dimanche 5 juillet 2020




4.- LES REGLES DOULOUREUSES DU PERE COLATEUR - (quatorzième épisode – suite du 26 juin) - Dans le Bergame-Bâle, Liang compléta sa culture sportive en déchiffrant les hiéroglyphes du journal L’Equipe qu'il était parvenu à trouver en gare. Certes l'article consacré à ce match tenait en un quart de page tandis que l'exploit du PSG vainqueur de Barcelone barrait la "une" sur 8 colonnes, "Paris met l'Europe à ses pieds". Rien que ça ! Le correspond italien n'était pas mal dans son genre, jurant qu'entre la 24e et la 26e, Bergame et Séville avaient pratiqué du "très grand football". Le jeune chinois eut beau tenter de s'en souvenir, rien ne lui revint en mémoire de "très grand". C'était peut-être en pleine reprise par les supporters du vol du boulon…
Bien que probablement entièrement remis d'une légère affection de tromaranvirus, il rigolait spasmodiquement en se revoyant dans cet enfer et contre tous, ces minables qui venaient de le vacciner à jamais du football. Lorsque Jiao le retrouva, le soir de l'autre côté des grilles du monastère de Riquesheim, elle lui demanda s'il avait vu beaucoup de buts, il lui répondit : "aucun " ! 
“但是你告诉我足球是进球 ! ” objecta la jeune femme. Oui répliqua-t-il, je t'avais bien expliqué que le football consistait à marquer des buts, mais je n'ai pas eu de chance, il parait que Bergame et Séville feront un autre match et que là il y en aura beaucoup. Mais enfin Liang ne chercherait pas à aller en Espagne quinze jours plus tard pour vérifier ! 
- Bon où faut-il passer pour rentrer demanda t-il impatient de serrer la séminariste dans ses bras. Le minois attristé et confus, elle fit un petite signe négatif que Liang prit d'abord pour une taquinerie. 
- Ce n'est pas possible mon chéri ! Nous allons devoir entrer seul dans nos cellules à 19 heures. Et nous devrons fermer la lucarne et éteindre la lumière toute la nuit. Enfin jusqu'à 6 heures. Là, on se réunit dans la cour que tu vois derrière moi, seulement vêtus d'une robe de bure en toile de jute - que nous avons confectionné à la main avec la supérieure du couvent, la mère Guèse, le premier jour - et l'on chante le kyrie Alma Redemptoris Mater, debout les pieds dans la boue ... 
- Mais il n'a pas plu depuis plusieurs jours ma chérie... 
- Non, mais Ils arrosent copieusement. Ils laissent un arroseur en marche ce qui fait qu'au bout de deux heures nous sommes trempés. 
- Mais c'est horrible, scande le pauvre Liang d'indignation... 
- Puis nous allons nous sécher dans une salle où brûle un grand feu devant le quel on doit danser d'allégresse en jetant nos bras le plus haut possible afin de toucher le ciel et rendre grâce à Dieu. Nous avons droit à midi à un grand verre d'eau, un bout de pain dur et un cacher de bromure... 
- Viens ma chérie, je vais t'aider à franchir les grilles, tu ne peux rester ici plus longtemps... 
- Mais non, amour, ce n'est pas possible... 
- Bien sûr, regarde ce n'est pas si haut. Mets un pied là, l'autre ici et je t'aide à sauter... 
- Liang, ils ont gardé mon téléphone et mes papiers. Ils nous ont dits que c'était pour que l'on soit tranquilles et puis de toute façon.... 
Là, une cloche virulente se mit à s'agiter... 
- De toute façon reprit-elle il faut que je rentre car je dois entamer ma flagellation avec la gerbe d'orties que la la Mère Guèse aura déposé sur ma chaise, avant de me coucher pour surmonter la souffrance. C'est une séance expiatoire obligatoire. Et comme j'ai transgressé les lois de la Toute-puissance-divine édictée par le Père Colateur - qui veille au respect des règles monastiques - je vais devoir me fouetter vingt minutes au lieu de dix... Mais ce n'est pas grave mon amour, je suis si heureuse de t'avoir vu... 
Elle se retourna dans un sourire béat et marcha comme sur un fil vers sa petite prison, les mains jointes ! Liang eut beau crier, implorer, jurer qu'il allait tout casser, imperturbablement la jeune mariée poursuivit son chemin jusqu'à disparaître dans l'obscurité de son cachot où elle se roua à coup d'orties jusqu'à l'évanouissement... 
C'est ainsi que le pasteur Isé entra furieux dans la cellule de Jiao qui ne s'était pas présentée en tenue de pécheresse pour la répétition général du kyrie au soleil levant. Et là, on se demande bien qui aurait ri, puisque les Joyeux Chrétiens se produiraient en scène dans l'église devant la population de Riquesheim ? Isé trouva la jeune chinoise tremblante sur sa paillasse, couverte de cloques. Etait-elle enceinte ? Probablement pas car la plupart des boursouflures se situaient dans le dos, là où l'on ne porte que rarement son enfant, à part en Afrique, mais un peu plus grand. Bref, bien qu'ils en répugnent, les organisateurs des festivités chrétiennes se trouvèrent contraintes de s'en remettre aux médecins profanes, généralement mieux équipés en ces circonstances que les médecins de l'âme et autres exorcistes patentés.
L'interne de l'hôpital général de Mulhouse n'en revint pas ! Mais qu'avez-vous mangé pour contracter une telle allergie ? lui demanda t-il alors que les infirmières appliquaient des compresses désinfectantes et antibiotiques. Il s'étouffa d'étonnement lorsque la malheureuse Jiao lui confia : rien à part un verre d'eau depuis deux jours ! Le jeune toubib n'avait jamais entendu parler des Joyeux Chrétiens, contrairement à ces aînés qui avaient tous eu depuis 69, année eucharistique, diverses interventions, souvent rocambolesques et en tout cas improbables, à effectuer du côté du monastère de Riquesheim. Plusieurs hypoglycémies à des stades avancés, des traumatismes variés, jusqu'à la plaie spectaculaire d'une anglaise qui avait reçu une bouteille au visage. 
Jiao avait donc très mal supporté la pénitence aux orties fraîches associée à l'absence de toute nourriture solide depuis deux jours. Désespérée elle se laissait aller et sans un traitement de choc, n'aurait peut-être jamais revu la Chine. Placée sous perfusion, choyée et soutenu par un Liang en colère noire, mais pour l'heure plein de prévenance, la belle refit surface assez vite. 
Lorsque le chef du service infectiologie vint la rencontrer, alors qu'elle attendait son autorisation de sortie, il ne put s'empêcher de réprimander le couple qui ne s'y attendait évidemment pas : " En consultant nos fichiers nous constatons que vous avez été diagnostiqués positifs au COMIC 19. Selon le docteur Luca Martin vous étiez encore hautement contagieux et vous ne semblez avoir respecté aucun des gestes barrières... En accord avec l'ARS 'grand est' et avis des experts de la cellule de crise, nous avons décidé de vous maintenir en isolement pour une semaine..." 
Liang protesta expliqua qu'il n'était pas question, car ils devaient encore visiter le Mont Saint-Michel et la cathédrale de Rouen, qu'ils devaient rentrer dans six jours et qu'ils avaient déjà pris beaucoup de retard....Sortant de ses prérogatives, le toubib objecta qu'avec le traitement infligé par les fous de dieu de Riquesheim, elle pourrait éventuellement prendre, au moins momentanément, ses distances avec le tout puissant. Ce que Liang, lui même en rupture de ban avec Bergame, ne sembla pas désavouer... 
Ce sera tout pour cette fois. Nous allons voir dans les prochains jours et semaines si ce couple au demeurant sympathique, suscite toujours l'intérêt d'un lectorat suffisamment large et motivé pour encourager un auteur certes badin et fécond, à poursuivre ce drôle de movie sur cette road de vie.


FIER DE MARSEILLE !

Femme, médecin, intelligente, écologiste, de gauche -vraiment-
Michèle Rubirola tourne une page douloureuse de vingt-cinq ans à Marseille. Comme à Bordeaux, Lyon, Strasbourg, Besançon... on souhaite à ces nouveaux et souvent jeunes maires ayant réalisé l'union de la gauche et des écologistes, de répondre aux espérance et de préparer un monde meilleur. Une société et une République plus saine, jute et démocratique.  

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