Je n’ai ni la volonté ni moins encore vocation à vous gâcher Noël. Du reste je n’oblige personne à lire cette chronique – certains ne s’en privent d’ailleurs pas -. Mais il est un fait que sur l’énormité de cette fête, j’émets plus que jamais de larges réserves. Non plus cette fois sous l’angle économique, mercantile et consumériste qui suivant les consciences peut sembler magique, angélique et sous d’autres - la mienne - maléfique, diabolique. Passons, il faut pour aimer les enfants leur pourrir l’esprit de cadeaux, les maintenir dans une illusion lénifiante et falsificatrice de la vie, de l'amour et du bonheur. C’est pas encourageant pour la suite, mais cela reste encore et hélas, sujet à caution. Mais là où Noël devient notoirement hideux c’est lorsque le monde occidental et dans le monde occidental nos rares classes privilégiées, célèbrent une fête censée marquer la naissance d’un être certes supérieur, mais qui l’était d’abord par sa bonté, sa générosité, son universalisme pour employer un terme que les enfants laisseront légitimement de côté au pied du sapin. Cela signifie - mais j’insiste sur le fait que vous n’êtes nullement condamnés à poursuivre cette lecture - qu’au sortir de la messe et l’entrée triomphale de la dinde sur la table, méticuleusement décorée de houx et de ho ! laquelle dinde constitue le clou du défilé entamé par le foie gras et conclut par la bûche que l’on arrose de champagne, quelques privilégiés vont se gaver, se saoûler, se shooter au bonheur. Et s’enfermer du même coup dans un entre-soi de bourgeois dégoulinant d’aisance et de suffisance, tandis que quatre-vingt pour cent du reste de la planète sera exclue de la crèche et de la crise de foie. C’est bien d’être heureux parfois et je vous le souhaite – voyez que je progresse et que je m’assouplis !- mais c’est quand même mieux d’avoir le Noël modeste et mesuré. Je rêverais que lorsque les gens consacrent 50 € à leurs cadeaux, ils en réservent autant à aider les autres. C'ets vous dire si je rêve fort ! Les autres, ceux que nous ne connaissons pas, mais qui sont tellement plus nombreux et que même peut-être, ils le méritent ! Les autres, ce sont aussi les familles qui n’ont jamais eu d’enfant – je n’ose même pas évoquer ceux qui n’en avaient qu’un et qui l’ont perdu ; malheureusement ça existe ! - Je pense à Danielle mon ami de Nevers déjà si triste ces dernières années de se retrouver seule et qui désormais a trouvé un drôle de compagnon du nom d'Alzheimer. Saloperie de boche ! Il me vient aussi ce flash bouleversant. Une rue éclairée d’étoiles factices, les rires, les clameurs, étincelles de bonheur et le bruit sec d’un bouchon de champagne s’échappant d’un appartement cossu donnant directement sur un tas de cartons. Dessous, on n’entend que le gargouillement d’un ventre qui n’a point d’oreille. C’est l’un de ces clodos - dont Saint-Emmanuel-les-mains-jointes avait promis, il y a déjà longtemps, qu’ils trouveraient tous un abri -. Il n’est pas très instruit le SDF, mais connaît l’adage qui dort dîne. Alors il aimerait bien au moins pouvoir dormir si les seuls au monde du troisième, sans parler de lui tendre la main, voulaient bien seulement la mettre en sourdine... Mais vous n’êtes pas obligé de lire cette chronique ! A la veille de la célébration de la fête de la Nativité, je pense à toi, Jésus ! Je ne sais si tu as vraiment existé – c’est bien l’un des rares points de convergence qu'il me reste avec Michel Onfray – mais dans l’imaginaire au moins, tu es un type bien. Enfin ce que tu racontes me convient globalement. Durant des millénaires, des prophètes ont écrit ton histoire, les plus inspirés l’ont même échafaudée bien avant que la Vierge ne te lance dans le grand bain. Dans la jungle de textes certes non authentifiés mais néanmoins certifiés par tous les faiseurs de culte, on retrouve Moïse, Mahomet et Abraham. Pas un ne prononce de parole belliqueuse, moins encore assassines et tous semblent avoir pris racine sur les terres de Judée et de Palestine. Voyez et même si le fameux Juda à possiblement trahis notre bon Jésus, il n’y a pas eu pour autant besoin d’intervention de l’ONU, pas plus que le Hamas ou Tsahal ne s’en sont mêlés. Alors pourquoi, plus de vingt siècle après, un tel déferlement de haine, pareil torrent de sang, monstrueuse exacerbation de haine ? Pour quelques territoires à posséder, des colonies à implanter, une domination, une supériorité à exercer. Voyez, je ne suis pas croyant - désolé pour ceux qui en auraient mis leur main au feu ! - et en tant que non tel, je ne me définie pas plus catholique, que juif ou musulman. A la rigueur, je me dirais bien animiste, bien qu’il faille là-dedans aussi, trier et qu’il soit préférable de rester à l’écart de tout dogme, de toute chapelle. Mais Bethléem, cela me parlait quand même. Cette jolie petite église implantée sur cette ancienne cabane de berger couverte de paille où une Vierge enfanta sous le regard médusé de Joseph – dont on se demande tout de même ce qu’il faisait de ses nuits avec Marie ? - un beau petit poupon dont on ignorait qu’il inspirerait la Sainte-Inquisition, la Saint-Barthélemy, la pédophilie et Marion Maréchal-Le Pen. Bethléem, c’est cette petite ville au nord de Jérusalem, d’obédience chrétienne, mais dont la majorité des habitants sont des Palestiniens sur une terre occupée et murée par Israël. Cela faisait des décennies que les trois religions monothéistes, non seulement cohabitaient, mais communiaient et fraternisaient. A seulement soixante-dix kilomètres de Gaza. Depuis, en réponse aux terrible attentats perpétrés par un groupe de fanatiques islamistes, un État exerce une vengeance sans pareil, le génocide, l’élimination d’une population qu’elle rêvait d’exterminer de toute façon, en attendant que l’occasion se présente. Loin d’être mis au ban de la communauté humaine, ce pouvoir terroriste jouit encore du soutien de la première puissance mondiale. Si bien que le massacre se poursuit et qu’un engrenage infernal nous entraîne tous dans un chaos humanitaire. Prêtres, pasteurs, imams et rabbins vont pouvoir redoubler de prières ! Et vous, n’étiez pas obligés de lire cette chronique... |
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