Je ne sais si cela vous arrive aussi, mais je lis parfois des choses tellement étonnantes, à la limite du surréalisme, que par une sorte de réflexe salvateur, je vérifie que nous ne sommes pas encore le premier avril. En l’occurrence nous n’en sommes pas encore si loin, mais enfin trois semaines, cela commence à faire. Deuxième précaution, surtout pour un ancien de la maison, vérifier les sources. Et là, aucun doute, elles sont limpides. Aucun site conspirationniste, nulle secte n’est dans le coup et, selon toute vraisemblable l'œil de Moscou ne se trouve pas dans ce viseur-là non plus. Pas davantage la plus petite main de Pékin ! L’info est lisible dans mon cher Reporterre (voir le lien ci-dessous), mais également chez 20 minutes, Atlantico et même, tenez-vous bien, sur Linkedin ! Tenez-vous bien, parce qu’il s’agit de la création d’une association, déjà implantée dans plusieurs régions, mais évidemment très prégnante à Paris et sa banlieue huppée : les Capitalistes anonymes ! Si, si ! et cela fonctionne essentiellement comme les plus anciens, célèbres et toujours dynamiques Alcooliques anonymes. Sauf que chez ces nouveaux sujets en quête de sevrage, ce n’est pas de la bibine qu’il s’agit de se défier, mais du pognon. Alors vous l’imaginez bien, même si je n’entretiens pas d’illusions particulières quant à l'extension du phénomène et si l‘écrasante majorité préfèrera toujours vivre pour sa gueule et se gaver de plaisirs futiles et souvent parfaitement abjects, notamment au regard de la crise climatique qu’ils n’ont de cesse d’aggraver, l’idée que dans cette multitude de vauriens il y ait quelques belles consciences qui se flagellent consciencieusement en groupe, me semble un premier et tout petit coin enfoncé dans ce mur d’indifférence, d’égoïsme, ce bloc monstrueux où l’on retrouve tous les tricheurs, les arrivistes, les fils à papa, tous les égoïstes de la création. Et attention, les Capitalistes anonymes créés par deux anciens profiteurs, avides de pognon et de domination, ne proposent pas de modérer la consommation de biftons et de donner à la fin de l’année au facteur, aux pompiers, aux Restos du coeur et aux Chrétiens d’Orient, comme le font tous les malins qui défiscalisent en lâchant un millième de leurs revenus. Non non, là il s’agit de la vraie sobriété qui, si elle n’interdit pas un petit whisky le dimanche à midi, réprouve totalement toute forme de consommation abusive et/ou en contradiction avec l’avenir de l’humanité. Nous en connaissons tous – et pas qu’un peu ! - qui sont là à geindre, non pas pour eux - comme ils s’empressent de le démontrer pour bien marquer leur altruisme – mais pour l’état de la planète qu’ils laisseront à leurs enfants et petits-enfants. Mais qui dans le même temps changent de fringues à tout bout de champ, commandent de l’électronique, plébiscitent l’intelligence artificielle – sans doute par carence naturelle -, bouffent n’importe quoi et en quantité industrielle et dès le premier week-end favorable, embarquent à bord de ces putains d’avions où ils semblent heureux de se concentrer dans une sorte de consanguinité voyageuse. J’ajouterai, et ce n’est pas une excuse, que depuis que des compagnies de voleurs (et de haut vol) fourguent des billets à vil prix, même les pauvres s’en mêlent… Aux terminaux, ce sont les mêmes, mais une fois dans la carlingue, les uns s’affalent en classe affaire avec les belles pin-ups affriolantes, tandis que les autres s’entassent dans la queue, - bientôt on les fera se tenir debout – sous la surveillance d’un steward boutonneux. Non mais sans rire, cette histoire de Capitalistes anonymes me donne quelque espoir en cela qu’elle souligne bien le côté honteux à gagner et à dépenser sans compter, alors que tant de gens sur terre crèvent de faim tout en subissant les effets désastreux de la pollution générée sans vergogne par ceux-là. Alors, même si je serais plutôt partisan de l’installation, sur l’ensemble de la planète, d’une DCA, destinée à dissuader les aviateurs de poursuivre leurs forfaits, l’initiative me paraît infiniment méritoire. Sans perdre de vue qu’elle a bien peu de chances d’aboutir. Cela ne marche pas avec les ivrognes qui sont pourtant souvent des braves gens, on ne voit pas comment cela pourrait fonctionner avec les rupins qui sont, pour la plupart, des sales types. Je sais bien que parmi mes lecteurs bien peu nécessitent ce genre de soins intensifs et immédiats, mais enfin nous en connaissons tous autour de nous. Vous pouvez leur faire suivre cette chronique qui leur fera bien plaisir et leur communiquer ce lien vers leur probable rédemption : https://lescapitalistesanonymes.org/ |
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