jeudi 18 juin 2020



17.- LE 18 JUIN AU-DESSUS DE TOUT - Chaque fois que l'anniversaire d'un événement majeur de la vie du Général de Gaulle tombe sur un dizaine, c'est une véritable aubaine pour le président en place. Son lointain successeur. Cela ne semble d'ailleurs pas possible, lorsqu'on pense à Sarkozy ou Macron, d'imaginer qu'ils occupent les mêmes fonctions que le "Grand Charles". Toutefois il faut bien admettre que c'est aussi un peu sa faute, puisque c'est à son retour aux affaires, en 1958, qu'il institua cette Ve République qui octroie à un seul homme, tous les pouvoirs. Et lorsque cela tombe entre les mains d'un dictateur ou d'un monarque dans l'âme, cela devient insoutenable. Sensation désagréablement amplifiée par Chirac qui ne trouva rien de mieux que d'adosser la présidentielle aux législatives, en sorte qu'au lieu d'entrevoir une cohabitation d'équilibrage au bout de deux ans, on dispose à l'assemblée d'une cour d'affidés, d'avides et fieffés coquins accompagnant l'imposture.
On dira ce qu'on voudra de Macron, mais il a à peu prés toutes les veines. Et je ne parle pas de cette pandémie avec laquelle il joue habilement pour juguler les contestations et s'aliéner un public de 27 millions de téléspectateurs alors que l'on pensait jusque-là que seuls Zidane et M'Papé pouvait attirer autant d'idiots devant leur écran ! Car non seulement il a aujourd'hui entre les mains le quatre-vingtième anniversaire du plus bel appel qui ait jamais été lancé, mais aussi les 130 ans de sa naissance à Lille et les 50 ans de sa disparition à Colombey. Je ne sais ce qu'il va nous inventer aujourd'hui, peut-être un discours (ça, il sait faire et cela fait au moins quatre jours qu'il n'a pas parlé dans le poste !), mais le 9 novembre prochain, vous pouvez compter sur lui pour en faire à profusion. Des croix de lorraine et des salamalecs…
Parfois cela étonne - pour certain ça détonne et même, cher Claude, ça déconne - que je sois resté fidèle à ce De Gaulle qui incarnait pourtant l'ordre - l'autorité même -, l'armée, une certaine forme de nationalisme aussi. Outre le mot lui-même de fidélité qui suffirait à me faire entendre de ceux, fort rares, qui en connaissent l'usage, il y a - je le réitère - dans l'attitude, l'engagement, la ténacité et l'humanité de cet homme, quelques chose qui le place au-dessus de tout et de tous. Y compris de Hugo, Jaurès, Robespierre et Voltaire, dont on sait pourtant combien ils pesèrent sur notre condition. 
J'ai eu la chance de ne jamais admirer quiconque jusqu'au fanatisme et de ne point jalouser qui se soit, néanmoins si je devais rêver d'avoir était quelqu'un, ce serait sans doute André Malraux. Moins drogué, moins ivrogne, moins salaud, mais dont le gaullisme est une épopée, un souffle antique, un roman. Si j'avance ici la pièce maîtresse Malraux, c'est pour mieux justifier qu'un sympathisant anti-libéral puisse trouver dans le dessein gaulliste quelques traits communs et même... communistes. Car on ne sait rien de Malraux si l'on ignore son engagement à leurs côtés et que l'on refuse l'idée qu'il en soit resté secrètement proche ! Allez, restez calmes, mais il y a dans les rangs de la vraie gauche (que l'on qualifie va-t-en voir de quel droit (?) d'extrême) plus de gens inspirés du gaullisme, que chez Macron. D'ailleurs ceux là n'existent pas ! Tout simplement parce que dans cette conception de la société, de l'économie et de l'équilibre du monde, il n'y a rien de semblable entre le grand homme et le petit opportuniste. Et c'est bien pour cela que l'inconcevable - son élection - fut possible, car cette France de la mesquinerie, du petit confort, du compte épargne, de la croissance, de la consommation, du voyage en avion, de la piscine à marmots, de la bagnole allemande, de le peur du virus, de la peur de l'étranger, de la peur de ne pas avoir assez, de la peur du voisin (peut-être un arabe ou un communiste) se situe à l'exact opposé du "non" du 18 juin et de ce que fut l'élan, la grandeur, la pensée du général de Gaulle. 
Et je ne crois pas que ceux qui se réclament encore de Mitterrand, sans même évoquer la bande à Le Pen - qui l'ose pourtant, mais c'est bien à cela qu'on la reconnaît - puissent se prévaloir ni de prés, ni de loin, d'un homme qui n'a jamais transigé ni sur la grandeur dont il avait la stature, ni sur l'intégrité dont il était la figure. 



Claude Rousset : des Hermeaux à Marseille


Je vous joins aujourd'hui les souvenirs de Claude Rousset, un ami de la Maison Bastide à Nasbinals, que j'ai l'impression de connaître depuis toujours. Sans doute car nos sensibilités à fleur de peau, notre conscience politique autant que celle de la splendeur de l'Aubrac, nous valent de cheminer sur les derniers sentiers de la vie, les plus beaux, émouvants à défaut d'être les plus joyeux. Cet éminent professeur de géologie, chercheur et auteur de guides pédagogiques, va depuis toujours aussi, au coeur de la terre et de la pierre, à le recherche de l'humain.
Ayant une vingtaine d'années d'avance sur moi, je permets à Claude
d'avoir sur le Général de Gaulle un avis beaucoup plus nuancé car, je l'imagine, éclairé. Sans avoir participé à la Résistance puisqu'il venait de naître il en fut tout de même le témoin. Et je lui sais gré d'avoir bien voulu partager cela avec les habitués de Macronique.
Voici donc ses souvenirs personnels


" Il y a quelques années, les « autorités » se sont décidées à élever un petit mémorial au maquis de Bonnecombe  (Lozère-Aubrac), dans un virage en haut de côte de la petite route qui rejoint les Hermaux, et j’ai pu confronter mes souvenirs d’enfance avec les faits. Un prénom a attiré mon attention car je l’avais toujours retenu : Willy. C’était un des Sarrois que les nazis avaient fait employer aux aciéries de Saint Chély d’Apcher avec notamment un ancien député communiste au Reischtag. Des Résistants les ayant prévenus qu’ils risquaient des ennuis avec leurs compatriotes allemands, ils ont pris le maquis et se sont installés, en face du petit monument actuel, de l’autre côté de la vallée du ruisseau au joli nom : flour de rious, fleur des ruisseaux. Ils ont bâti une cabane dont j’ai vu les ruines après la libération, près d’une belle source, lo fouont dé l’esperbiau, en lisière de la forêt au pied du versant de Contocouillou.
Pour se ravitailler, ils venaient aux Hermaux où mes parents, soucieux de l’insécurité et de la pénurie alimentaire à Marseille, m’avaient confié à des cousins, paysans et épiciers : je n’ai manqué de rien ! Je me rappelle bien comment on les installait à la table familiale, sous les rouleaux de saucisses mises à sécher sur des claies en forme d’échelles étroites. Willy s’intéressait aux enfants, un cousin réfugié et moi, nous parlait, nous apprenait quelques mots d’Allemand – au cas où les occupants seraient venus. En fait, ils ne sont jamais montés au village, ils étaient au chef-lieu de canton, Saint Germain du Teil. J’avais aussi retenu leurs armes, des mitraillettes, différentes des fusils de chasse de nos hommes ! 

Le monument de Bonnecombe situé à 1300 mètres d'altitude en Aubrac.
Il a été érigé en mémoire des maquisards allemands du groupe Otto Khüne
qui se sont battus contre le fascisme et les nazis  

Quand la France a été libérée, je suis rentré à Marseille, en train mais en passant le Rhône à pied, entre Beaucaire et Tarascon, sur un pont de bateaux, avec ma petite valise. 1944, c’était l’année de mes six ans. Ensuite, j’ai entendu parler de Résistance par des copains d’école. L’un deux avait pour père un dentiste communiste qui avait échappé au massacre à Signes (Var) de chefs de la Résistance régionale, piégés dans une réunion où il aurait dû figurer. Il avait été sauvé par l’accouchement de sa femme auquel il se devait d’assister ! En grandissant, j’ai appris des tas de choses sur les Résistants que nazis et vichyssois appelaient terroristes. Ceux comme Raymond Aubrac ou Lucien Molino, un chef de l’insurrection marseillaise, qui, la tâche qu’ils s’étaient assignée accomplie, étaient retournés à leur travail – et ceux qui, comme Gaston Defferre, s’étaient servis de ce passé comme tremplin pour une carrière politique fructueuse.

En ces jours proches du 18 Juin, je pense spécialement au Général de Gaulle et à ses ambiguïtés : chef reconnu de la Résistance contre l’occupant, ayant soutenu celle de l’intérieur après avoir privilégié le recours aux armées d’outre-mer mais aussi, ayant fait retour « en politique » en faisant participer ses partisans au coup de force d’Alger en 1958. J’ai encore en mémoire les messages codés, imités de ceux de la Résistance, qu’ils nous infligeaient à la radio pour affoler la population et rendre possible le retour providentiel du sauveur au pouvoir. La suite, on la connaît, c’est « Le coup d’État permanent », justement dénoncé par François Mitterrand… avant qu’il ne le pérennise. Je pense qu’il faudrait ré-insuffler l’esprit de la Résistance au bon peuple de France.
"



"Drôles" de nouvelles

  • " 80 ans après cette illustre journée du 18 juin, nous avons tenu à honorer celui qui prononça cet appel à la liberté qui exhorta le peuple abattu au sursaut ". Débarquant de force sur l'île de Sein où elle avait été prévenue qu'elle ne serait pas la bienvenue, Marine Le Pen a osé prononcer ces paroles d'appropriation. Un culot monstre lorsqu'on sait que la patronne du Rassemblement National est issue de la grande  famille de Vichy, de la collaboration et de l'anti-sémitisme criminel. L'extrême droite a de plus, combattu le Général de Gaulle, dont il ne partageait aucune idée, avec en point d'orgue l'indépendance de l'Algérie et la décolonisation. 
  

  • Alexia Laroche-Joubert est mise en avant dans certains médias qui annoncent que durant le confinement la productrice aurait eu quelques nouvelles idées. Au secours pas elle ! Car sous des aspects souriants, voire sympathique cette femme est démoniaque. Et le confinement c'est elle qui l'a inventé, bien avant "Juju"
    Avec Loft Story, La Star Academy ou encore Koh-Lanta elle a abîmé  plusieurs générations de gamins qui ne sont jamais parvenus à se reconstituer un cerveau en état de marche.  


  • Et lorsqu'on parle de détériorer les quelques neurones disponibles d'une trop grande partie de nos compatriotes, encore celle là ! Les gendarmes ont dû intervenir pour disperser la foule. La ruée dans un Lidl d'Orgeval (Yvelines), était provoquée par la vente à pris coûtant d'une console de jeu (PS4)  95 euros contre au moins 250 euros en temps normal. Le voici donc le monde d'après, où l'on constate qu'à Orgeval, comme hélas partout ailleurs, on a tout compris.
    Se battre pour consommer, c'est pas une belle philosophie du monde d'après, ça ?  

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