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Avec un tel épouvantail, peu de risque que les oiseaux osent venir bouffer nos graines ! |
21.- DEJA PLUSIEURS MORTS DE RIRE DANS LE HUBEI (huitième épisode – suite du 14 mai) - Effectivement Jiao et Liang, depuis qu'ils avaient quitté Wuhan, ce qui après tout ne remontait pas à plus de 48 heures, même s'ils avaient l'impression d'avoir fait le tour d'Europe et vécu mille aventures, n'avaient allumé ni télévision, ni tablette, ni portable et pas d'avantage ouvert le moindre quotidien. Sans doute n'en aurait-il pas appris davantage, tant ce qu'allait leur révéler le docteur Rabin, demeurait en France, sinon confidentiel, tout au moins largement ignoré. Bientôt Jiao, plus accro aux médias et à l'info que son mari, ne tarderait pas à utiliser la clé d'accès à la version numérique du Wuhan Post, mais pour l'heure elle riait encore plus ou moins sous cape.
Lucas Rabin ayant reçu de Chine et particulièrement de la capitale de l'Hubei (la prononciation est identique à celle de la vallée sud-alpine, mais l'air y est un tantinet plus vicié) des nouvelles alarmantes à propos d'un virus virulent touchant le système nerveux. Il aborda donc le sujet avec une infinie prudence. Toutefois, se lavant hystériquement les mains et se protégeant d'un de ces masques qu'il avait racheté après la grippe H1N1 qui avait apeuré la France avant de faire pschitt selon l'expression du président de l'époque. Il en avait commandé dix mille, car le ministre de la santé qui suivit voulut à tout prix débarrasser les sous-sols de l'avenue Duquesnes où Églantine Tolehcab en avait fait stocker vingt-quatre millions provocant aussi de sacrés crises de rigolade.
- Nous n'avons que peu d'éléments fiables quant à son origine, son processus de dissémination, quant aux soins pour en venir à bout, forcément rien puisqu'on en connaît à peine les causes et les effets. Vous êtes en sorte des pionniers. Dans les formes sévères on rapporte, notamment parmi les boutiquiers du Huanan market que vous connaissez peut-être, des crises de rire d'une telle violence quelles peuvent aller jusqu'à à des arrachements osseux du maxillaire, des déchirures de zygomatiques et des pertes de dents. Je viens de lire qu'une dizaine de personnes étaient décédées. Car le rire étant irrépressible, il ne s'arrête que dans la perte de connaissance, le coma et la mort soit par arrêt cardiaque, soit par étouffement.
Liang en resta hébété, tandis que Jiao en pleurait, mais de rire. Réalisant le trouble provoqué par ce pronostic, le toubib lui même assez désemparé, entama au grand soulagement des trois, un certain rétropédalage.
- Mais la forme de l'affection me semble dans votre cas, si ce n'est asymptomatique - surtout chez madame tout de même ! - au moins relativement légère.
Profitant de ces premiers propos moins déprimants, Liang s’efforça d'encourager le praticien à persister sur la voie de l'optimisme. Ils avaient récupéré leurs deux billets pour Mulhouse et Bergame et n'envisageait autrement leur voyage de noce que de le mener à bien et au bout. En face, réellement, Lucas Rabin se trouvait bien démuni et avait beau tourner son Vidal - qui comme vous le savez constitue la bible de la médecine, mais aussi et cela se sait moins, de la menuiserie et de la plomberie - dans tous les sens, il ne voyait pas comment il allait s'en dépatouiller. Puis un éclair le parcourut. Il avait rencontré lors de son stage à la Sun Yat-Sen University de Guangzhou un savant de Marseille, complètement déjanté qui était parvenu à convaincre son homologue asiatique - pourtant pointilleux - de l'efficience de la chloroquine. Et le professeur Tluoar d'insister sur la nécessité d'une bi-thérapie, antipaludique et antibiotique. Prenant son attitude la plus docte, il prescrit aux joyeux tourtereaux un cachet de plaquenil, associé à une gélule de azithromycine.
- Voilà si les troubles venaient à s'accentuer, n'hésitez pas à vous rendre aux urgences. cela fera cinquante euros.
Le jeune couple descendit les marches de l'immeuble curieusement rasséréné. Mais Liang s'aperçut qu'il avait oublié un détail qui le taraudait néanmoins. Il dit à Jiao qui allait décidément mieux : attends moi là... Il remonta à fond de peur que Rabin ait déjà disparu. Il entra sans frapper comme l'écriteau le stipulait à l'entrée et surpris le toubib au téléphone. Il aurait bien aimé alerter le ministère de la santé et le référent de l'organisation Mondiale de la Santé, mais 19 heures venaient de sonner et nous étions un vendredi, veille de grands départs.
- 请问医生,这种疾病叫什么?
- 简而言之,这是令人发指的病毒
Ah ! excusez-moi si vous n'avez pas d'inclinaison mandarine. Liang demanda :
- Mais au fait comment s'appelle cette maladie ?
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Le tromaranvirus. Le fameux COMIC 19 |
- Oui, vous faites bien de poser la question ! C'est le tromaranvirus. En raccourci, c'est le Comic 19...
La deuxième nuit parisienne, sans être aussi câline que celle de Chine, fut tout de même bien douce, car d'où que l'on vienne, l'on a deux amours : son pays et Paris !
Et c'en est déjà terminé du huitième épisode. Comment je n'ai pas forcé ? Vous êtes drôles vous ! On sait - enfin, on croit savoir - ce qui s'est passé sur ce vol 247-812 de China Airlines, lorsque Jiao se mit à rire au point d'en faire pipi. Et en dévoilant si tôt l'intrigue, je mets en péril la solidité et la persistance du scénario.
Alors certes, j'aurais bien voulu vous emmener dans le train vers Mulhouse où se réunissent dans trois jours et pour le trentième anniversaire de leur association, les Chrétiens joyeux. Liang de son côté prendrait une correspondance vers Bergame pour assister à un match de Coupe d'Europe. Las une grève inopinée - quoi que toujours un peu prévue, comme dirait mon beau frère au café du Commerce ! - obligea nos deux petits Chinois à prolonger leur séjour "aller" à Paris. L'agence de voyage se débrouillerait pour dégoter un solution rapide et confortable... vendredi prochain !
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