mardi 23 mars 2021












2.- PRENDRE SOIN DES SOIGNANTS - Maintenant on comprend mieux ce qui m'a amené dans l'Aubrac. J'aurais même peut-être dû opter pour le Larzac. Et si je n'étais pas tellement hostile à la conquête spatiale, c'est sur la lune elle-même que j'aurais emménagé. Il m'arrive toutefois de m'y poser virtuellement et n'étaient les chants d'oiseaux qui me manquent, qui sait si j'en redescendrais ? Tout me ramène dès que je vois du monde, à cette abhorration, le dégoût qu'il m'inspire. Certes, dans le tas de ces automates bougeant leurs bâtons de marche comme s'ils attaquaient le Mont Huygens et viennent tous piétiner Nasbinals parce que Madame Figaro en a fait l'un des dix endroits de France où les moutons devraient se rendre ab-so-lu-ment, je compte quelques amis.
Et même, même quand d'aventure et d'exception je croise l'un de ceux qui me sont chers et qu'il me réconforte de rencontrer, il s'empresse de me révolter encore davantage. Non qu'il le prémédite, mais que tout ce qui nous ramène à la crise existentielle, me bouleverse et me renverse. Il y a la crise sanitaire ( ah, on allait l'oublier celle-là ), mais aussi la crise économique ( je m'en fous !) la crise sociale surtout et primordialement la crise des consciences. Nous vivons une époque de l'égoïsme paroxystique où les gens sont prêts à renoncer à leurs libertés, à leur expression et leurs mouvements, pour ne pas déplaire, risquer les représailles ou le déclassement.
Mon copain ce matin m'a remis en boule lorsqu'il évoqua la situation de Raymonde, sa compagne. Quoi , c'est mignon Raymonde ! Mieux que Mila, Lena, Ambre ou Jade qui vont nous faire une belle génération de demeurées.
Elle est aide-soignante en EHPAD. Vous savez ces femmes - et ces hommes d'ailleurs - que des millions d'andouilles applaudissaient en bêlant sur leur balcon au premier confinement. Ceux que Macron voulait décorer... Les applaudir je ne fais que ça. Depuis toujours. J'applaudis inlassablement ceux qui ont fait les choses essentielles dans l'existence et assurent la survivance d'une société d'entraide et de service. Ce dont jamais je n'aurais été capable. Qui vident nos poubelles, réparent nos routes et pêchent nos poissons. Et ceux qui torchent les vieux - faut les aimer les vieux pour ça ! - qui se cassent les reins à les porter, les laver, les lever, les coucher. D'autant qu'ils ont beau être vieux, fragiles et dépendants, il n'en reste pas moins une impressionnante proportion de gens abjects.
Seulement Raymonde, d'après Pierre son compagnon, mon copain, elle n'en peut plus, elle craque. Ce n'est pas qu'elle ait perdu sa douceur, cette ressource d'amour inépuisable à l'égard de l'autre, mais qu'elle soit épuisée, démoralisée, déprimée.
Dans son EHPAD, dont il faut bien rappeler qu'il ne s'agit nullement d'une maison de retraite mais d'un hospice, car les gens attendent l'extrême limite pour se laisser enfermer, Raymonde fait le travail de trois aides soignantes. C'est qu'ici, comme à l'hôpital - sans parler des cliniques dont c'est l'unique raison d'être - on ne raisonne plus qu'en terme de rentabilité et de productivité. Certes avec des salaires de misère et un travail que le foyer familial aussi bien que l'école se sont empressés de dénigrer et de rabaisser - il faut être dans le commerce, la banque, la communication, le libéral ! - on ne trouve plus de jeunes pour nettoyer le sol ou les plaies.
C'est ce qui est présent en moi, docteur, cela ne sors jamais de mon esprit. Est-ce normal ? Je me dis que la santé et la pharmacie pardi devraient être nationalisés ! Qu'il faudrait payer ces femmes et ces hommes le double de ce qu'on leur donne actuellement. Enlever la moitié à tous ces gros salaires improductifs et souvent nocifs pour le redistribuer à ceux qui le méritent du seul fait de leur engament humain. Doubler leur salaire bien sûr mais aussi leurs effectifs. Afin que non seulement ils se sentent un peu considérés, mais que les patients en EHPAD aussi bien qu'en hôpital, retrouvent du même élan un peu de dignité dans leur traitement, un lit et une couche propres, un douche correcte, une alimentation digne. Demain il en faudra encore davantage. Car n'en déplaise à la COVID, on vit toujours plus longtemps et nombreux !
Seulement ce n'est pas en attirant les jeunes avec de meilleurs salaires qu'on en fera de meilleurs soignants. Parce que l'altérité, la bienveillance, la volonté ça ne s'achète pas, ça s'inculque. Regardez les sportifs, ils sont toujours plus payés pour jouer dans des stades vides et toujours plus désespérants de fatuité et de vacuité !
Ce sont tous ces gens que je fuis et qui me privent du plaisir de vivre mes derniers instants de liberté avant de devenir vieux. Ou au mieux de mourir ! Ceux qui regardent le doigt lorsqu'on leur montre une terre en déshérence. Ceux qui sont à l'affût pour se faire vacciner avant les autres, ceux qui ont tellement peur qu'ils en sont terriblement méchants, ceux qui n'auront même pas honte de voter Macron parce que même s'ils n'ont pas de pognon, ils croient encore que c'est lui qui leur en fera gagner tout plein dans la startup néchion.
Je dédie ceci à mon cono de cousin de Montpellier qui a eu la gentillesse de noter que je m'améliorais, que mes chroniques étaient plus nuancées, mieux équilibrées, de nature à moins froisser les susceptibilités de ceux qui ne seraient pas d'accord mais apprécieraient tout de même de lire Macronique.
Les voici servis !


Regardez ce témoignage - exhumé par l'ami Francis zoreille - d'une chef de service des hôpitaux de Paris. Il date d'un an juste avant la pandémie. Il n'a pas pris une ride ....


https://www.youtube.com/watch?v=7vzxdYm8NzY



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Quelques nouvelles de Marseille

La préfecture de police avoue 6500 carnavaliers, combien plus en réalité ? Le carnaval de la Plaine avait été annulé l'an dernier pour cause de pandémie. Cette année, il a connu un franc succès et a envahi le centre-ville pendant plusieurs heures de gens, surtout jeunes mais pas que, déguisés en couleurs mais
rarement masqués, avant une apothéose dans le brûlage traditionnel des chars. La fin a un peu été assombrie par l'intervention de grenouilles noires qu'on n'avait pas vues depuis quelques temps, avec leurs grenades lacrymogènes et leur verbalisation de quelques fadas qui leur auraient jeté des projectiles. Bien sûr, il y a eu de petites bavures, des gens ont pissé dans le trou laissé par l'écroulement des maisons rue d'Aubagne, certains ont abîmé du mobilier urbain... La LR qui nous sert de présidente du CD-13 en a profité pour porter plainte et encourage le petit sociflard qui nous sert de maire à se joindre à elle. Il faut dire que, d'après le journal, la réaction "twittée" de cet individu qi n'hésite pas à manger avec Macron a été bien pitoyable. Il a de l'estomac !
Mais il y a d'autres questions : comment a-t-on réuni autant de personnes sans que les "autorités" le sachent ? Si elles l'ont su, pourquoi n'ont-elles pas interdit ou encadré la fête ? Quand celle-ci a démarré de la Plaine, pourquoi ne l'a-t-on pas arrêtée ? Etc, etc... Il faut quand même se réjouir qu'il reste tant de gens capables de prendre le risque d'une festivité, crime inexcusable dans la macronie !


C.R.




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