
5.- LA NEIGE, LA VIERGE ET LA SENTINELLE. La neige posée sur l'horizon comme un pan de coton sur une large plaie... C'est beau ça ! J'espère que personne n'avait eu l'idée de l'écrire avant moi... Mais il ne s'agit pas seulement d'un effet de manche poétique. Ce matin je me suis évadé vers cette large échancrure blanche dans un monde qui me déplaît. Je venais d'entendre Brice Couturier faire l'éloge du libéralisme, puis vu le document d'Arte traitant de la financiarisation de l'eau. Où en gros les mêmes libéraux inspirés par l'abominable dame Thatcher, légitiment le fait que des milliers d'actionnaires puisent des fortunes dans nos ressources naturelles et que des milliards crèvent de soif ou paient très cher cette eau que l'on aurait pu tenir pour un bien commun.
Nous n'en manquons pas en Aubrac et toute cette neige enrichira encore la ressource. Ce qui me fait peut-être encore plus râler c'est de savoir autour de moi, tous ces gens qui se disent "nous de l'eau, on n'en manquera jamais !" Il faut entendre par là : "que les autres se démerdent…"
Et voilà pourquoi je suis là, pour ne plus les entendre. Nos pas produisent en s'écrasant un bruit craquant et harmonieux, les oiseaux piaillent d'impatience en recherche d'une maigre pitance et pullulent autour des sorbiers aux provisions rouges, généreuses mais bientôt épuisées, elles aussi.
La montée est rude vers la Sentinelle qui ouvre sur le massif de larges ailes à 360 °. Sortant de le hêtraie, j'ai vu la Vierge ! Elle me tend les bras, comme si elle m'attendait. L'angelot grelotte à ses pieds. Le Christ enrhumé ne peut se moucher. Elle sourit.
Lorsqu'un athée prend enfin le temps de se laisser aimer d'une statue de pierre, nous changeons manifestement de dimension. Il fait froid, très fois. Sale temps pour les mystiques. J'insiste. Voici Marie. Non pas celle qui me domine et jette un regard sur le lointain telle une sentinelle. Mon épouse qui s'enfonce jusqu'au genou et semble jeter à notre Bonne Mère un regard incertain. De reproche ou de reconnaissance.
J'aime cet endroit propice à la méditation, au recul, à l'apaisement. Pas forcément au pardon. Pourquoi s'agirait-il de toujours pardonner ? A ceux qui nous salopent la terre, la vie, l'avenir. Ont rendu la neige, mon pansement, si rare. La feront-ils payer un jour ? A Val d'Isère cela fait déjà bien longtemps !
J'aime cet endroit parce qu'il donne de la montagne une autre idée. Tant de perspectives. Je sais que les gens préfèrent les pics et les grandes chaînes qu'ils dévalent à ski sur des tapis de pognon. Des pics et grandes chaînes qui renvoient l'écho et leur propre ego sans écouter ni regarder plus loin. Bien sûr c'est imposant les Alpes. Ma montagne c'était les Pyrénées et c'est grand aussi. Mais c'est ici, en Aubrac, un peu plus bas certes, que l'on survole le mieux les choses sans jamais chercher à les dominer.
Nous n'en manquons pas en Aubrac et toute cette neige enrichira encore la ressource. Ce qui me fait peut-être encore plus râler c'est de savoir autour de moi, tous ces gens qui se disent "nous de l'eau, on n'en manquera jamais !" Il faut entendre par là : "que les autres se démerdent…"
Et voilà pourquoi je suis là, pour ne plus les entendre. Nos pas produisent en s'écrasant un bruit craquant et harmonieux, les oiseaux piaillent d'impatience en recherche d'une maigre pitance et pullulent autour des sorbiers aux provisions rouges, généreuses mais bientôt épuisées, elles aussi.
La montée est rude vers la Sentinelle qui ouvre sur le massif de larges ailes à 360 °. Sortant de le hêtraie, j'ai vu la Vierge ! Elle me tend les bras, comme si elle m'attendait. L'angelot grelotte à ses pieds. Le Christ enrhumé ne peut se moucher. Elle sourit.
Lorsqu'un athée prend enfin le temps de se laisser aimer d'une statue de pierre, nous changeons manifestement de dimension. Il fait froid, très fois. Sale temps pour les mystiques. J'insiste. Voici Marie. Non pas celle qui me domine et jette un regard sur le lointain telle une sentinelle. Mon épouse qui s'enfonce jusqu'au genou et semble jeter à notre Bonne Mère un regard incertain. De reproche ou de reconnaissance.
J'aime cet endroit propice à la méditation, au recul, à l'apaisement. Pas forcément au pardon. Pourquoi s'agirait-il de toujours pardonner ? A ceux qui nous salopent la terre, la vie, l'avenir. Ont rendu la neige, mon pansement, si rare. La feront-ils payer un jour ? A Val d'Isère cela fait déjà bien longtemps !
J'aime cet endroit parce qu'il donne de la montagne une autre idée. Tant de perspectives. Je sais que les gens préfèrent les pics et les grandes chaînes qu'ils dévalent à ski sur des tapis de pognon. Des pics et grandes chaînes qui renvoient l'écho et leur propre ego sans écouter ni regarder plus loin. Bien sûr c'est imposant les Alpes. Ma montagne c'était les Pyrénées et c'est grand aussi. Mais c'est ici, en Aubrac, un peu plus bas certes, que l'on survole le mieux les choses sans jamais chercher à les dominer.
Alors j'ai remis un peu de coton sur mes plaies et suis redescendu en glissant. J'allais mieux...
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