A vrai dire, je ne comprends rien à cette histoire de succession. Pas plus que cet acteur fascisant – mais fascinant pour d’autres, j’en conviens – ne m’intéressait lorsqu’il était à son zénith de popularité. J’observe, du reste, qu’Alain Delon ne figure même plus dans les cinquante peoples préférés des Français, alors que caracole encore dans les vingt premiers un Michel Sardou, autre fossile du crétacé, ainsi qu’un peu plus loin Franck Dubosq ! et même Antoine Dupont, un joueur de rugby… La honte ! Ce que c’est tout de même que de notre grandeur ! Mais il en est une pour qui il reste le favori, c’est une certaine Hiromi Rollin (elle aurait pu se nommer Dussort !) De vingt-cinq ans sa cadette, elle ne doit plus trop être réveillée la nuit par le grabataire - si ce n'est pour faire pipi -, mais elle pourra se targuer tout de même de s’être « fait » la star incontestée du cinéma français, même si maintenant c’est plutôt Alain Deloin ! Notez toutefois, plutôt que de sourire bêtement que c’est bien de sa part, à Hiromi, de veiller sur un vieux bonhomme qui, lorsqu’il semblait dans son état normal était déjà franchement bougon et même qu’avec le grand âge, ça n’a pas dû trop s’arranger ! Et puis elle veille aussi sur sa fortune et ça, que voulez-vous, c’est louable, car sans quoi, qui sait si quelques chacals ne roderaient pas à Douchy autour de son château de la Brûlerie où il souhaite être enterré avec ses chiens. L’histoire ne précise pas s’il sera incinéré, ni si les chiens seront morts avant l'inhumation... Mais ce qui est sûr, c’est qu’entre les oeuvres d’art, les chalets en Suisse, les mas en Provence, les apparts à Paris, les magots se la coulant douce dans les paradis fiscaux, on peut aussi comprendre qu’Anouchka, Alain-Fabien, leur aîné Anthony et tous les candidats au test de paternité (à mon avis sans compter les avortements cela doit se dénombrer à l'infini), la lute sera serrée et la surveillance sur Hiromi, renforcée ! D’ailleurs, il se dit dans les journaux et sur les chaînes infos qui préfèrent parler de Delon que de la grande misère réfrigérée dans les rues de notre beau pays la France, que de fortes tensions apparaîtraient dans la fratrie. J’aurais bien une solution à proposer, si j’étais sûr que l’on veuille bien m’écouter parfois. Vu que tout ce qu’a accumulé le comédien durant les longs métrages qui n’ont d’égaux que sa longue existence, il le doit au public, il est également juste que tout ce pognon revienne au public. Et au public qui en a un besoin urgent. Celui pour lequel l’abbé Pierre lançait son appel en 1953, date à laquelle peu ou prou le cabotin s’essayait à ses premiers envois dans les films de cape et d’épée. Certes on ne conteste pas que l’un à fait une plus belle carrière que l’autre. Faut dire que si le talent est très contestable, le chéri de ces dames surclassait le père d’Emmaüs, aussi bien par la gueule que par la taille. Question public cependant, l’abbé Pierre en a conservé bien davantage dans les rues, sous les porches (moins dans les Ferrari) qu’Alain Delon dans les salles obscures. Ces petites digressions pour dire que si nous avions réussi notre Révolution, la question ne se poserait pas. Les enfants et la copine de Zorro, Casanova, Roch Siffredi, Borsalino et cie... auraient droit à une entrée au Gaumont-Pathé, avec un cornet moyen de pop-corns. Le reste irait à tous ces malheureux sans domicile fixe qui font la manche à 23 heures devant l’UGC Montparnasse et crèvent sous leurs cartons, un peu plus tard dans la nuit polaire. Imaginez un peu ce que l’on pourrait construire de centres d’accueil, de cabinets de consultation et d'orientation, pour tous ces pauvres gens à la dérive. Et dont bon nombre viennent encore de mourir de froid cette semaine. C’est reparti comme en 53 ! Ceux dont Saint-Emmanuel-avait-juré-les-mains-jointes que dans cinq ans il n’y en aura plus un seul à la rue ! Ça vous fait rire, hein ? C’est pas drôle, mais c’est nerveux, je vous comprends… Et comme on n’est pas des ingrats malgré tout, le sauvetage de tous ces gens victimes du libéralisme, de la mondialisation, de la compétition et de l’égoïsme généralisé, pourrait se faire sous l’égide de la Fondation Alain Delon. Moi-même ! Ci-dessus, dessin de Coco dans Libé du 5 janvier. |
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