1.- IL Y A PLUS DE MUETS QUE DE MUGUET - Je regardais hier avec quelques frissons, un peu d'émotion, beaucoup de nostalgie, les manifs du premier mai à travers la France. Quelques milliers. 150 000 dans tout le pays. C'est ce qu'ils étaient jadis, rien qu'à Paris ! Et le discours d'un Mélenchon, excellent comme à l'accoutumée, lorsqu'il monte sur une chaise pour une tribune faussement improvisée mais toujours d'une impeccable tonalité. C'est BFM qui les donnait en direct ! Oui mais non ! Ne croyez pas que je sois devenu fou. Enfin fou je le suis, mais pas dans ce cadre-là. Non je ne regarde jamais la télé... sauf lorsque je me retrouve au comptoir avec quelques habitués, venus chercher leur repas à emporter. L'un d'eux lança à la cantonade : " De mon temps, les rouges nous empêchaient de travailler le premier mai !"
Ben encore heureux, mon vieux ! Y a quand même quelques principes à respecter. C'est grâce, le sais-tu, aux mouvements du Premier mai que les patrons, qui ne l'étaient souvent que par le fait du prince et de la chance, cessèrent de tutoyer l'ouvrier, de le houspiller, de l'exploiter, y compris lorsqu'il s'agissait de malades, de vieillards et d'enfants !
Celui qui évoquait avec mépris la CGT, en était probablement un ancien. Fonctionnaire zélé, par forcément très vaillants mais bourré d'avantages et désormais retraité. Tout ce qu'il faut pour se renier tout en satisfaisant un auditoire du même bord. Beurk...
La désertion de la gauche n'est pas un phénomène nouveau et elle aura été analysée des milliers de fois, souvent avec plus de pertinence que je ne pourrais jamais le faire. Mais il n'est pas inutile toutefois d'évoquer cette malheureuse histoire auprès de ceux qui l'oublient ou feignent de l'ignorer. Si nous sommes si peu nombreux à nous revendiquer de gauche, c'est donc du fait de sombres désertions. Pour ne pas nous extraire du champ contemporain, on ne pensera qu'au Front populaire (1936) annihilé par le nazisme et la guerre qu'il provoqua ; le Conseil National de La Résistance (1944) et ses jours heureux trahis par un conglomérat centro-socialo-gaulliste qui étouffera le mouvement populaire et humaniste dans l’œuf ; et enfin le Programme commun (1981) qui accouchera d'un Mitterrand machiavélique en diable œuvrant d'abord en reconnaissance de l'accord de gouvernement, avant de laminer, par un terrible effet de balancier, tout ce qui avait fondé cette gauche reconstituée. La grande escroquerie !
Cela à pris du temps. Il y a eu le sursaut Jospin. Le soubresaut Hollande. Tous participant de la destruction de la belle idée reposant sur les grands piliers idéologiques que formulèrent en gros Marx, Trotski, Proudhon et Jaurès. Jusqu'à ce jour où les chiffes, les pleutres, les sournois, enfin bref les opportunistes mieux installés dans leur confort de petit bourgeois, jugèrent que le combat était terminé et désertèrent sans oublier de profiter des 35 heures, des 5 semaines de congés payés, de la sécu, du chômedu et tout ce que la gauche à arraché en moins d'un siècle. Se réfugiant au centre et sans vergogne chez Macron, l'ami, le complice et l'obligé des patrons.
Quant aux autres, les plus humbles, fragiles et malheureusement idiots, il finirent par rallier l'autre rive, lointaine, à l'extrême droite. Avec à sa tête des gens dangereux, mais qui ont su leur parler, leur promettre dans un discours de rejet, de haine aussi bien de l'étranger, du migrant, que de l'élite.
Alors oui bien sûr que d'un côté il y a les libéraux sans âmes, ni conscience, ni foi. Les bobos et les autres. On pourrait leur en vouloir, sauf qu'ils n'ont pas eu besoin de nous pour réaliser un jour qu'ils n'avaient finalement jamais été de gauche, que leur seul intérêt c'était le pognon. Même s'ils en gagnaient peu ils ne voulaient surtout pas le perdre. Leur pognon, leur minable place au soleil, leur nombril. Leur putain de nombril !
Et c'est ici que nous sommes en pleine dichotomie avec certains de mes camarades, qui sans avoir fait totale allégeance à l'abject de tous mes ressentiments, s'en rapprochent arguant de la menace nationaliste. Elle est grande et je la redoute en effet, mais vu qu'elle n'a jamais exercé le pouvoir, il est tout de même difficile et réellement spécieux de prétendre que ce serait pire ! Pire que l'état d'urgence permanent dans lequel on a plongé ce pays, la "sécurité globale" et le recul social déjà bien amorcé. Le péril ultra-libéral !
La question n'étant pas de favoriser un camp, mais de récupérer urgemment ceux qui au nom de la précarité, de l'aspiration sociale et d'un réel malaise existentiel, d'une légitime exaspération, se sont lourdement fourvoyés.
Groupons-nous et demain...
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Notre amie Danielle P. de Nevers n'a pas hésité à rejoindre le cortège et à accompagner les courageux camarades du collectif 2022 (vraiment) EN COMMUN.
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