C’est bientôt le vendredi 24 novembre et je prends un peu les devants, de peur d’oublier. Oublier de vous souhaiter, évidemment, un bon black friday ! Oui, parce que maintenant les fêtes, ce n’est plus Pentecôte, le 11 novembre où la Toussaint. Non c’est Halloween, black friday et tout ce qui fait commerce. Alors certes, il est d’autres fêtes traditionnelles qui résistent bien. Parfois mieux que bien. Noël d’abord, suivi de près par la fête des mères et jusqu’à Pâques qui fait son beurre... de cacao ! Des millions et des millions de gens vont, entre ces mois de novembre et de décembre, engloutir des milliards et des milliards dans une hystérie mondialisée. Une débauche d’achats sans queue ni tête destinée à offrir ce qu’ils croient être de l’amour et du bonheur ! Mais alors, sans compter, sans complexe et surtout, surtout sans réfléchir. Réfléchir que cette artificialisation des relations familiales, amicales, humaines, se fait au seul profit des marchands, des multinationales évidemment, mais aussi de tous ceux qui industriels, artisans ou commerçants n’ont qu’un obsession dans leur pauvre vie, qu’une ambition sur terre : faire du pognon. Je n’invente rien, j’en ai évidemment conscience, en reprenant l’idée que le pognon, c’est la gangrène de l’humanité et que le libéralisme si illustrement incarné chez nous par Saint-Emmanuel-les-mains-jointes, en est la cause. La seule. Toutes les catégories sociales se sont engouffrées inconsciemment - pour l'essentiel - ou par simple stupidité, dans cette frénésie consumériste qui conduit l’individu à son malheur, son déshonneur, sa perte. Acheter les dernières frusques, les chaussures tendances, les plus beaux portables et des « joujoux par milliers », c’est aller obstinément, coupablement, bêtement, monstrueusement à l’encontre de tout ce contre quoi il faudrait se battre. Tout ce qui détruit la planète aussi bien par la construction, les grands déplacements, la pollution et du coup la corruption des âmes et des coeurs. C‘est ça, le fléau de la consommation ne se borne pas à liquéfier les cerveaux, il arrache aussi les coeurs, directement avec les dents de l’avidité. Car si les sommes astronomiques, inouïes qui vont être dépensées sur la planète en futilités, en inutilités, en nuisibilités étaient redistribuées partout où les êtres, nos semblables, sont en difficulté, aussi bien chez nous que dans le monde, combien ferions nous d’heureux ? Je veux dire, de vraiment heureux. Pas ces enfants gâtés dont les yeux s’illuminent une demie-seconde parce que leur énième exigence est satisfaite ; pas des petits bourgeois tarés qui commandent dans leur canapé sur Amazon n’importe quelle connerie sous prétexte que ce jour-là, elle est à 25 % moins cher... mais qu’elle reste 100 % inutile ! Admettons qu’à la place du black friday on organise, un jour avant, le white thursday, consistant à donner aux organisations qui viennent en aide aux plus démunies, à la place de dépenses en achats futiles, petits plaisirs égoïstes et imbéciles ? Ça ferait quoi 10, 20 % de don ? Je crois qu’avec 5 % on pourrait déjà s’estimer heureux ! Il y aurait bien une solution pour en finir avec cette tyrannie de la consommation outrancière, qui aura détruit en quelques décennies la terre et ceux qui vivent dessus (y compris les autres espèces vivantes qui ne consomment pourtant pas). On ne changerait certes pas les hommes, mais au moins leur imposerait-on d'autres habitudes. En supprimant tout simplement la publicité. Elle en est évidemment consubstantielle et c’est elle qui en démultiplie, dans des proportions vertigineuses et maléfiques, les effets. Des événement sportifs - dont la compétition n’est qu’un argument pour capter aisément les foules fanatisées - aux petits catalogues que l’on vous fourre plusieurs fois dans les boites (au lettre et cranienne) et où les enfants veulent tout commander, en passant par les affichages urbains, les interminables litanies de pubs télévisées partout, tout le temps, au points que parfois on a l’impression que c’est le film ou l’émission, qui sert de transition... Tout cela n'est encore une fois et comme toujours, que de l'utopie. Alors que dans une monde conscientisé et généreux, il ne serait qu'évidence et nécessité. Las, il n'y a pas de black friday, de remises exceptionelles, pour les consciences ! En réalité, il faudrait une catastrophe planétaire, un cataclysme humanitaire pour que nous en finissions avec ce capitalisme destructeur de raison et d’âmes. Si je n’avais sur terre quelques personnes auxquelles je tiens vraiment, j’en serais arrivé à l'appeler de mes vœux… Et au fait, je ne sais plus si je vous l’ai déjà dit : joyeux black friday ! |
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