J'avais prévu aujourd’hui de pousser un cri d’effroi : « Au secours Hollande est de retour ! ». Ou bien alors, ce cri de joie : « Chouette le Nouveau front populaire investit sur le quota de LFI, Philippe Poutou du NPA ! ». Mais non ce sera : « Y a de sacrés cons chez les Insoumis... » Et merde !
Il a donc fallu que la mélanchonie renoue en interne, avec ses vieux démons staliniens ! Une honte - la mienne et celle de nombre de militants sans doute –, un considérable gâchis et, du coup, pas mal de colère aussi ! Alors que ce soit bien clair, je ne crache pas dans cette soupe que j'ai largement savourée et partagée. Je reste même un inconditionnel de la soupe populaire – surtout lorsqu’elle est bien claire - et je ne risque pas de me mêler à ceux qui critiquent Mélenchon et l'ont toujours détesté : les bourgeois obsédés par leur pognon, mais aussi une incertaine gauche souvent assise inconfortablement sur sa fesse droite. Beaucoup y penchaient tellement qu’ils ont fini avec Macron et d’autres y tomberaient encore (je pense à Glucksmann, Guedj et quelques autres) si ce n’était pas la fin, tant espérée et annoncée, de cette pure folie ultra-libérale orchestrée par Lucifer en personne.
André Herrero - un philosophe toulonnais - répliquait vertement à ceux qui critiquaient méchamment son frère - un illuminé qui aurait eu toute sa place entre Dupont-Moretti et Roselyne Bachelot - : « Toi, tu n‘aimes pas assez mon frère pour en dire du mal ! ». Cette phrase m'a marqué parce qu’elle puise bien plus profondément qu'il n'y paraît dans les racines anthropologiques. Enfin, il me semble. Alors oui, Mélenchon je l’ai aimé parce que non seulement il fut une boussole à gauche - comme l’étaient ceux du NPA - un phare dans la longue traversée nébuleuse depuis le tout début du siècle, mais parce qu’il a su aussi et par deux fois, dresser des troupes contre l’accession au pouvoir, hélas inexorable, d’une droite ultra-libérale installée dans ce mauvais cheval de Troie que fut Macron. Jalousé par les communistes, combattus par les socio-libéraux, il échoua de bien peu à la présidentielle 2022 et la NUPES, coalition dont il fut le grand ordonnateur, aurait pris le contrôle de l’Assemblée sans les ignobles arrangements entre le Front National et En Marche, ainsi que la fronde mesquine des amis de Delga (sur leur fesse droite).
Porteur d’un programme de rupture, d’une quête économique, écologique et sociale vouée à rééquilibrer la société française pour offrir une vie plus acceptable aux millions de défavorisés et laissés pour compte du libéralisme, Mélenchon est passé si près, que la bourgeoisie de tous bords s’en est à peine remise de frayeur. Telle est la raison - la seule - qui fait que, de Macron au petit patron du bar du Commerce - qui tient beaucoup à ses biftons passés incognito sous le comptoir -, de Glucksmann - l’essayiste des bobos quartiers - au colleur d’affiche des mouvements fascistes, ils le haient tous. Le traînent dans la boue, le rouent de coups bas, comme dans cette affaire d’antisémitisme dont on l’affuble depuis qu’il défend le peuple palestinien, victime de la folie barbare d’une sorte de « nazi sans prépuce ». En somme, pour nous, Mélenchon c'était un honneur !
« C’est un joli nom, camarade » chantait Ferrat, et c’est aussi un joli nom, Insoumis et il m’arrive de redouter qu’ils ne l’aiment pas assez à LFI lorsqu’ils commettent d’aussi grossières erreurs. Et depuis hier, c'est moi qui me demande si je les aime encore ! Après des heures de négociations ardues et ardentes avec les autres partis de la coalition classique, la gauche donna le jour au Nouveau Front Populaire. Magnifique ! Certes les Insoumis ont perdu un peu de leur influence sous les assauts répétés des rigolos à la Rose – forts d’un meilleur résultat aux Européennes, même s’il a si peu de sens -, mais tout allait bien. Sauf qu’au moment de désigner les 230 candidats – au lieu de 328 en 2022 -, la commission électorale du mouvement, dont les mélenchoniens ont pris le contrôle arbitrairement (c’est-à dire sans vote) derrière Manuel Bompard après les dernières Législatives, tous les dissidents sont écartés. Les députés sortants, Danielle Simonnet, Raquel Garrido, Alexis Corbières et Hendrik Davy (proche de Clémentine Autain) sont exclus - certains victimes de la sorcière Chikirou à ne pas confondre avec Kirikou - et ne pourront se présenter au nom du NFP ! En revanche Adrien Quatennens, condamné par la justice pour violences conjugales, figure bien dans la liste des candidats. Il ne s’agit pas là seulement de faute, de déni démocratique, mais d’une atteinte on ne peut plus grave à la dignité et à la crédibilité d’une force politique, jusqu'ici soutenue par des millions de Français qui lui accordait leur confiance et plus encore leur espoir.
Prenant les choses très à cœur dans mon engagement politique, j’ai toujours considéré que l’intégrité, la probité, la loyauté étaient consubstantiels des valeurs de partage ( d’égalité ) et d’humanité (de fraternité). Je vis cela comme un sérieux coup d'arrêt ! Heureusement, LFI et la vie continuent. Voici déjà bien longtemps que nous avons reporté tous nos espoirs sur de nouvelles incarnations, François Ruffin en tête. Lequel a aussitôt réagi à ces exclusions : « Raquel Garrido est en désaccord sur l'absence de démocratie dans la France insoumise. Et comment notre mouvement, qui prône la VIème République, lui répond ? Non par un débat, mais par une sanction ! Notre devoir, c'est d'unir la gauche et de gouverner le pays. Avec moins d'arbitraire et de bureaucratie que pour les membres fondateurs de notre mouvement... »
Nous sommes nombreux aujourd’hui à nous sentir trahis par la direction de LFI et même si ce n’est guère le meilleur moment, il faudrait qu’une pétition soit immédiatement ouverte pour réclamer la réintégration des quatre députés exclus et le retrait de la candidature d’Adrien Quatennens qui heurte la conscience de tous ceux qui pensent que la protection des femmes vaut mieux qu’un siège à l’Assemblée. |
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