J’assistais, ce matin, aux cérémonies du 11 novembre. Pour un anar-coco de la pire espèce à laquelle j’appartiens, ce n’est pas le moindre des paradoxes de se retrouver là, au milieu de cette foule souvent figurante, parfois intéressée, le cas échéant concernée. Je sais que je pourrais m‘en dispenser - car vous les connaissez - mais je n’hésite pas à fredonner pour vous, ces vers de Brassens : « La musique qui marche au pas, cela ne me regarde pas… mais les braves gens n’aiment pas que, l’on suive une autre route qu’eux ! » Dans mon joli village d’Aubrac, cela fait un moment que certains de ces braves gens, rassemblés autour du monument au mort, me regardent de travers… Il est un fait que dans le Var je passais nettement plus inaperçu, dans le Tarn je serais nettement moins différent des autres… mais est-ce si grave ? J’y vais tout de même volontiers aux « commémos », sans hypocrisie aucune, mais avec le souci de faire société. C’est important, me semble-t-il, tout en préservant son quant-à-soi, de se mélanger aux autres, riches et pauvres, heureux et malheureux, jeunes et vieux. Beaucoup sont très fréquentables, vous savez ! En tout premier lieu, même si cette psalmodie « mort pour la France » qui succède aux noms des victimes des guerres, m’agace au plus haut point ; si la Marseillaise fredonnée à tout bout de chants et à tous les stades de chauvinisme, m’irrite désormais, c’est à mon propre pépé Jules - que je n’ai pas connu - , médaille de guerre, plusieurs fois blessé au front et gazé, que je viens rendre hommage. Comme je l’ai aussi fait en écrivant, les larmes aux yeux, entre les pages 36 et 43 de ce roman Petite fille dans la tourmente - qui mériterait mieux d’être lu -, l’atrocité, le calvaire, l’enfer que lui et ses millions de camarades ont subi sur les fronts du nord et de l’est. Hier matin, les maires de France ont récité, suivant la tradition, le message du ministre des Armées, en l’occurrence un certain Lecornu. Discours en appelant certes à la mémoire et à l’unité nationale (c’est curieux de réclamer l’unité nationale lorsqu’on provoque sans cesse la discorde !) mais oubliant de rappeler que la guerre était une saloperie sans nom au même titre que la vente d’armes. Toujours le même baratinage démagogique, peu profond, pour ne pas dire vide de sens. J’estime malgré tout que la République remplit correctement son rôle en invitant tous les enfants des écoles, futurs citoyens, à se rassembler ce jour-là pour se souvenir que leurs ancêtres ont connu la faim, le froid, la peur et la mort ! Tout le problème tient au contenu et au sens du message. Ne pourrait-il pas rappeler que ces hommes, souvent très jeunes, presque des enfants, n'ont pas choisi de monter au front, qu'ils y ont été contraintssous peine ... de mort ! Qu’ils n’ont eu d’autre choix que de servir de chair à canon pour satisfaire les États-majors. Ils sont peut-être morts pour la France mais en tout cas, pas au service de l’humanité. Ce serait bien honnête aussi d’expliquer à ces jeunes, que si la guerre est horrible, notre pays, la France pour qui sont morts des millions des nôtres, est encore aujourd’hui, le troisième plus gros exportateurs d’armes au monde, ce qui lui rapporte vingt-sept milliards par an. Ne l’empêchant pourtant pas d’être l’une des économies les plus mal en point de la planète! Et que le budget des armées s’élève à près de cinquante milliards, quand celui de la recherche n’est que de 26, de la culture de 4,4 et de la santé de 3,4 ! Je ne parle pas de la Diplomatie dont on se moque et de l’intégration que l’on soigne à coup de grenade et de LBD ! Partout dans le monde, la France est présente sur les scènes de guerre. Parce qu’elle aime ça et surtout parce que cela lui rapporte ! Totalement inféodée au bloc des va-t-en-guerre États-uniens, elle connaissait avec la recrudescence des conflits lourds une embellie sur le plan commercial aussi bien que diplomatique, puisqu’elle se permettait en passant, de donner des leçons à tout le monde. Se montrant même plus radicale que les radicaux, notamment dans le conflit Israëlo-Arabe. Mais les mauvais commerces finissent toujours par vous rattraper. Vous vous demandez peut-être pourquoi Saint-Emmanuel-les-mains-jointes, celui qui de tous les présidents aime le plus se mettre en scène, vient de renoncer à défiler contre l’antisémitisme ? Hé bien non, ce n’est pas qu’il le soit devenu lui-même, antisémite, ni même qu’il ait réalisé qu’il était indécent de défiler pour Israël quand cet État-terroriste anéantit, massacre tout sur son passage à Gaza. Non, la réalité s’avère bien plus prosaïque, sonnante et trébuchante. C’est que les principaux pays à qui la France vend les armes, limitant ainsi le désastre de son commerce extérieur, sont ... les pays arabes ! : Arabie Saoudite, Egypte, Emirats et Qatar, essentiellement. Alors, d’ici à ce que les émirs solidaires de la Palestine, lui aient suggéré de la mettre un peu en sourdine... Voilà pourquoi le discours sur le conflit du Proche-Orient serait plus nuancé, voilà pourquoi on appellerait à cesser-le-feu (après avoir dit le contraire une semaine avant) et voilà pourquoi on ne manifesterait plus sous la banière des lobbies. Finalement, la politique étrangère de la France n’est pas si compliquée à comprendre, même si elle est parfois… bien étrange ! |
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