« Augmenter les retraites moins vite que l’inflation, la solution pour résorber le déficit public ? » C’est le titre abrupt posé par le magazine Capital qui met ainsi clairement les pieds dans le plat. Alors, je veux d’abord vous rassurer, je ne suis pas subitement tombé sur la tête (je fais ça par paliers) et je ne me mets pas à bouquiner compulsivement les journaux économiques. D’autant qu’ils appartiennent tous à la galaxie financière qui fait battre le monde et entretient cette frénésie quasi-religieuse et en tout cas obsessionnelle du pognon. N’ayant même pas pris la peine de lire, in extenso, Le capital du camarade Karl, je ne vais quand même pas me jeter dans les pages de ce Capital-là, de la bande à Vivendi, Lagardère et Canal +. Non mais deux raisons m’ont poussé à gratter derrière ce titre racoleur. La première évidemment c’est que - je le veuille ou non – ça y est, je fais bien partie de cette catégorie et que j’aurais mauvaise grâce à m’en plaindre, vu que j’y aspirais fortement au terme d’une fin de « carrière » plutôt pénible, comme en connaissent d’ailleurs la plupart des travailleurs dont on repousse sans cesse le droit au repos. Pas encore éternel… Alors c’est que réduire ma retraite pour renflouer le déficit abyssal du CICE, du Quoi qu’il en coûte et du kérosène de M. Arnault, ça ne me branche que modérément. Surtout qu’elle n'est pas épaisse la retraite de mon foyer et que la réduire encore me pousserait non loin de la pauvreté. C’est pas que je déteste le mot, mais que j’en redoute plutôt les effets. Vivre en autarcie, entre jardin et poulailler, c’est une belle idée mais à mon âge, la terre baisse d’année en année. Quant à mon chat, qui renâcle déjà à manger son « Canaillou » d’Interpascher, si je lui refile du « Merdaillou » de Looser Price, je crains qu’il ne finisse par se faire la malle et même de me griffer avant de partir. La seconde au contraire me donne quelques raisons d'espérer car, si je ne suis pas riche avec moins de 3000 balles pour deux, je suis outré par ceux qui perçoivent des pensions de retraites qui atteignent des sommes indécentes. Surtout pour des gens qui ne foutent plus rien. Or la théorie développée par les deux professeurs d’économie, Térriau et Chéron, me semble assez juste dans la mesure où ils ne cherchent pas à cibler les « smicards » de la vieillesse, mais les profiteurs de l’oisiveté. Posons déjà le problème qui taraude ce pauvre Saint-Emmanuel-les-mains-jointes et son ministre Le Maire - lesquels ne sont évidemment aucunement responsables du déficit abyssal qui place la France quasiment hors-jeu dans l’économie mondiale ! La dette de la France, après les cadeaux faits aux entrepreneurs et financiers depuis l’ère Sarkozy, la première crise de 2008 et les catastrophes successives que constituèrent les gouvernances Hollande et Macron, s’élève désormais à 3 000 milliards d’euros. Autant dire d‘ailleurs, que ce n’est pas en tapant dans le portefeuille des vieux que l'on va rétablir les comptes publics. Mais enfin, à défaut de s’attaquer aux riches actifs (quand je parle d’actifs je pense aux gens capables de marcher sans canne et de faire un repas sans ingurgiter quatre médicaments, car pour ce qui est de leur activité, elle est souvent plus lucrative qu’épuisante, enfin passons !) l’idée de faire payer des retraités qui gagnent des mille et des cents, me paraît une excellente initiative. Pourquoi ? D’abord évidemment parce que l’égalité salariale relève à mes yeux de la première des justices. Mais enfin bon, qu’un type qui a fait dix ans d’études, qui sauve des vies ou améliore celle de ses semblables ; un type qui bosse la nuit, qui se lève tôt pour s’occuper des autres, qui se salit et se gèle, qui nettoie les rues que l’on adore trouver propres ; un type qui écrit de belles chroniques et des romans sublimes - non, je déconne ! - ... touche deux, trois… allez, quatre fois plus qu’un mec qui glande dans un bureau ou vend de la merde dans une concession automobile ou une agence de voyage, pourquoi pas ! Mais alors, lorsqu’il a terminé sa carrière et qu’il se retrouve chez lui à glander, à faire pousser des fleurs et à bloquer les routes avec son camping-car, en quoi un ingénieur, un toubib, un PDG devrait toucher plus qu’un simple ouvrier ? Est-ce qu’un diplômé, un expert, un champion au repos apportent plus à la société qu’une bourrique, un branleur, un bras cassé ? Que nenni ! Alors on m’objectera que les riches qui avaient de gros salaires - souvent multipliés par deux, car les classes qui se ressemblent souvent s’assemblent – ont investi dans de belles maisons, une résidence secondaire, un bateau, des bagnoles et va-t-en voir quoi encore ! Et bien s’ils ne parviennent pas à entretenir tout ce qu’ils se sont offerts tandis que l’écrasante majorité n’avait strictement rien, j’ai une excellente nouvelle : tout se revend ! Ça fait de la liquidité en plus et des charges fiscales en moins ! Bon, comme je sais que cet argument est implacable, les nantis à la retraite qui voudraient bien encore profiter d’indécents privilèges avant de finalement capituler devant cette mort qui nous rendra enfin tous égaux, m’objecteront aussi qu’ils ont cotisé à hauteur de leurs revenus élevés. Et c’est vrai. Eux, payaient 1000 euros d’impôts quand ils touchaient 6000 (je ne parle même des voleurs qui gagnaient plus !), tandis que les manœuvres dans leurs usines et chantiers, ne payaient presque rien. Mais à la fin du mois, les premiers gardaient 5000, tandis que les autres n’avaient toujours que 1500. Et dites moi qu’est-ce qui justifie sur la Terre des hommes, qu’un type qui n’a qu’une bouche et qu'un trou du cul, gagne presque quatre fois plus qu’un autre conçu rigoureusement à l’identique. Sans compter que l’espérance de vie et donc de pension de retraite, est très nettement supérieure pour ceux qui n’en ont pas trop bavé dans l’existence et se sont plutôt gavés. En résumé, même s’il me semble que la taxation des profits et des successions suffirait à récupérer des milliards à l’infini, l’idée de s’attaquer à un peu plus d’égalité chez les anciens, ne constitue pas le pire des signes. L’important une fois entré dans le grand âge est de sortir dignement, en commençant par pouvoir tous être accueillis en maison de retraite - et non de mauvais traitement… - avec le sourire d'aide-soignantes et des couches propres. Et c’est loin d’être le cas ! Il me semble que cette idée devrait également enchanter la macronie dans son ensemble, elle dont l‘électorat touche déjà depuis longtemps, de substantielles retraites ! Ceci étant conclu, je vous propose de faire sortir cette chronique de son cadre habituel et plutôt confidentiel du Blog de Jaco et du club Médiapart, pour connaître un meilleur écho. D’autant qu’elle n’est sûrement pas très loin de mériter un prix Nobel d’économie ou... d'impertinence. |
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