26.- AFGHANISTAN : UN ENFER PAVOT DE BONNES INTENTIONS - Voué à éveiller les consciences, à décongeler la gauche (clin d'oeil à mes camarades du Cactus) et à chatouiller sous les bras en quête d'un peu de rire à minima d'un sourire esquissé, Macronique n'a jamais eu et n'aura pas davantage vocation à instruire ou à révéler. Et si je me risque à évoquer l'Afghanistan ce n'est en aucun cas dans l'espoir de le débarrasser des Talibans ni d'aucun autre démon, mais de tenter une explication. Je la dois en partie aussi à mon ancien collègue André Baudin - auteur d'un ouvrage évoquant le Colonel Massoud - ainsi que son ami universitaire Jean Casanova.
Ce qui se passe dans ce pauvre et lointain pays d'orient, relève d'une part de la folle prégnance des religions moyenâgeuse qui perdurent un peu comme au fin fond de nos propres contrées, d'autre part de la démoniaque partition des États-Unis qui jouent avec le feu, les vies et la dignité du peuple afghan depuis plusieurs décennies.
Pour comprendre - sans réellement l'expliquer ni l'accepter - les odieuses manœuvres américaines il faut remonter à la fin des années soixante-dix. C'est alors qu'à la demande de Mohammad Taraki, chef du Parti démocratique de tendance socialiste, l'Union Soviétique finit par intervenir pour mettre un terme à l'hégémonie des Talibans sur le territoire. Des intégristes musulmans soutenus notamment par le Pakistan voisin et les pays du Golfe, Arabie Saoudite en tête.
Le régime de Takari met en place plusieurs mesures collectivistes et sociales (école obligatoire pour les filles, égalité des sexes, abolition des dettes paysannes, réformes agraires) qui vont sensiblement améliorer les conditions de vie notamment des femmes, en desserrant l'étau religieux et féodal : la dot et les mariages forcés sont interdits, l'âge minimum légal pour le mariage est rehaussé. Les femmes obtiennent par ailleurs le droit de ne pas porter le voile, de circuler librement et de conduire.
Alors que perdure la guerre froide, l'Union Soviétique reste assez prudente, voire timorée. Elle n'engage pas toutes ses forces dans la bataille et souffre déjà dans les combats directs à proximité des montagnes afghanes et leurs vallées encaissées. Lourdement armés par les États-Unis, les fondamentalistes musulmans obtiennent le retrait soviétique et la Charia est proclamée dès 1992.
Le Colonel Massoud, chef de guerre reconnu et fédérateur, reprend les armes contre les religieux au pouvoir et compte plusieurs succès. Mais à la fin de l'été 2001 Massoud est assassiné par de faux journalistes français qui pouvaient être de vrais membres des services secrets américains.
Deux jours plus tard, ce sont les attentats du 11 septembre. Georges W. Bush décide alors de frapper tous azimuts et de prendre le contrôle de l'Afghanistan. En clair de pourchasser ceux que la grande Amérique avait installés au pouvoir vingt ans plus tôt ! Soutenus par l'OTAN et pas moins de 37 pays, les USA placent à la présidence leur marionnette, Hamid Karzaï, dont le bilan politique et diplomatique sera proche de zéro. En revanche, bonne nouvelle pour le commerce, deux ans après l'intervention, l'Afghanistan redevient le premier producteur d'opium et d'héroïne. Un enfer pavot de bonnes intentions !
La drogue sera, de l'autre côté, celui des fous de Dieu, le nerf de la guerre et permettra de nourrir les troupes et de leur octroyer les meilleurs soutiens parmi les dirigeants régionaux. Certains pays arabes et le Pakistan poursuivant discrètement leur soutien logistique et... balistique.
Tout comme les Soviétiques trente ans plus tôt, les colonisateurs américains iront de défaites en désastres, d'humiliations en démissions. Jusqu'au renoncement final et le retrait des troupes yankees prononcé, ça ne s'invente pas, par le demeuré Donald Trump, dont la méconnaissance du terrain autant que des enjeux géopolitiques laissa le reste du monde diplomatique, pantois !
Mais ce qui est peut-être plus fort encore, hallucinant, écœurant c'est que la communauté internationale et les grands donneurs de leçons, les libéraux européens, laissèrent le fou de Maison Blanche livrer les Afghans à leurs tortionnaires... Alors vous devez penser, oui mais Joe Biden a confirmé le verdict ! Ben oui, qu'est ce que vous voulez que je vous dise ? Des milliers de morts, des attentats qui tuent ceux qui cherchent à quitter le pays, des millions de femmes redevenues des esclaves d'une bande de dégénérés... Voilà qui n'a pas fait frissonner le vieillard de Washington.
Quant à Saint-Emannuel les mains jointes, il a réagi très vite et sur TF1 s'il-vous-plaît. Bravo !
C'était pour s'inquiéter d'une possible migration massive d'exilés Afghans. Re-bravo !
NB - Et si vous observez que cette analyse n'est pas la plus répandue, que les médias ont plutôt tendance à trouver normal ce que font les États-Unis et leurs affidés, ne soyez pas étonnés. Cela s'appelle la pensée unique et le bourrage de crâne. La désinformation si vous préférez.
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