettes ou de milans royaux, sur les pentes douces de
"ma" montagne vers Bonnecombe et le Signal de Mailhebiau. Rien d'autre (sinon un buron ami et concurrent) à 10 kilomètres. Un refuge, un îlot sur cet océan vert, variant du jaune au blanc suivant les saisons. Prenant le vent, absorbant les nuages, caressant la lune, célébrant le soleil. C'est l'été de l'Aubrac, c'est un sens que l'on donne à la vie, une puissance, loin, très loin des facilités que l'on concède sans conscience à l'envie.
Et ce jour d'été, enfin le samedi d'après pour ne pas tricher, entre cent et deux cents privilégiés célèbrent ces longues journées de plénitude dans le décor d'une beauté dépouillée à couper le souffle. Il doit tout de même y avoir quelque chose d'extranaturel à ressentir tant de vibration collectives mais en quantité limitée, lorsqu'on imagine que le reste de la civilisation passe à côté !
Il y a Patrick qui arrose les jambons de cochon, tournant patiemment devant un duo d'irascibles, puis les vaches convergent de nulle part vers un oasis panifié, tandis que l'aligot entame son parcours sur le fil planifié. Xavier et son regard circulaire sur tout ce qui pourrait clocher, attaque l'apéro des convives, Jean-Pierre prépare en cuisine l'explosion de saveur et Romain assure entre les deux, la continuité. Papy serait fier ! Jean-Pierre, Xavier et Romain ce sont les trois cousins, les enfants des trois frères Gilbert, Bernard et Daniel. Une troisième génération taillée dans le granit de l'Aubrac, et même le basalte pour un trio volcanique. Magnifique.
A la gauche de l'entrée du buron, François Boissonnade et Francis Cavaroc ont lancé la soirée musicale. Un régal. Inutile d'être grand fan d'accordéon pour apprécier, ni grand spécialiste pour comprendre que l'on a à faire ici, à des artistes. C'est doux, chaleureux, ou bien aigre et romantique, la nature semble avoir créé l'accordéon pour enjoliver, ennoblir l'Aubrac. Robert Bras l'ancien, garde le doigté, Didier Fabry, Alain Manhes ajoutent du contenu, Gilbert Bastide la note locale et Thierry Bonnefous, la virtuosité. On ne s'en lasse pas et il semble alors que l'on ne saura plus déguster une gentiane, trancher un peu de jambon sans l'harmonieuse chaleur des bourrées, marches et valses joyeuses.
Lorsque le feu rejoint les étoiles, que le bois crépite et les fumées acres et pourtant subtiles du hêtres, donnent une âme à la nuit, c'est le chanson du Mazuc qui ajoute a capella de la solennité à l'instant. Juché sur un talus surplombant le buron et le lac, Jean-Pierre redonne inlassablement de la voix :
" Amoun, amoun dins la montanha, Al mièg de cada pastural, Din l'èrba espessa e la ginçana, Trobaretz un trace d'ostal..."
Ô lac ! suspends ton vol...






VIDEO
" ENTRE CIEL ET LAC "
DECOUVREZ CET ENDROIT MAGIQUE EN PLEIN COEUR DU PLATEAU D'AUBRAC 

https://youtu.be/UHMC0Q5r1A8

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire