mardi 6 juillet 2021






5.- BEZOS ET POGACAR EN APESANTEUR - Cela fait bien longtemps que je ne m'intéresse plus dans le fond, au Tour de France. Cela m'est venu bien avant le rugby. C'est un peu comme avec les religions. J'ai quand même besoin d'y croire et lorsque je n'y crois plus, cela m'indiffère. J'aurais même une certaine tendance à charger la mule - comme un cycliste - lorsque je me sens trahi. Ce n'est d'ailleurs que mon problème car pas plus Anquetil que Pantani ne me promirent jamais d'être des surhommes pédalant à l'eau bénite. Mais enfin voyez finalement je préfère le football ! C'est vraiment un sport à la con qui tient toujours ses promesses.
Pourtant et alors que le rugby ne m'attire plus du tout, lorsque la deuxième semaine approche, j'ai tendance à être propulsé vers ma télévision alors même que je suis incapable de l'allumer sans l'aide d'une assistante. Que ce soit dans les Alpes, les Pyrénées, les Vosges ou mieux encore le Massif Central, la compétition cycliste quitte le giron étriqué et détraqué du sport de compétition, pour devenir un théâtre vivant et de plein air, une dramaturgie immuable, un ballet finement réglé même si je n'éprouve aucune attirance particulière et invertie pour ces petits culs en danseuse.
Alors comme naguère Virenque, Amstrong et Froome, j'ai vu filer en un éclair une étoile du nom de Pogacar. Un slovène. C'est fou ce qu'il y a comme Slovène dans le vélo ! Mais non. En fait il n'y en a que deux, mais l'année dernière ils ont fini premier et second. C'est également fou ce que le hasard peut faire ! Tandis que tous les autres, des vieux briscard du peloton, de jeunes mecs surentraînés ne portant sur leur selle que la peau et les os, affichaient des gueules de mineurs décomposées - l'un d'eux déclara qu'ils avaient perdu des années d'espérance de vie en cette seule étape -, Pogacar pédalait au train, sourire en coin, certains l'auraient même entendu siffloter "on ira tous au paradis". Surtout lui... Mais enfin dans quelques années, on lui enlèvera peut-être ses cinq Tours de France volés aux pauvres bougres moins "préparés" et dont les druides n'avaient pas encore déniché la dernière potion...
J'ai beau rejeter ce monde de la compétition, y compris cycliste, je sais déjà que sauf accident, je referai exception à mon abstinence télévisuelle en regardant avec un brin d’admiration et de sollicitude, ces masochistes aux grands braquets. Savez-vous pourquoi ? Pas tant parce qu'il y a parmi eux le jeune Van der Poupou, le petit-fils de Raymond, mon idole. Mais parce que c'est beau la montagne. Parce que ces jeunes perdus dans le brouillard, à bout de force, pédalent tous par passion du vélo. Car à 35 000 euros par an pour les plus humbles, la grande majorité, cela s'appelle de la passion. Voire même... de la connerie. Et c'est la seule que j'approuve.
Rien à voir en somme avec tous ces sportifs obsédés par le fric, comme un vulgaire chef d'entreprise. Mus par cette avidité au flouze à mes yeux totalement incompréhensible. Et de toute manière inexcusable. Je ne suis pas un bon client pour les philosophes et autres sociologues qui prétendent réfléchir, voire même savoir pour nous. Le savoir est trop vaste et la réflexion trop personnelle. Enfin à mon sens. Mais enfin j'écoutais ce matin Edgard Morin fêter ses cent ans sur France Culture avec un autre gâteux : Régis Debray. N'était l'impérative urgence que le bel homme se satisfasse de profiter de son jardin, j'ai néanmoins entendu son abhoration pour la réussite, ce mot propre au business qui salit l'espèce humaine, l'abaisse dans la fange de sa vaine fatuité.
Et cela m'amène d'un coup de pédale à l'autre évènement du jour (à part la candidature de Delphine Batho à la primaire écolo) : le retrait de Jeff Bezos d'Amazon. En voilà un pour qui les mots me manquent (mais si, ça m'arrive !) Je l'aurais bien traité de bâtard ! Mais quel intérêt puisque c'est le cas ? Abandonné à sa naissance, il fut récupéré par un immigré Cubain. Probablement élevé dans le culte de l'anti-communisme, donc rétif au partage et à l'altérité, le chauve se mit à boursicoter alors qu'il était encore au lycée. Comme tous les "rats dégoût" il sut où et comment il allait faire du pognon. A Wall-Street et dans l'internet. Et puis attention, il n'a pas vendu des hamburgers ou du cannabis, le grigou, c'est avec des livres qu'il a fait fortune dans un monde si peu ouvert ne serait-ce qu'à la première page. Aujourd'hui le chiffre d'affaires de sa boutique approcherait les trois cents milliards annuels !
Mais enfin je vous rassure, des livres il n'en vend plus Bézos, oh pardon ! bézef. Ce sont plutôt des conneries, des jeux vidéos, des cadeaux de fête des mères, des tondeuses pour moutons et des pièges à cons. Oui et encore quelques bouquins, si vous insistez. N'empêche, rétorquent ses soutiens du monde enchanté des capitaux, il a créé combien d'emplois ? C'est vrai ça ! Et combien a-t-il précarisé de pauvres bougres dans le monde ? Combien de commerces de proximité a-t-il ruiné ? Et de librairies fermées...
Et vous commandez encore sur Amazon, vous ? Grrrrrrr...
Enfin, il y a un happy end à macronique du jour. Tandis que le petit patron roule en grosse allemande, le capitaine d'industrie en jet privé, l'homme le plus riche du monde se déplace en fusée. En juillet il décollera à bord de sa propre station spatiale Blue Origin. Il sera accompagné par son frère et un fada qui a payé son billet près de trois millions de dollars. C'est le 20 de ce mois, notez-le, qu'il montera à 100 kilomètres dans l’atmosphère pour se retrouver en apesanteur. On ne lui veut surtout pas du mal, mais ce serait bien qu'il y reste.

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Hélène Thouy (parti animaliste) est candidate à la présidentielle 2022 ! C'est une mauvaise nouvelle pour Macron. Car si tous les moutons et les ânes ne s'abstiennent pas aux prochaines élections, elle a toutes ses chances !
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