vendredi 24 avril 2020



Si vous aussi vous avez choisi d'entamer la décroissance et d'aller faire vos courses à cheval
(mais non pas à Longchamp, à Auchan), voici un moyen  confortable, équitable. Une équ... idée !



16.- DESTINATION FRANCE ET SES RÉJOUISSANCES - (4e épisode) Nous étions au milieu de la nuit, lorsque Jiao et Liang se levèrent. Une nuit opaque, épaissie par un brouillard graisseux et désespérément gris, enveloppait le 36e étage de la tour Cuiwei. C'était un peu comme si sous leur néon, les jeunes mariés se trouvaient coupés du monde, retranchés dans une cellule encore vivante mais sans identité, ni localisation. Seuls dans leur cosmos et c'est bien ainsi que vivent les amoureux tant qu'ils ne se perdent pas. 
Liang se déplaçait avec la vivacité d'un panda réformé, tandis que sa jeune épouse s'agitait comme une nuée de chiroptères, lorsqu'il fait bien lourd les soirs d'été prés des pagodes luminescentes. S'il n'avançait pas, le jeune homme, c'est que depuis une semaine déjà une forte toux, de la fièvre, un grosse fatigue et des courbatures le maintenaient dans un état second, l'une de ces léthargies devenue telle qu'elle vous porte sur les rives du renoncement, l'envie, le besoin presque ou son illusion, de chavirer et de se laisser emporter. 
Seulement elle était bien jolie Jiao et pour ce petit paquet d'amour, il était prêt à tous les courages, les résistances les moins familières, les sacrifices excessifs. Couché sur le dos, toussant tout ce qu'il savait, alors qu'il n'en pouvait plus de tousser, il enfila un pantalon de flanelle spécialement destiné à ce voyage de noce. La jeune femme avait opté elle, pour une robe à fleur courte et serrée, pas forcément adaptée à un si long voyage aérien, mais destinée à maintenir le mari en éveil, sinon en vie. Il tira la lourde valise jusqu'au seuil de l'ascenseur, la poussa pour la faire basculer et partit avec elle en roulé-boulé dans un grand fracas. 
Elle, réprima un rire alimenté par la force comique de l'instant et l'intensité nerveuse qui eut pu la faire chavirer elle aussi, mais dans l'irrépressible colère : " 您仍然可以治愈自己。那样去你会毁了我的旅程" - ah ! excusez-moi. Si vous suivez cette histoire depuis son début, vous savez qu'il m'arrive de me laisser aller à écrire chinois lorsque l'intensité dramatique est à son comble. " Tu aurais quand même pu mieux te soigner. Parti comme ça tu vas gâcher mon voyage..." Elle parvint toutefois à dissimuler son hilarité et son irritation, ce mélange explosif susceptible de tout remettre en cause, y compris l'engagement nuptial. Sans compter que le voyage, qui devait être celui de leur vie, leur faisait débourser la somme astronomique de 120 000 Yuan à l'agence de Taï Yang China . Alors certes le yuan ne vaut pas grand chose et les deux voyageurs gagnent correctement leur vie, mais enfin cela reste un investissement hors norme. Surtout si cela doit tourner au carnage…
Il se relève tant bien que mal et n'ose même plus s'aventurer dans le regard qu'il devine exaspérée de sa femme. Les 36 étages défilent, météoriques et cette fois, malgré son lourd sac de voyage et celui, plus léger d'effets personnels, la frêle Jiao empoigne l'énorme valise et la tire rageusement, tandis que le pauvre Liang proteste de sa volonté de tenir son rôle d'homme, tout en suffoquant. 
C'est le taxi qui en fit une mine lorsqu'il découvrit cette ombre gracile qui semblait tirer derrière elle l'immeuble à perte de hauteur et une partie du quartier ! Il prit les lourdes affaires en main, en remplit le coffre à ras bord. Et se dépêcha de reprendre sa place au chaud, tant l'air glacial de la nuit mordait sans sommation. Quarante bons kilomètres les séparaient de l'aéroport international de Thiané et l'épaisse couche de mélasse qui renvoyait toute objection de phares à son expéditeur, rendait le trajet plus lugubre et laborieux qu'escompté : " Vous pensez que nous y serons à 6 heures " questionna-t-elle. " Oh ! nous avons encore de la marge, ma p'tite dame " lui répliqua le chauffeur qui avait pour modèle un taxi parigot, découvert dans un vieux film de Clouzot. Il n'avait cessé, le vicieux, de lorgner sur les jambes de soie, longuement dévoilées, alors qu'il avait subrepticement incliné le rétroviseur pour ce faire. Pour se dégriser un peu, il jetait parfois un oeil sur l'infortuné mari, mais cela l'excitait deux fois plus : " C'est-y pas malheureux j'vous jure - pensait-il- de tenir un tel trésor et de s'affaler ainsi, comme un vieux phoque..." 
Et c'est vrai qu'il avait pris dix ans et que le beau Liang s'apparentait plus à un clochard, qu'à l'un des reporters en vue du Wuhan Post qu'il était pourtant. Elle en était toute rouge, elle, la victime de ses convoitises obscènes grossièrement, volontairement manifestées par le vigoureux conducteurs qui se retenait comme par miracle de ne point improviser une halte et intrépide tentative. 
Nous y échappâmes tous, car naturellement l'histoire n'eut plus été du tout la même. Sans force suffisante, l'époux aurait subi l'humiliation définitive en même temps que les outrages faits à madame, mais surtout terminé Mulhouse, les Chrétiens joyeux, le football, les épousailles. Tout à refaire…
Mais non, car voici que les grandes lueurs pisseuses des pistes Thiané jaunissent d'un hallo régulier le
néant dont semble vouloir jaillir aussi une espèce de jour. Liang réapparut du même coup. Petitement. Tandis que Jiao avait été mise à nu durant plus d'une heure par le lubrique de l'avant, il avait un peu récupéré sur le moelleux de la banquette arrière. Sans qu'on eut à le solliciter, le pervers se fit gentleman. Il alla lui-même décrocher un chariot et aligna le chargement avec courtoisie. La jeune femme fouilla dans son sac et en sortit un billet de 100 qu'il n'avait finalement pas usurpé. Peut-être cette nuit, le taxi humerait-il ce bout de papier qui le relierait à la belle cliente pour s'endormir. Il n'avait toutefois pas osé prendre rendez-vous avec elle pour le retour... 
Lorsque l'airbus A-330 de la China eastern airlines s'ébranla, Jiao illumina enfin son si joli visage d'un mince filet de sourire. Elle n'était pourtant pas rassurée à l'instant où l'avion poussa ses réacteurs sans ménagement de vibrations ni de de décibels, car le couple voyagerait sur les ailes (enfin à l'intérieur tout de même, mais a proximité des réacteurs). L'élan lui sembla aussi long que le voyage inquisiteur du taxi et l'ascension pas moins énigmatique, d'autant qu'elle n'avait jamais voyagé autrement qu'en train ou en auto. C'était un baptême et une fois bien installée, à plat dans les airs, se laissa envelopper de ce confort diffus et sourd, de cette lente euphorie d'altitude qui vous prostre sans conséquence. Le ronflement plus régulier de son époux voisin et le ronronnement léger du monstre volant, loin de l'agresser l'aurait plutôt bercée. Et c'est un peu saoule qu'elle se dirigea vers les toilettes, soulevant toujours quelques adresses concupiscentes. 
Lorsqu'il ouvrit un oeil sur la journée qui débutait prés de sept heures après un premier éveil relatif et pitoyable, Liang se révéla en appétit. Il aspira ses deux canettes de cocktail de fruits d'un trait, ses sushis de feuille de vigne au riz et gingembre et, ce qui étonna beaucoup Jiao, siffla deux flûtes qui ne devaient rien à Mozart, mais plutôt à don Pérignon. Pour célébrer cette improbable résurgence, elle l'accompagna. Il éternua bien deux coups, mais ne semblait plus aussi abattu. Il posa sa main sur le haut des cuisses de sa compagne, cette fois un peu gênée que les affaires reprennent si vite et ainsi... Puis il se mit à ronronner avec le fuselage... (à suivre).
Journée de transition si l'on peut dire, pour ceux qui ont entamé notre histoire. Les retardataires peuvent remonter sur le blog les épisodes précédents dont voici les dates : 31 mars, 4 et 16 avril. Nous étions partis de France dans une ambiance lourde de confinement et de fin d'un monde. Puis dans le labo de virologie de Wuhan de l'excellente Mme Cian. Las, un chenapan du collège en visite pédagogique déverrouilla toues les cages, libérant souris, hamster, libellules, mais aussi un superbe pangolin et une débrouillarde chauve-souris qui conduisit son ami quadrupède vers le grouillant Huanan market, le paradis des marchands et consommateurs d'animaux en tout genre. 
Ils se précipitèrent, en somme, dans la gueule du loup et notamment de Jiao et Liang que nous venons d'accompagner à l'aéroport, puis dans l'airbus qui les conduit à Paris. Ce jour là ils s'étaient régalés d'une excellente soupe de chauve souris et d'un bout de pangolin braisé.



"Drôles" de nouvelles


  • La consommation d'électricité a baissé de 20% depuis l'entrée en vigueur des mesures de confinement, indique Réseau de Transport d'Electricité. "La précédente crise financière avait donné 5%, là on est à 20%. Ce qui provoque des surtensions explique François Brottes, président du directoire de RTE. Lorsqu'on cherche de bonnes nouvelles on en trouve. Surtout lorsqu'on a chois son camp. Terminé les abominables centrales nucléaires, exit les vilaines éoliennes.  Il suffira bientôt de pédaler si l'on tient vraiment à regarder la téloche.

      
  • La France n'accordera pas d'aides aux entreprises basées ou ayant des filiales dans les paradis fiscaux, indique le ministre des Finances Bruno Le Maire.
    "Il va de soi que si une entreprise a son siège fiscal ou des filiales dans un paradis fiscal, je veux le dire avec beaucoup de force, elle ne pourra pas bénéficier des aides de trésorerie de l'Etat", à t-il dit sur France Info. Encore heureux !Pensons tout de même à investiguer, histoire de le vérifier. C'est pas qu'on n'ait pas confiance, mais...

  • L'archevêque de Toulouse Robert Le Gall a
    poussé jeudi "un coup de gueule", selon ses termes, réclamant la réouverture contrôlée des églises dès le 11 mai en respectant les mesures "de distanciation sociale et les gestes barrières".
    "J'ai été surpris par les propos du président de la République disant qu'il n'y aurait pas d'office avant la mi-juin", a déclaré le prélat lors d'un entretien téléphonique, s'étonnant que dans le même temps "les gens peuvent aller au McDonald's".
    Il est vrai qu'entre deux nourritures nocives, il n'y a pas de raison que la spirituelle soit moins favorisée que l'écuelle...

Du groupe Les Goguettes cette superbe parodie de "Vesoul" de notre cher Jacques Brel. "T'as voulu voir le salon..." et c'est très bon ! 

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