V ous l'imaginez bien, j'ai beaucoup hésité entre écrire une chronique sur le roi d'Angleterre ou vous parler de mon livre. Au bout d'une réflexion intense, quasi métaphysique d'ailleurs, ce qui a fait pencher la décision, c'est que du « sacré Charles III » vous en avez peut-être entendu parlé dans les médias. Ce qui semble être moins le cas de ma « Petite fille dans la tourmente » pourtant pas plus vilaine ! Rien cependant de surprenant, vu que la pauvre gamine paumée dans la neige sur cette belle couverture, est une roturière de l'Aubrac, dépenaillée, livrée à son triste sort. On le voit tous les jours à travers l'actualité - et le panégyrique du couronnement d'un charlot en fait foi -, les gens malheureux n'intéressent peut-être, surtout s'ils ne sont pas nés là où faut, là où il ya de quoi manger et où papa possède la belle auto et le bras assez long. Ma petite fille ne vient pas du Maghreb ou de Somalie, mais du Cantal. Vous me direz c'est un peu la même chose, sauf que quand même à Paris, on est bien mieux reçu à l'Ambassade d'Auvergne qu'à celle d'Algérie ! Tout part donc de Baraque-veau. C'est le nom de la ferme où naquit la petite Marie-Paule Vaissière sur la commune de Granbourg, aux confins de l'Aveyron, de la Lozère, mais dans le Cantal. A ce sujet j'ai une anecdote. Pour moi l'Aubrac ce n'est pas une région, c'est une entité. Qui n'appartient qu'à elle. Et lorsque j'ai reçu l'épreuve du bouquin, avec le logo d'Auvergne, mon sang n'a fait qu'un tour. D'autant que sur la mini-carte de France voisine, la région mise en exergue est bien l'Occitanie. J'ai tout de suite pensé à mon cousin Guy, chevalier ardent de la cause occitane et de mon ami Bastide élu de la Région. Ce n'est pas que je sois plus pour Wauquiez ou pour Delga (bien au contraire) et pour une fois dans ce livre, de politique il n'y en a pas. Ou pas de manière partisane en tout cas… Mais enfin n'ayant pu parvenir à convaincre le directeur de collection de l'Harmattan de réparer cette faute de goût (le Cantal ne représente que 20 % de l'Aubrac) je tiens à écrire que je suis désolé pour ceux qui se qualifient plus les occitans. Vous en foutez ? Ah bon ! Tant mieux alors. Je continue. Concernant les premières années de sa vie, je le concède, j'ai eu la main lourde. Cette époque de l'entre deux guerres (je ne parle pas de l'Ukraine) en basse-Auvergne ou en haut-Languedoc ne consentait que peu de cadeaux aux paysans laborieux mais démunis, souvent misérables fermiers ou petits propriétaires de cheptels faméliques. Il y avait tant de travail et de souffrance que l'on ne laissait pas toujours de place suffisante aux sentiments. Mais vous serez vite rassurés et remis en condition pour accompagner la petite fille dans ses études et une trajectoire inattendue. Et non elle ne finira pas derrière la caisse d'une grande brasserie de la capitale, préférant se consacrer à d'autres aliments. Avec Célestin, le père, qui mena un combat sans issue des tranchées de Lorraine aux forêts de fayards, le troisième personnage de cette mini-saga familiale, n'est autre que Jean-Luc. Je ne vais surtout rien dévoiler – non, parce que je n'en ai peut-être pas l'air, mais j'ai bien l'intention de le vendre ce bouquin ! - divulgâcher - comme ils disent au Québec – ou spoiler - comme disent les cons qui parlent à la manière de Charles III -, je ne vais surtout rien dévoiler, mais ce Jean-Luc-là, est un sacré malfaisant. Remarquez, il tient ça de son père, Marc et de son oncle, Luc. Vous suivez ? Non je sais, c'est un peu confus comme ça, avec Charles III qui se balade au milieu, et ceux qui lisent mes chroniques en travers pour s'en débarrasser plus vite, n'auront plus qu' Un pauvre type, ce Jean-Luc, même s'il ne méritait peut-être pas de finir ainsi. Mais enfin à ce stade, je voudrais aussi présenter mes excuses à tous mes amis Jean-Luc et il se trouve que j'en ai un paquet. Deux Jean-Luc T, un Jean-Luc B, un Jean-Luc F, un Jean-Luc M et je dois en oublier. Quand je me plonge dans l'écriture, je ne calcule rien. D'ailleurs il est fort rare que je calcule. Là ça m'allait bien. Les vieux portaient tous des noms d'apôtres et pour la deuxième génération, j'ai choisi d'associer les mêmes prénoms. Voilà on va pas en faire un tome 2, mais je voulais juste dire que tous les Jean-Luc que je connais sont des types bien ! Alors sûr que Marie-Paule est bien le personnage principal de cette histoire, mais celui sur qui tout repose, dans sa majesté - non ce n'est pas Charles III -, sa rudesse, ses splendeurs et ses rigueurs, vous l'avez deviné parce qu'on ne vous la fait pas, c'est l'Aubrac ! Pas une page sans que le parfum des fleurs sauvages, les ondulations des hautes prairies, le souffle de l'écir et le brame du cerf dans les forêts de hêtres, le feu de bois crépitant sous les marmites d'aligot, les meuglements des étables et les glougloutements de cour, agrémentent votre lecture… Ben si avec ça vous ne vous jetez pas dessus ! |
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