30 .- L'ETRANGE FOU RIRE DE JIAO - Finalement Mme Cian s'est bel et bien faite pincer. L'un de ses subalternes, l'ignoble M. Phuang, ayant observé sans moufter que les animaux en cage n'étaient plus les mêmes avaient mené sa propre enquête jusqu'à découvrir la forfaiture. Mme Cian, presque septuagénaire était une belle femme droite, svelte, élégante. Mais elle était raide avec ses collaborateurs et Phuang qui n'était pas un aigle, subissait parfois ses foudres humiliantes. Vieux garçon, pas repoussant mais quand même vieux garçon, il avait aussi tenté de charmer la virologue qui ne s'en laissait jamais conter. Moins encore dans son laboratoire. Ah ! elle se la jouait grande professionnelle, intransigeante, la mère Cian, infaillible pour ainsi dire, et bien elle allait voir ce que c'est que de mépriser l'honorable M. Phuang. Elle serait moins fière lorsqu'elle entrerait à Shayang avec les bracelets.
La grande prison de la province du Hubei est réputée pour l'extrême discipline qui s'y impose et les condamnés ou prévenus de haut rang n'y jouissent d'aucune clémence, bien au contraire. En moins d'un mois elle fut confondue, grâce au témoignage circonstancié du collaborateur éconduit. Il fit un récit à ce point fiable et irréfutable qu'on l'aurait pu croire dans le laboratoire au moment des faits. Ce fut presque le cas, ou tout comme, car dans la panique, la pauvre Cian avait totalement négligé la présence de la caméra de surveillance. Tout fut donc étayé, vérifié et il n'est pas jusqu'à la longue pérégrination des fugitifs qu'il ait expliqué aux policiers, comme s'il avait placé une puce sous les écailles du pangolin. Qui en est d'ailleurs truffé, de puces, mais celles-là, porteuses éventuellement de maladies, ne sont en aucun cas reliées au moindre satellite. Pourtant elle n'ira pas, Cian aux geôles de Shayang, car Ping, son vieux compagnon, vice champion du monde de tennis de table en double avec le non moins fameux Pong (c'est juste pour vérifier que vous suivez !) avait le bras drôlement long - contrairement à la moyenne de la population qui a souvent les manches qui recouvrent une partie des mains -. Premier vainqueur du pongiste américain McRohn dans les années soixante-dix, il figurait au Panthéon des sportifs du peuple ayant offert à la Chine son rayonnement mondial. A l'instar de tous les champions, Mao en fit aussitôt l'une des pièces maîtresses du Parti, que cela les agréait ou pas du reste. Vivant chichement dans l'ombre de sa tête chercheuse, Ping avait servi d'icône à une marque de table avec un petit filet au milieu et n'avait jamais cherché à tirer avantage de son statut. Bien noté, à jour de cotisation, sa requête pourtant délicate, fut accueillie sans l'once d'un reproche, pas même d'une objection et, après une garde à vue de quelques heures, Mme Cian put regagner ses pénates, l'affaire étant promptement classés sans suite. Quant au trop malin Phuang, il fut invité à faire valoir ses droits à la retraite. N'ayant pas tous ces trimestres - ni la carte du parti -, il ne toucherait pour le restant de ses jours que le minimum. Et le privilège néanmoins de méditer à satiété et la fois sur l'inanité de l'intangible et la fatalité du rationnel.
Bien loin de là en France, les premiers échos d'un mal mystérieux qui se propagerait dans la région de Wuhan en Chine, atteignent l'Élysée. Monsieur le Président, je vous passe le Directeur général de la santé. Ah ! qu'est-ce qu'il veut encore celui-là, il court toujours après sa rosette. Y peut pas voir ça directement avec la Nyzub !
- Oui Rossignol, comment ça va mon vieux. Je pense à vous pour le 14 juillet, n'ayez... Ah c'est pas pour ça ! Comment, un virus ? En Chine ? Des masques ? Mais calmez-vous Rossignol, calmez-vous, c'est loin la Chine. Bon, c'est tout ? Allez vous l'aurez votre médaille, soyez tranquille, allez...
Ha, ha, ha, hi, hi, hi, ha, ha... Finalement il avait bien fait de le prendre Rossignol, le Président Norcam... Lui qui était stressé par les sondages, Grivoix et sa maman qui le dorlotait de trop, il venait de s'offrir, comme qui dirait une récréation : des masques, rigolait-il encore de bon cœur et pourquoi pas des respirateurs artificiels et des lits d'hôpital... Ah, ah, ah, hi, hi, hi... des masques ! Et ce n'est que le soir en buvant sa tisane devant BFM qu'il comprit que peut-être le chant de Rossignol n'était pas si faut que que ça...
Quant à Liang qui avait retrouvé un peu de vigueur en promenant ses doigts d'artiste sous la robe de Jiao, il s'avérait parfaitement opérationnel pour la suite du voyage. Il saisit dans les coffres de la cabine de l'airbus, les bagages à main du couple et si son sac heurta violemment la nuque d'un octogénaire qui accusa le coup en se frottant le cou, sans accuser le coupable, ce n'était plus par faiblesse, mais par maladresse chronique. Bizarrement, Jiao ordinairement si réservée, gênée, confuse, voire contrite, explosa d'un rire sonore et communicatif. Même le pauvre vieux après avoir été médusé par la légèreté du sentiments et la lourdeur de ses éclats, finit également par se marrer. Pareil tout autour. Mais cette fois, c'est Liang qui demeura interdit. Presque inquiet. Intuitivement...
Car la belle et désormais joyeuse chinoise en goguette, ne s'interrompit pas dans son hilarité. Cela devint cauchemardesque, lorsque sur le tapis roulant elle se mit à se tortiller, à criser ses jambes, tordue en deux et pissa irrépressiblement...
" 但是,Jiao这是怎么回事。你为什么这样笑 " Ah ! désolé voilà que ça me reprend ! C'est pas aussi conséquent que ces crises de rire qui finissent mal, mais le besoin d'exprimer le mandarin qui veille en moi, devient parfois inextinguible. " Mais que se passe-t-il pourquoi ris-tu ainsi sans raison au point de te faire pipi dessus ? " l'interrogea Liang au bord de la panique. Et tandis qu'ils se dirigeaient vers les toilettes, elle lui expliqua dans de grand fracas de rire, que si, c'était vachement marrant le coup de sac sur le cou du vieux et qu'elle ne s'en remettait pas.
Lorsqu'ils franchirent la douane de Roissy, il s'en fallut de bien peu pour que le policier chargé d'examiner son visa, ne te la colle au gnouf pour outrage à agent et la fasse souffler pour vérifier son alcoolémie. Voire même fasse procéder à un examen sanguin pour dépister d'éventuelles teneur en produits illicites. Certes l'homme avait un très gros nez et en Chine cet appendice est généralement si discret qu'il ne fait quasiment pas partie du visage. Et plus elle le regardait, plus elle pouffait à s'en étouffer... D'un autre côté, elle était si belle la gamine et craquante dans son jean bleue ciel, que le fonctionnaire se voulut indulgent. D'autant qu'il avisait à ses côtés le malheureux Liang qui affichait une mine embarrassée et atterrée... Il rendit les deux passeports aux tourtereaux en fixant sévèrement l'hilare, jetant les yeux au ciel tout en hochant la tête en guise de réprobation.
C'est sur les bancs de l'amphithéâtre où ils étudiaient tant bien que mal le français que les deux futurs journalistes et époux s'étaient rencontrés. Et s'il avait déjà bu moult cafés aux Starbucks de Wuhan, il s'était promis sitôt sur le sol français de savourer un expresso, l'un des symboles forts du paradis latin ou de son imaginaire. Il y renonça préférant rejoindre au plus tôt la chambre d'hôtel, rue de Rivoli - oui parce qu'ils ont payé cher, mais question commodités, l'agence de Taï Yang China, ne s'est pas moquée d'eux !-
Tandis que le taxi déshabillait du regard la sculpturale touriste -ça doit être une manie de la profession où qu'elle s'exerce ! - il fut interloqué par les propos du Chinois qui l'accompagnait : " Bon maintenant Jiao, tu vas t'arrêter immédiatement. Y en a assez ! C'est n'importe quoi. Si tu continues je rentre immédiatement à Wuhan, tu feras ce que tu voudras..." Consentant d'incommensurables recherche d'air, de sérieux et de calme, se prenant le visage dans l'étole qu'elle portait autour du cou, elle contint comme elle put ses spasmes, en finissant par concéder qu'elle n'y pouvait rien...
Ainsi s'achève ce nouvel épisode et j'entends quelques esprits forts, quoi que discrets, commencer à contester à l'occasion, la chronologie des faits voire leur véracité. Il est donc temps pour moi de confesser que ce récit décousu, œuvre d'un esprit si ce n'est dérangé, tout au moins en chantier - et néanmoins ravi -, relève entièrement de la fiction scénaristique. Si par extraordinaire vous releviez quelques similitudes avec des faits avérés, ce ne serait néanmoins et en aucun cas, que pure coïncidence. Je reste évidemment à la disposition de Stanley Kubrick, Milos Forman ou a défaut Robert Enrico, pour discuter des droits d'auteur.
Drôles de nouvelles
- Sur la carte de France du coronavirus, un seul département en rouge dans la moitié sud continentale : c'est ce qui s'appelle sortir du Lot ! Et je pense qu'à l'office de tourisme de Cahors, ils ont dû faire la fête une bonne partie de la nuit...
- Je me demande si les petits voisins qui me cassent les oreilles tous les soirs avec leurs trompes ont prévu de me faire chier jusqu'à ce que le dernier malade quitte les urgences.Il y a des soirs, quand le vent d'ouest me porte le bruit jusque dans la plus stricte intimité de mes tympans, je leur dirais bien de se la mettre quelque part leur trompe. Mais je me demande si c'est bien correct ! Je devrais plutôt suggérer à leurs ahuris de parents de signer un chèque en faveur des l'hôpital public. Ce serait plus discret et surtout bien plus utile !
- 25 morts en Centrafrique entre mouvements armés rivaux. Le monde retrouve petit à petit la normale avec sont lot de morts naturelles.
- Trump devancé dans tous les sondages s'emporte et désigne tous ces mauvaise augures de fake news. Là nous avons droit à un jugement d'expert. Il accuse aussi les Chinois de tout faire pour provoquer sa chute. Et jusque là, ma foi, on est tous un peu Chinois, non ?
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