Quelques jours à peine après sa visite à Marseille, la Canebières était en feu, quasiment en état insurrectionnel. C’est un peu ce qui est devenu dans l'imaginaire collectif : « l’effet Macron ». Son pouvoir de mobilisation s’exerce en réalité bien plus massivement dans la rue que dans les urnes, même si, hélas, cela lui suffit pour nous remettre le couvert... Non mais sérieusement, il n’était point besoin d’être grand analyste politique, ni sociologue affûté pour deviner que l’enchaînement des événements depuis plusieurs mois conduirait à ce dont rêvent les syndicats policiers, dont certains n’hésitent pas, d’ailleurs, à évoquer la guerre civile. Et pourquoi pas aussi un putsch des généraux ! Cela a (re) commencé en début d’année avec les manifestations contre le report de l’âge de la retraite où des millions de gens totalement pacifiques - et je dirais même bon-enfants – défilèrent vainement et à quatorze reprises. Faut vraiment vouloir rester déconnecté des réalités basiques de son pays, pour croire que ce mépris devant un mouvement aussi massif et durable, ne laissera aucune trace. Puis, comme un point sublime – à mon avis – il y eut le rassemblement de Saint-Soline où les partisans de la nature ont voulu marquer les esprits en invitant un pouvoir totalement inféodé au lobby agricole, à arrêter urgemment les conneries. Pour toute réponse, les libéraux avides de piller les dernières ressources de notre terre – qui êtes aux cieux ! - pour se remplir encore les poches -mais que font-ils tous ces gens de leur pognon ??? - ont employé la force, se livrant à un véritable massacre dans la plaine poitevine. Et non content d’en avoir pris plein la gueule, ces salauds d’écolos qui se permettent de crier « pitié pour la planète » - alors qu’il reste encore tant de voitures, de voyages en avions et d'objets connectés à consommer -, ont été dissous. Dissous c’est pas cher… mais quand même ! Et en effet, bande d’illuminés, quelle idée de vouloir se soulever ! Dans ce beau pays démocratique, la France, celui des Droits de l’Homme - cela paraît con de le rappeler, mais soyons cons et rappelons-le quand même -, celui de Jean Moulin et Stéphane Hessel, vouloir se dresser, résister, s’insubordiner, serait devenu selon les chantres de la Macronerie, un crime de lèse-majesté, passible de l’interpellation, la garde à vue et dans certain cas, la mort ! C’est pas que je me sente en rien prophète ou même humble visionnaire, je serais même du genre mauvais pronostiqueur, ce qui m’a conduit à me détourner du PMU et du loto sportif, dont j’étais grand adepte comme vous l’imaginez, mais enfin il me semblait bien que, parti comme c'était, nous n’étions pas au bout de l’histoire. En bon anarchiste - enfin, bon, je crois -, je suis contre tous les pouvoirs individuels, qu’ils viennent de l’Elysée, de Rome ou du ministère de l’intérieur. Si au lieu du pognon et de la course aux diplômes, on avait inculqué à nos enfants, depuis l’après-guerre, le sens de la fraternité, de la solidarité, donc du partage, il y aurait moins de riches et surtout encore moins de pauvres et nous n’en serions pas à cette inéluctable confrontation dans une société cynique et inique, où quelques-uns ont tout et les plus nombreux, quasiment rien ! Et si j’habitais au sixième étage d’une tour sans ascenseur, avec un soleil de plomb qui tape sur une façade dégueulasse, sans rien dans la gamelle, si je n'avais rien dans le porte-monnaie qui me permette d'exister décemment, d’envoyer mes enfants au club de foot, à la piscine ou au cinéma, je suis quasiment sûr que je n’empêcherais pas les miens, d’aller exprimer aussi violemment que ce soit, leur colère. Nous avons eu la chance de naître du bon côté, je ne m’en vente pas d’autant que je crains de n'avoir pas su transmettre les valeurs qui me nourrissent, les seules qui compte à mes yeux. La colère de ses gamins est saine et légitime ; regrettable aussi lorsqu’elle s’en prend à d’autres pauvres gens, aux écoles, aux lieux de culture, mais elle est nécessaire. Car elle seule peut-être entendue… Et c’est donc, cette légitimation permanente des agissements policiers, en dépit de toute objectivité et habileté, qui a conduit un agent à ouvrir le feu sur un gamin certes au comportement délictueux, mais en aucun cas criminel. Et là, repose toute la lourdeur de la situation. Sous prétexte que les enfants - que nous avons rejetés dans les ghettos, les privant de toute chance d’intégration, d’éducation, de socialisation - commettent des délits plus ou moins graves et avérés, la police exaspérée, les racistes organisés en hordes électorales terrifiantes, justifient et applaudissent le fait qu’on puisse leur tirer dessus, y compris à bout portant. Il y a chez les flics comme ailleurs, des gens bien. Et comme chez les comptables, les avocats, les journalistes il y en aussi qui ne le sont pas. Du tout. Mais la différence c'est que les comptables, les avocats, les journalistes n'ont pas de port d'armes. Partout dans le monde – à part aux Etats-Unis dont nous avons copié, comme toujours, l'affligeant modèle – l’on s’étonne et condamne régulièrement les atteintes permanentes aux libertés publiques et les violences d’État, comme d’autres dénoncent le non-respect des accords sur le climat où les transgressions aux règles financières… Pourtant, il ne baisse pas la tête, l’État. Continue même à donner des coups de menton - et de bâton -, avec toujours et c’est tout de même le drame récurrent de notre pays - hier avec les juifs, aujourd’hui avec les arabes – le soutien d’une forte proportion d'électeurs-collaborateurs et de moutons... On se cotise et donne un million pour un criminel en tenue et les fans abrutis pleurent parce que le concert de Mylène Farmer a été annulé ! |
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