dimanche 12 avril 2020

Pas de confinement ni de distanciation sociale pour ces lapins de Pâques, mais des masques apparemment arrivés en masse dans les clapiers et les chocolateries, plus vite que dans nos pharmacies. Ils seront aussi protégés d'une éventuelle pandémie de myxomatose.
Et merci à Alain D. pour cette belle chasse...




11.- POIGNÉE DE MAIN MENACÉE - Y a même des moments où je me demande si on se redira bonjour ? C'est terrible la déprime ! Ça va se nicher dans de ces endroits, on n'a pas idée. Je veux dire, quand il s'agit de s'adresser le bonjour, si on se redira bonjour correctement. Pas un de ces bonjours balourds où l'on s'en fiche que le type que l'on vient de croiser et de saluer en passe un, de bon jour. Cela participe du même : "Ça va ?" Généralement le "ça va" accompagne le "bonjour" et dans les deux cas, il s'agit de ces formules de politesse toutes faites qui consistent à démontrer qu'on est bien élevé, mais confirme surtout que l'on descend d'une famille et même d'une race humaine de faux-culs. D'ailleurs, en réponse à un "Ça va ?" on ne trouve rien de mieux que le conventionnel "Ça va et toi.." Généralement cela s'arrête là, le "et toi" restant sans réponse. Ce qui témoigne bien du peu d'intérêt porté à la question. Et à la rencontre en général…
Non, lorsque je me demandais si on se dirait encore bonjour, c'était en rêvant d'un belle et bonne poignée de main. Ferme, virile, chaleureuse presque sensuelle. Une poignée de main, droit dans les yeux, droit au cœur. Il ne s'agit pas de ces embrassades, ces effusions souvent artificielles, ces diffusions de miasmes bien réelles. Avec une bonne amie de temps à autres, je dis pas. Il y a une symbolique du baiser, une appétence inter genres. Entre filles aussi cela s'entend. Elles sont si sensibles et sensitives que cette marque de tendresse peut les accompagner dans leur quête d'émoi…
Mais nous, entre quiquettes, quel émoi ? Qu'elle et moi ! Un peu de pudeur que diantre ! Et que ces bises entre mecs me furent (du verbe furer !) pénibles une partie de ma vie. Lorsque j'étais à Toulon. Ben oui, j'ai été à Toulon ! Que voulez-vous, il fallait bien que je le confesse. A Toulon on y va quand on est puni. Soit dans la marine, soit au bagne. Ben moi c'était au bagne et j'avais dû le mériter pour en prendre pour plus de trente ans . Perpète... Les premiers que j'ai surpris en train de s'embrasser, c'était des ados de 14 ans. Au rugby, près de Toulon, donc. "T'es pas PD au moins ?" que j'ai demandé au fiston  en rentrant à la maison. Il a haussé les épaules. Et ce n'est que quelques années après en revenant de boite, que son entraîneur me confirma que non, il ne l'était pas... Puis dans le courant des années quatre-vingt dix, tous les hommes se mirent à s'embrasser à bouche que veux-tu. Si bien que j'ai fini par passer à la casserole. D'abord avec de vagues relations qui se faisaient passer pour des amis. Un jour alors que je parlais avec un dirigeant du rugby de Toulon - qui m'embrassait -, un ancien grand international - de rugby toujours - s'arrêta pour nous saluer. Je lui serrai la main, tandis que l'autre l'embrassa comme du bon pain. Mais lorsque le joueur s'en alla, le dirigeant à peine sorti de l'étreinte me lança : " Regarde-le moi cet enculé ! " C'était dire à quel point le fait de s'embrasser avait un sens profond ...mais alors très profond ! Passons. 
Du coup, alors que je serrais la main de mon père, mon frère, ceux de ma famille et mes quelques amis, je me suis vu contraint de les embrasser, considérant que je ne pouvais réserver mes meilleures bises qu'à ceux qui m'insupportaient. Et les bises, aux hommes surtout, j'aime pas ça ! D'ailleurs depuis que je suis en Aubrac, j'ai pu remettre de l'ordre dans mes effusions. Mes amis de la-haut - (non pas de "la haute") à l'exception de mon cono de cousin de Montpellier, mais c'est aussi mon cousin ! - je te leur serre une main pleine de fraternité et de sincérité et ça, c'est bon. Aussi sachez- le, camarades, si je vous serre la pince, c'est que je vous aime.
Qui trop embrasse mal étreint. Oui mais justement ceux qui embrassent volontiers vont être dans l'embarras, car ce ne sont pas non plus les plus courageux. Donc pour respecter les gestes barrières, ils vont me serrer la main. Et puis de toute façon, ils porteront un masque. Ils ne seront même pas obligés de sourire ou d'avoir l'air gentils.
Je suis pas encore certain, mais je crains de m'y perdre... (Vous aussi peut-être ???)
D'autant que ce sont les Chinois qui viennent encore semer le trouble. Non seulement ils ont livré le virus sur la terre avec plus de célérité que le site de vente en ligne Alie Express, mais en prime, ils nous affirment que leur Covid peut se refourguer jusqu'à 4 mètres. Ce qui signifie que non seulement on ne serrera plus la main, mais en prime on sera obligé de gueuler pour se dire bonjour.
Se dira t-on encore bonjour demain et comment ? Voyez bien que la question méritait d'être posée !
Et merci à Alain B. pour sa contribution régulière à la bonne humeur de cette lettre...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire