Ouf ! Il paraît acquis que l’extrême droite n’aura pas la majorité au parlement ! Les jeunes qui se sont si généreusement et massivement investis sur le terrain et les réseaux, tous les progressistes encore debout, mais aussi les libéraux, vont pouvoir faire la fête demain soir. D’ailleurs n’avais-je point prévu de m’y rendre, à Mende, dans l’espoir de saluer la fin du cauchemar National et si possible l’élection de Sophie Pantel ? Quelques empêchements familiaux m’en ont détourné. Pas grave ! Ce sursaut en réponse à l'abomination d'une dissolution qui aurait ramené le pays aux pires heures de son Histoire, nous le devrons à la faculté qu’a eu la gauche toute entière de faire semblant de s’unifier, puis à ce magnifique Front républicain que la Macronie avait refusé en 2022, parce qu’elle craignait qu’il bénéficie à la NUPES et que celle-ci soit majoritaire - ce qui était probablement vrai -. Tandis que là, il lui fallait d’abord sauver les meubles et l’argenterie...
Si les sondages ne se trompent pas, le RN sera tout de même largement en tête, la gauche devancera d’assez peu finalement les Macronistes, ce qui est un comble alors qu’ils pointaient à 14 % aux Européennes. Et pourquoi un tel redressement annoncé de ce camp à bout de souffle et d’arguments ? Parce que 127 candidats du Nouveau Front Populaire se sont dévoués, alors qu’ils ne sont que 80 du parti présidentiel à se désister, certains ayant d’ailleurs répondu à leurs plus bas instincts arrivistes en refusant de faire barrage aux fachos. Sans compter que la plupart des retraits des candidats libéraux s’avéraient symboliques, puisque quasiment aucun n’était en mesure de gagner ! Un beau marché de dupe, car dès qu’il y a le mot marché, c’est toujours la droite qui gagne.
Alors voilà une assemblée qui va se retrouver avec trois gros blocs. Comme avant ! Et voilà une dissolution bien utile pour la clarification et la concorde nationale ! Il y en aura un de la droite, celle de Macron et des rescapés du partis les Républicains ; un d’extrême droite en force donc et cohérent ; un de gauche allant des LFI Mélenchonistes au libéraux de la gauche radis (rose dehors et blanc dedans), en passant par les dissidents désormais beaucoup moins Insoumis, les Verts tiraillés et les Cocos noyés dans la masse. Autant dire que sur les grandes orientations politiques nous allons rester sur une ligne droitière où la consommation, la croissance, l’alignement sur les États-Unis et Israël sera maintenue sinon confortée. Quant à l’évolution plus politicienne, cela nous promet une gigantesque foire d’empoigne et, avec mon optimisme légendaire, je ne suis pas loin d’envisager que nous fassions un pas de plus vers cette guerre civile que le Rassemblement National, par l’affirmation d’une xénophobie et d’une intolérance à l’égard des minorités totalement décomplexées, fait peser toujours davantage sur une société jusque-là raisonnable, quoique de moins en moins apaisée.
Quant au camp de gauche, je pressens la même "guerre" sans civilité. Notamment depuis que j’ai entendu François Ruffin, proclamer allègrement : « LFI s’est fini ! » Tu parles ! Après avoir comparé Mélenchon à un boulet, on s’en doutait un peu. Depuis la montée en puissance et donc son émergence dans l’opinion, je considérais que le journaliste Picard était une chance pour la gauche radicale. Ce qui ne m’a pas empêché de repérer chez lui, de sensibles inclinaisons à l’opportunisme. Une qualité en politique, sauf si elle devient criarde. Lorsque les enquêtes d’opinion l’ont crédité des meilleurs scores à gauche - encore bien loin des populaires Philippe, Attal et Bardella - je l’ai senti moins ferme sur les principes. Il évoquait toujours, avec cette sincérité indignée amplifiée par une voix de tête, les destins poignants de Samantha aide-soignante à Amiens qui se retrouvait seule avec deux enfants et 1400 euros et puis Jonathan, cariste à Picquigny, qui ne pouvant boucler ses fins de mois dormait dans sa voiture... Mais déjà un peu plus soumis au système, il expliquait sur d’autres ondes et dans des méandres sémantiques un peu lourdaux, que la social-démocratie ce n’était pas ce que vous croyez, c'est-à-dire le faux nez de l’économie de marché et du capitalisme débridé. Tu l’as saisie la feinte ?
Il n’y a pas si longtemps, un camarade de Médiapart me faisait remarquer, avec un soupçon de perfidie, que je changeais souvent ! Objection mon con ! Réfléchis deux secondes ! Est-ce que ce ne serait pas plutôt ces salopards de politiciens qui varient et louvoient en fonction de leurs intérêts du moment ? Tu te souviens d’Edgard Faure ? Ce ne sont pas les girouettes qui tournent, c’est le vent… Bref je l’avais repéré le Ruffin. Malgré la tentation, je ne l’ai pas encore traité de ruffian ! Mais le coup de se carapater de LFI, d’en dire le plus grand mal arguant d’un fonctionnement tyrannique – ce qui au demeurant est loin d’être faux ! - et de faire des risettes vers Horizon et Renaissance, ressemble tout de même étrangement à de l’opportunisme de bas étage. Il serait en quête de virginité qu’il ne s’y prendrait pas autrement, le goupil. En rassurant un peu tout le monde par sa grande pondération, du petit bourgeois d’Amiens au Président de la République, il se verrait bien faire coup double : la réélection dans la 1ère de la Somme et un poste de Premier ministre d ‘Union Nationale allant d’Aurore Berger à Alexis Corbières. Avec deux ministres d’État bien comme il faut : Glucksmann pour plaire aux banquiers et Marine Tondelier pour entretenir la pelouse. Et si vous voulez rire un coup - parce que ça, à l’origine, c’était la raison d’être de Macronique ! - le pire, c’est que si je me sens déjà trahi par le Fakir de la Somme, je lui ai tout de même envoyé un chèque de soutien il y a à peine quelques mois ! Oh certes c’était pas des milliers, mais je me demande si je vais pouvoir obtenir le remboursement ?
Mon pronostic c’est donc que l’on ne s’en sortira pas. Non sans rappeler aux oublieux, que si nous sommes dans ce merdier inextricable, nous le devons à l’imposture de Macron et de ceux qui, sans aucune conviction mais par pur intérêt, nous l’ont foutu - et refoutu - dans les pattes. Et s’il m’arrive, effectivement, de m’égarer dans ce petit monde d’enfoirés, personne ne m’enlèvera le fait que depuis 2016, je ne cesse de manifester mon hostilité, mon incompréhension, mon dégoût à l’égard de Saint-Emmanuel-les-mains-jointes ! Perfide, méprisant, malfaisant, maléfique.
Ceci étant et pour en revenir au Front Républicain de dimanche, si quelques amis de gauche me lisent et pensent comme moi, je leur scande quand même, comme dans les bonnes vieilles manifs de gauche : Au cul, au cul… aucune hésitation ! |
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