Extrait de "Et ton livre d'éternité ?
Le Temps du jaune cacatov
par É Say Salé
C’est le temps du jaune cacatov, un texte à jaunir vos zones de confort si vous y êtes encore par É Say Salé, auteur dramatique congolais vivant à Ouagadougou et qui a participé au Balai citoyen, mouvement de la société civile qui a chassé Blaise Compaoré du pouvoir au Burkina Faso, l’assassin de Thomas Sankarail faudrait encore 4 millions de prises de conscience comme en Algérie (le mouvement du Hirak) ou hier au Burkina ; qu’est-ce qui va changer le rapport de forces ? de toutes petites mesures fiscales ont déclenché un mouvement social et politique, pas vu depuis 50 ans et plus, un mouvement pas prêt de s’éteindre, bien installé car les GJ (NDLR. vous avez bien traduit les Gilets jaunes) savent ce qu’ils ne veulent plus, ont surmonté la peur et travaillent à ce qu’ils veulent, devenir constituants; ce qui est autre chose que l’horizontalité et qui demande une sacrée persévérance est-ce en préparant consciemment la grève générale jusqu’à satisfaction qu’on changera le rapport de forces ? espérant qu’une préparation consciente donnera le résultat escompté, certains y croient; l’histoire nous apprend les ruses de l’histoire réclamer la convergence des luttes, est-ce réalisable après des décennies de grèves tournantes, de grèves de 24 H, de manifs bidons, de compromissions et de collaboration de classes ? les appareils préféreront être détruits que de se détourner de la collaboration appelée négociation; certains y croient; sera-ce un effet papillon, qui sortira de leur zone de confort les 3 à6 millions de tièdes, genre une photo (comme celle de la petite fille sur une route au Vietnam qui fit basculer la guerre, Kim Phuc, 9 ans, brûlée au napalm et courant nue sur la route de Trang Bang, photographiée, sauvée aussi par le photographe Nick Ut, le 8 juin 1972, mais pas celle de Aylan Kurdi, retrouvé noyé le 2 septembre 2015, sur une plage de Bodrum en Turquie, ni celles d’aucun éborgné),genre un fait divers particulièrement chargé symboliquement ; genre un scandale politique (pas le cas avec l’affaire Benalla) seront-ce des milliers de micro-actions dont on ne connaît jamais les effets secondaires et tertiaires ? donc penser et agir là où on est en sachant comme le dit Shakespeare:« Rien de ce qui est, n’est » ; la vie est un songe parce que tout réel, tout ce que je dis réel est vu à travers mon prisme mais si je suis un songe et passif dans ce songe, peut-être puis-je aussi assumer un rôle en partie actif dans le songe (on peut avec entraînement, intervenir un peu dans ses rêves, en lien avec l’inconscient collectif)5avril 2019
– Le méprisant : Regardez, avez-vous vu comme je m’y suis pris pour surfer sur la vague dégage de là qui a marqué l’élection présidentielle de 2017. À droite, ils se sont dégagés tout seuls, entre eux. À gauche ils se sont dégagés tout seuls, entre eux. Avec la naze en face, impossible de ne pas gagner. Barrage à la haine. Le tour a été brillamment joué. Il a déjà servi quelques fois. Je me définis comme ni ni et comme en même temps. Prêt à dire, à promettre ce que les urnes et les burnes veulent entendre. Séducteur au pouvoir, dévoué au capital, tentant de vendre toutes les richesses de l’appareil d’état pouvant être vendues, autoroutes, voies ferrées, aéroports, centrales nucléaires, barrages hydroélectriques, française des jeux... après que d’autres avant moi ont déjà vendu bien des richesses. Mon exploit : Alstom, vendu à General Electric, alors que j’étais encore dans la couveuse servant à sélectionner et à faire grandir l’ombre de l’homme de pouvoir. Aujourd’hui, je jupitérise, pleins pouvoirs, sunlights braqués sur moi, je me cocaïneamphétaminelenaze , j’ai ramené l’exécutif Maquignon à l’Hélisée exécuteur ; je décide seul pour le bien de tous, enfin c’est ce que je fais croire. En ce qui concerne la confusion vie publique, vie privée, circulez, y a rien à voir : ben allah n’existe pas, venez me-le chercher.
– Le traître sorti du sérail : T’as rien compris au jeu compliqué, complexe de la V° République et de l’élection pestilentielle. T’es sorti du chapeau, coup bien monté, avec 29 Unes de Paris-Match, chapeau. T’es arrivé en haut avec pour fonction d’incarner la République = le président avec tous les corps intermédiaires qui refondent périodiquement la France, donc avec obligation une fois installé de te désincarner, sortir de ton corps comme si t’étais mort mais toi, tu joues à fond le jeu contraire, un jeu dangereux, la carte du solitaire solaire, du maître du jeu, du guide, du premier de cordée de la start-up Rance. En fait, tu vas nous déciller les yeux. Tout ce cirque qui dure depuis des mois, c’est de la magie, comme dans les sociétés africaines, rien de rationnel, de la magie gouvernant aux rites irrationnels de constitution périodique du corps social, du vivre ensemble auxquels on nous demande d’adhérer, de croire. Toi, en voulant qu’on s’identifie à toi, tu ne peux que devenir le fusible qui devra sauter. Tu vas tomber du haut d’eiffel.
– Un GJ, non représentatif, ne représentant que lui-même : Tu ne m’as jamais vu, j’étais l’invisible. Tu n’as jamais vécu mes conditions de vie, de survie et tu ne peux donc rien comprendre à mes souffrances, mes frustrations, mon ressentiment. Tu es condescendant, méprisant et donc tu rajoutes de la souffrance à nos souffrances, à nos attentes, oh, de petites choses, le superflu qui rend la vie tout d’un coup plus vivable, une séance de cinéma, un restaurant, un bouquet de fleurs, un cadeau à Noël. Pas question pour toi de pénaliser les riches, de revenir sur la suppression de l’impôt sur la fortune et autres mesures favorables à une dizaine de milliardaires archi-milliardaires. Pour toi, nous sommes des riens. Seuls comptent les premiers de cordées qui font ruisseler la sécheresse. Alors, vois-tu, depuis le 17 novembre 2018, nous avons enfilé le gilet jaune. Impossible de ne pas nous voir. C’est le temps du jaune, de la couleur qui met tout en lumière. C’est le temps du jaune, le temps des cocus, le temps des jaunes, des traîtres, ceux qui refusent ta loi, celle du profit, mais aussi la loi des partis, de gauche comme de droite, des syndicats, de tous ceux qui se sont compromis, les vendus de la collaboration des classes au détriment de la lutte des classes.
– Le méprisant : Gazez-moi ces vociférants. Lacrimorigénez-moi ces vieux ratatinés, ces laides décoiffées, ces handicapés en peignoir, ces faux laborieux, ces travailleuses assistées, ces fous furieux, ces anti-sémites, anti-sionistes, xénophobes, homophobes, ivrognes, racistes, ces gaulois réfractaires, ces anarcho-fascistes. Éborgnez-les. Enfumez-les. Je ne veux plus les voir, je ne veux plus qu’ils voient. Visez les yeux qui veulent voir le changement. Visez les mains qui tiennent les portables filmant nos privilèges. Détruisez les symboles, les banderoles, les pancartes, les cabanes.
– Une Femen : Ben, à quelques-unes avec nos seins peints, on a réussi à éborgner une statue de l’art du triomphe. Cris d’orfraie chez tes féministes d’extrême-centre qui ont profité de ton zélan dégagiste pour arriver aux postes intermédiaires et voter, raides comme des queues de billard, toutes tes mesures pro-capital, anti- travail et anti-démocratiques. La plus vilibandante, Maryhélaine, fille de son père trotskart.
– Le méprisant au Proculheurt de la Respublica : fous-moi ça au trou, sans comparution, sans motif, pour l’exemple. Proculheurt, mes queues de billard ont voté une loi dont tu useras, abuseras, la loi anti-casseurs. Tout sein peint sera brossé à la brosse de crin. Tout porteur de masque quand les lacrimos sont lâchées sera passible de prison. Interdiction de respirer quand nous rendons l’air irrespirable. Dispersez-vous enfants de la balle, vieux de la vieille, déclassés des cités et des quartiers. Allez mes trolls, injuriez-moi par milliers de tweets sur twitter, ces anarcho- fascistes, ces foules haineuses, ces complices du saccage des lieux chics et branchés, du pillage des assiettes des brunchs aux élysées, la vitrine mondiale de notre pays.
– Un GJ, vieille âme, réincarné du 14 juillet 1789 : proculheurt de la raiepublique en crise, t’es l’homme qui libère le mignon du méprisant et tu enfermes pour 3 ans, mon pote le gitan. Je te le dis, l’heure des comptes viendra. Nous imposerons une loi d’amnistie, l’abolition de l’état d’urgence, le retour aux gardiens de la paix. Et toi, va savoir comment tu finiras. Moi, en rêve, j’ai vu une tête au bout d’une pique
Et ton livre d'éternité - par Jean-Claude Grosse - Éditions LesCahiers de l'Égaré - 666 pages - 28 euros.
A commander à : Les Cahiers de l’Égaré 669 route du Colombier 83200 LeRevest-les-Eaux ou chez votre libraire. Infos: https://cahiersegare.over-blog.com/2021/07/alors-ton-livre-d-eternite-tu-le-rends-quand.html
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