Et c’est parti pour un supplice long de quatre mois où, alors que des millions de Français incapables de s’émouvoir des drames planétaires, de la catastrophe environnementale déjà en place, vont s’enflammer pour une poignée de merdailles, nous allons passer, nous les lanceurs d’alerte à l’inconsistance, la cupidité et la stupidité de ce monde, pour des aigris, des extrémistes, des rétrogrades. Le grand troupeau de beaufs, habilement guidé à la baguette libérale, va s’esbaudir de tout et applaudir le manipulateur en chef, Saint-Emmanuel-les-mains-jointes, lorsqu’il proclamera à longueur de harangues hallucinées que « ces Jeux Olympiques constituent une date historique dans notre histoire de France... » Et qui sait si le bonimenteur n’osera pas soutenir que pour l’occasion : « Les Français ne sont jamais sentis aussi unis dans leur fierté... » Depuis hier, ça y est ! Ils ont tous leur poste allumé et s’éclairent à la flamme que porta d’abord Basile Boli. Remarquable emblème de l’esprit olympique, lui qui fut le premier vainqueur d’une Coupe d’Europe achetée par son patron Tapie, lui qui toucha des millions et des millions pour taper dans un ballon ! Les Jeux Olympiques furent créés à l’Antiquité, puis réactivés en 1896 dans le but de célébrer à la fois l’entente entre les peuples et les vertus du sport. Lentement, depuis cet esprit promu par de Coubertin, les valeurs des Jeux furent dénaturées, puis bafouées et pour finir insultées et reniées. Désormais le sport n’incarne plus aucune des nobles causes qui l'animait naguère. Du basket au football, en passant par le cyclisme et le rugby, l’essentiel n’est plus du tout de participer, mais d’engranger, de se gaver. Le tout évidemment avec la complicité d’un peuple qui ne mesure plus son existence qu’à l’aune de son pognon. Celui qu’il a, celui dont il rêve… Et si quelques-uns d'entre eux restent des amateurs plus ou moins convenables, ce n'est pas qu'ils seraient plus vertueux, mais plutôt que du tir à l'arc sur cible fixe et de la lutte gréco-romaine, tout le monde s'en fout ! Voici la grande fête du sport ! A Marseille, c’est une évidence. Cette ville où Florian Manaudou fut l'un des premiers porteurs de flamme, mais où la plupart des piscines ont disparu faute de moyens et où la moitié des enfants de moins de quatorze ans ne savent pas nager. La fête du sport, peut-être, mais pas pour tous. Pas pour le monde des humbles, des parias, qui n’intéresse ni les pouvoirs publics, ni les médias, ni les supporters en quête de breloques et de bonheur factice. On ne s’embarrasse plus de la moindre interrogation métaphysique (où va t-on ?) ou éthique. Posez donc la question aux spectateurs d’un événement sportif. C’est quoi l’éthique ? Un truc avec des pattes crochues qui s'enfoncent dans la peau et un petit corps qui vous suce le sang… A Marseille comme dans les 65 villes étapes, ce ne sont pas les Comités sportifs, les organismes de santé qui animent les cérémonies, non, c’est Coca-cola ! Bien connu d’ailleurs pour ses qualités nutritives. Nous allons, mes amis, vous que la distance parcouru par un javelot et les coups portés par un débile sur la figure d’un de ses semblables, n’interpelle guère, connaître des jours sans. Tout comme la planète et notre pays qui en sera l’épicentre, où convergeront par milliers de charters d’ahuris bourrés de corticoïdes pour les uns, de bière et de bêtises pour les autres. S’en remettra-t-on ? J’en sais rien ! Mais ce qui est déjà acté, c’est qu’un crétin des Alpes, s’active déjà pour remettre ça en hiver 2030, sur des pentes montagneuses que la neige a résolument et définitivement déserté. Concernant le panurgisme ambiant qu’il semble réellement trop tard pour endiguer avec nos seuls petits bras et nos consciences désespérées, j’ai vu aussi qu’une star américaine du nom de Taylor Swift attirait autant de monde que la flamme olympique. 250 000 spectateurs s’apprêtent à s’installer et, ironiquement peut-être, c’est encore dans des stades que nos moutons chantonnants prendront place. Sans doute pour admirer pareillement les muscles de l'athlète, à ceci près qu'ils ne sont pas anatomiquement placés aux mêmes endroits. Plus fort que Céline Dion et Milène Farmer, elle pousse la chansonnette et se trémousse, libidineuse, dans des tenues affriolantes, étincelantes et des mises en scène grandiloquentes. Ce qui donne un meilleur effet, je vous l‘accorde, que la chorégraphie d’une lanceuse de marteau... |
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