vendredi 2 avril 2021

 




1.- POUR QUI TU TE PRENDS CAMARADE ! Le problème avec Mélenchon - le mien en tout cas - c'est qu'il est bon. Et quand je dis bon, c'est bon. Brillant. Élégant. Convaincant. Et si vous ne partagez pas ce point de vue - ce qu'à Dieu ne plaise -, n'allez pas cherchez plus loin : vous n'êtes pas de gauche. Ben oui, ça arrive ! Et pas qu'un peu hélas…
Je sais pas si vous avez vu le feux d'artifice de 10 minutes, ce premier avril 2021 (hier donc) de JLM à l'Assemblée nationale, mais c'était du Ruggieri et du Haendel réunis. Je me suis dit que le pauvre intervenant suivant avait du souci à se faire pour ne pas paraître insignifiant. Ce serait tombé sur Ciocci ou Guérini on s'en foutait un peu - n'est-ce-pas ? -, manque de pot ce fut le tour du camarade Chassaigne qui, en terme de charisme, concourt dans la catégorie escargot.
Alors quand je parle de problème, ceux qui passent un peu de temps sur Macronique m'ont vu venir. J'ai beau partager l'essentiel de ses idées, reconnaître d'infinies qualités à l'animal politique et même à l'homme cultivé et sensible, Mélenchon, je n'y arrive pas. C'est malheureux mais depuis toujours et cela vient davantage de mon éducation que de mon tempérament, je bloque "grave" sur les égocentriques. J'en ai connu deux à Toulon dans le rugby parfaitement insupportables, je pourrais ajouter Tapie, Drucker et mon libraire. En cherchant bien j'en trouverai encore bien quelques centaines. Et même en additionnant Mélenchon, les cinq cités, plus quelques centaines, on atteindrait difficilement l'ego et la mégalomanie de Macron, mais enfin ça, ce n'est en aucun cas mon problème.
Outre son pétage de plomb lors de la perquisition de LFI, qui ne constitue en rien ce qu'il y a de plus grave, car il a été clairement victime de harcèlement et de provocation politico-judiciaire, ce qui me dérange le plus fortement et de manière rédhibitoire, c'est sa façon de s'imposer comme seul candidat légitime à représenter la gauche. Ce refus de discuter et donc éventuellement de laisser sa place à quelqu'un de plus consensuel, constitue à mes yeux la pire des trahisons de l'idéal de gauche. "J'y vais parce que je suis le plus fort, le meilleur et si vous voulez que la gauche gagne ralliez-vous tous à moi." Non mais pour qui tu te prends camarade !
Tout ceci m'affecte et me blesse car, je le réitère, je connais la valeur de l'homme. Nous n'avons jamais eu meilleur orateur en France depuis Victor Hugo, Jean Gabin ( ah non, pardon, Clemenceau !), Jaurès, De Gaulle, Malraux et Mitterrand. C'est d'ailleurs cette capacité de verbe autant que ses accents humains, qui valent au tribun l'ardent soutien, l'aveuglement évidemment aussi, d'un très grand nombre de militants.
Oui mais un très grand nombre de militants, ça ne fait pas un élu à la présidence de la République. Et c'est bien là que Mélenchon est soit déphasé pas sa propre aura, soit malhonnête, lorsqu'il tire de cette belle ferveur, une légitimité. Sans être réellement irréconciliable comme l'avait décrété Manuel Valls qui n'était pas de gauche, il est un fait que notre camp est bien trop divisé, fracturé par de vrais oppositions notamment sur le choix de société, pour se rallier au panache gris du turbulent insoumis (ah ! que ce mot est splendide !)
Rejeté par les mous pour son intransigeance doctrinaire et par les durs pour son comportement hégémonique, il y a peu de chance que s'opère un ralliement alchimique sans lequel la présence au second tour est impossible. N'en déplaise à Mélenchon qui semble encore croire si fortement à son étoile. En tout cas moi je ne pourrais lui accorder ma voix que dans la mesure où il réaliserait l'exploit d'être LE candidat désigné par et pour la gauche.
Or donc pour l'heure et à mon sens, pour réaliser l'union de ceux qu'en ce 150e anniversaire on baptisera les communards et de la gauche modérée - mais sincère - je ne vois plus, je ne crois guère qu'en Christiane Taubira. Qui par coïncidence et surcroît, est également une sublime oratrice. A qui il ne reste plus qu'à sortir du bois. Pour affronter le grand méchant loup, discuter ferme et au besoin ferrailler avec les rouges, les verts, les roses. Et même les gris (et vous trouvez ça drôle !) 


Le discours de Mélenchon (1 avril 2021) une performance d'orateur masqué 



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