vendredi 8 mai 2020

Vert, blanc, jaune  : vive la nature préservée !





07 .- SALADE DE CRABE, CANETTE ET POMMES SARLADAISES - (6e épisode - suite du 30 avril). La rue de Rivoli évoque plus le luxe et la solennité que la gaudriole. Toute manifestation autre que feutrée, semble ici incongrue. Et devant l'Hôtel Louvre Impérial, frappé de ses 4 étoiles, Liang connut l'un de ces grands moments de solitude qui affectent ceux qui sont pris dans une cascade de contretemps et de contrariété. Il s'agissait là d'une situation improbable que l'on ne rencontre finalement que dans les cauchemars les plus fous et rares à la fois. Pourtant il s'estimait bien, trop bien éveillé au moment d'entrer dans ce lieu justement voué au sommeil, même si d'autres activités plus jouissives y sont intensément pratiquées. Ganté de blanc, calot grenat bien ajusté par une jugulaire, souple et dynamique dans son uniforme bien coupé, le groom saisit leurs bagages tout en hélant le lifteur qui vint en renfort pour saisir le reste de l'attirail. Une telle disponibilité rapide et même zélée, soulagea le jeune époux qui mesura à quel point le prix élevé demandé par l'agence de voyage de Wuhan n'en était pas moins justifié. Il lui fallut toutefois lâcher deux billets de vingt et se dit qu'à ce train, le budget initial exploserait sans tarder. 

Ce n'était hélas pas l'objet premier de ses préoccupations. Car Jiao n'en finissait pas de s'esclaffer arrosant de postillons ceux qui s'en approchaient. La relative accalmie, l'espoir d'un retour à la normale qu'avait savouré Liang de brefs instants sur la fin du parcours en taxi, furent anéantis dès que la jeune femme retrouva l'air tonifiant des bords de Seine tout proches. Un nouveau torrent d'hilarité sonore et bondissant remit son compagnon en tourment. C'était maintenant dans les regards parfois amusés ou interloqués, mais souvent aussi réprobateurs, qu'il éprouvait le plus grand inconfort. D'autant que la plupart estimait que la pauvre fille était totalement ivre. Ou drogué, ce qui n’arrangeait pas forcément leur image. Qu'y pouvait-il faire ? L'idée de demander l'assistance d'un médecin lui vint alors à l'esprit. Il la réprima aussitôt, car il ne parvenait pas à établir un lien rationnel entre une quelconque pathologie et ses rires 
La Chine face à l'invasion nippone 

compulsifs. 
Lorsqu'il était étudiant, il se souvenait de cet épisode de la guerre sino-japonnaise, lorsque pour mener à bien son invasion de la Mandchourie en 1932, alors que les combats parfois à main nue aboutissaient souvent sur une neutralisation des forces, les envahisseurs nippons revinrent armées de vaporisateurs pour sulfater les combattants chinois. Aussitôt respiré ce protoxyde d'azote, ils abandonnaient leurs lances et leur défense agressive pour se rouler par terre à grands éclats de rire. Mais Liang se souvenait aussitôt que les soldats de l'empire du milieu finissaient par s'endormir. Ce qui était loin du chemin prix par sa femme, bien trop éveillée d'ailleurs à son estime. Et puis où aurait-elle bien pu ingérer ce gaz hilarant alors qu'ils ne s'étaient pas quittés. Cela durait depuis la fin du vol et s'il y avait eu à respirer on ne sait quel produit frelaté, c'est tout l'avion qui se serait gondolé. Non sans une certaine dangerosité d'ailleurs si l'épidémie avait gagné le cockpit. 
Dans l'ascenseur, le visage du jeune lifteur, sur laquelle Jiao avait posé une main familière, s'apparentait de très près à la teinte cramoisie de son costume d'apparat. Sans doute avait-il un vingtaine d'année, mais n'en paraissait pas plus de quinze. Il restait bouche bée, incapable de donner un sens à la scène mais se disant malgré tout qu'elle était drôlement bien gaulée la chintok et qu'elle l'avait un peu paluché et qu'il aurait bien poursuivi la montée de l'ascenseur voire même bien plus haut. Mais le type qui était avec, était bien sympa, même que c'est pas tous les jours que le second portier palpe 20 euros pour quatre bagages au sixième. Bref si le couple traversait une épreuve pour le moins étrangement inconfortable, le gamin du service n'avait pas perdu sa soirée.
Liang qui put enfin se soulager du poids de son épouse, qui ne dépassait pas les cinquante kilos, mais cette légèreté pouvait finir par peser lorsqu'elle se laissait totalement aller. Il l'amena ensuite faire pipi, mais lui interdit dorénavant de boire autre chose qu'une petite gorgée d'eau, afin que cette embarrassante miction soit menée à terme. 
Patiemment, il s'efforça d'engager une conversation sensée à défaut d'être sérieuse avec sa dulcinée. Ravalant ses rires en même temps que sa salive, elle s'efforçait de le rassurer, de l'embrasser et peut-être bien aussi de l'entraîner dans quelques galipettes joyeuses. Mais Liang n'y pensa même pas, il s'en savait pour l'heure bien incapable. Il se faisait tard, ils étaient fatigués. 
Et plutôt que de partager une première douce soirée en amoureux dans une brasserie chic que l'agence leur avait réservé non loin du Marais, jouissant ainsi des premiers éclats d'une voyage d'exception dans leur pays de prédilection, il fit monter deux plateaux repas. Elle ne toucha évidemment pas au sien. Car après une succession de soubresauts, de gloussements et parfois de miaulements entrecoupés toujours de quelques éclats de rire affolants, elle s'enfonça plus sagement dans un long sommeil réparateur. 
Lui, trouva cela bien dommage car le repas, pour une cuisine d'hôtel, était remarquable. Nulle comparaison avec un semblable établissement de Chine où une soupe claire et quelques morceaux de porc en sauce sur un puits de riz auraient fait l'affaire. Salade de crabe des neiges, avocat, cœur de palmier et jeunes pousses d'oseille accompagnée d'une divine sauce cocktail pour commencer. Si frais, si goûteux, si bien d'ailleurs qu'il ne put s'empêcher d'aller entreprendre celle dont Jiao aurait dû se régaler. Il jeta un œil coupable vers elle, mais souriant aux anges, elle semblait approuver son audacieuse gourmandise. Lorsqu'il souleva la lourde cloche qui recouvrait la belle assiette voisine, toutes les saveurs du terroir hexagonal envahirent les sens du jeune homme pour qui ce somptueux menu prenait l'allure d'une juste réparation. Il s'agissait d'une cuisse complète de canette confite dont la subtilité du fumet, le disputait à l'esthétique d'une chair ferme mais onctueuse aux reflets harmonieusement parme. Et sa sauce courte aux cèpes.  Des pommes sarladaises craquantes et goûteuses complétaient le tableau. La demi bouteille de Cabardés - le gérant de ce bel établissement étaient natif de Carcassonne et si son accent détonnait dans ce décor, tel n'était pas le cas de son vin - glissait avec volupté, accompagnant quelques fraises gariguettes ne dérogeant pas à la tenue globale de la prestation. 
Et c'est ainsi qu'un sourire éclaira également la mine apaisée du jeune chinois se laissant corrompre par les arguments alléchants de l'art de vivre à la française. Avant que de rejoindre Jiao dans l'abandon moelleux et sécure d'un lit de deux mètres sur deux, Liang se mit même à rire aux éclats de satisfaction. 
C'est en se tenant la main que les tourtereaux d'Asie
Zhu Di de la dynastie Ming
longèrent les quais de Seine, le lendemain matin, avant de passer par l'agence référente qui suivait le dossier en France, où ils devaient récupérer leurs billets de train pour Mulhouse et Bergame. Liang fut très surpris d'apprendre que l'Italie n'était pas une région de France et qu'il devrait donc changer de pays pour assister à son match de football. Cela les fit d'ailleurs bien rire tout comme la visite du Louvre de l'après midi. Essuyant les observations, les remontrances et pour finir les foudres des visiteurs et des gardiens, ils finirent par être exfiltrés, à la demande du chef de salle, alors qu'ils se moquaient bruyamment du tableau représentant Zhu Di l'un des empereurs de la dynastie Ming... Se plaignant de brûlures dans la cage thoracique et de fièvre, ils purent consulter sur leur chemin un jeune carabin en mal de patientèle et dont la salle d'attente aux grands murs blancs relevés de bas-reliefs, habillée de meubles cossus, était pourtant déserte…
Si vous souhaitez connaître la suite, rendez-vous dans une semaine. Et si vous n'avez pas tout suivi, vous pouvez retrouver les cinq épisodes précédents en remontant les pages de ce blog...
                                   ______________
Et moi, je touche du Boy...


" Drôles " de nouvelles


  • Cérémonie du 8 mai très restreinte. On espère que le président y sera. Cela fait 24 heures qu'on ne l'a pas vu. Alors forcément, on s'inquiète !




  • Tensions entre Macron et son premier ministre. Edouard Philippe réplique : "Les Français s'en fichent ! " En est-il vraiment sûr ? En tout cas j'en connais un paquet que ça intéresse. Il y en a même que cela réjouit. Pat ces temps d'austérité, il en faut parfois très peu. 




  • Il faudra une nouvelle attestation pour franchir une zone de 100 kilomètres. Reste à savoir si 100 km dans le désert ne seraient pas moins dangereux que 20 dans une zone surpeuplée ? Mais le gouvernement a voulu rendre les choses claires. Et c'est vrai que la clarté, c'est vraiment leur truc..



  • Les églises vont ouvrir mais pas les plages. Il va y avoir du monde cet été autour des bénitiers...



  • Les soignants des EHPAD toucheront un prime exceptionnelle allant de 1500 euros pour les zones le plus touchées par le virus à 1000 euros pour les autres. Lissé sur une carrière cela représente une  moyenne de moins de 3 € par mois. On aurait pu aussi leur suggérer de faire la manche, ce serait bien plus lucratif...


Marceau refait l'info avec Galinette

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire