jeudi 3 juin 2021



2.- LA CHANSON DES PRÉS VERTS.- J'ai croisé ce matin quelques villageois rayonnants. Cela tranchait avec la mine sombre de ces pèlerins qui se sont mis à dégouliner du Puy par le chemin, en nombre inconsidéré. Parfois j'ai envie de demander : " C'est quand qu'elle va s'arrêter cette mode ? " Car si marcher est la plus saine façon d'avancer, doit y avoir moyen d'éviter de tous s'en aller vers Compostelle. Parole d'un Jacques, pas loin d'être sain d'ailleurs, même si je subodore ne pas être en odeur de sainteté à Rome ! Tant pis.
Nous avions le sourire, car le pays est beau quand il pleut. Il est beau par tous les temps, mais tout de même, que la pluie lui va bien ! Lui va mieux. Quand il lui luit.
Ailleurs il faisait grand soleil, paraît-il sur la majeure partie du pays. On a évité ça. Profitons ! On dit que ça ne durera pas et que les chaleurs vont gagner notre paradis... Ceux qui ne sont heureux que lorsqu'il fait soleil sont bien à plaindre. Le beau ce n'est pas ça, le beau c'est la façon subtile dont on scrute l'horizon et en recevons l'image. Cela me navre toujours, cela m'interroge, lorsqu'on me soutient qu'il n'y a rien de mieux que le bleu du ciel et de la mer. Cela m'ennuie aussi.
Avez-vous déjà contemplé une étendue de vert à perte de vue. Sous un ciel gris. Pas qu'un vert à moitié plein. Pas qu'un gris comme un chat, la nuit. Des prés tendres dardés de narcisses qui s'admirent, de jeunes feuillus aux pousses claires et frêles explosant en rafales émeraudes parmi les conifères sombres et massifs. Hêtres en rondeur, sapins en cône, bouleaux restant à faire, frênes hâtifs et noisetiers en devenir, tout verdit, tout resplendit.
Là-dessus, le ciel ouvre sur le décor son vaste nuancier. Et suivant que cirrus et cumulonimbus progressent et professent, la palette verte s'ouvre sur l'infini. Il faudrait des heures pour en saisir toutes les touches, en savourer l'indicible variété. Ainsi j'ai compris - il m'en a fallu du temps ! - pourquoi les vaches d'Aubrac choisissaient cette fin mai pour retrouver leur parc d'attraction basaltique. Car il n'y a pas que l'herbe grasse et les fleurs primesautières dans leur vie ! De leur regard latéral et circulaire, elles dévorent ce décor absolu reçu en héritage mais aussi en partage.
Et tandis que le pèlerin pressé baissait la tête, les belles des prés unanimes, ruminaient ostensiblement leur bonheur...



Images de transhumance

J'ai saisi par le plus grand hasard cette montée d'un troupeau montan aux estives samedi dernier. Et ne résiste pas à vous en faire partager l'ambiance et le bonheur pendant quatre minutes. Nous sommes avec les Puech de Julia (Saint Julien de Rodelle) qui montent sur près de soixante kilomètres. Bonne montée, soyez prudents.



https://youtu.be/kmfSGToruyM




Vous avez sûrement entendu parler de Vachement Belle. Poème pastoral par amour de l'Aubrac. Un livre magnifique. Mais l'avez vous seulement installé dans votre bibliothèque. Sas quoi c'est simple vous pouvez le commander à l'adresse habituelle : jaclarrue@gmail.com





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