30.- C'EST UN JOLI NOM CAMARADE. On fêtait hier les 100 ans du Parti communiste français. Enfin ! disons qu'on les célébrait discrètement, car il n'y a pas non plus de quoi faire péter le champagne. D'ailleurs il n'est pas sûr que vous ayez vous même prêté attention à ce fait historique. Même Macron qui passe son temps à saluer la mémoire des uns et des autres, s'est bien gardé cette fois de se mettre en avant sur les chaînes désormais à son entière dévotion et soumission. Toutefois s'agissant d'un président qui s'emploie en permanence à détruire l’œuvre sociale essentiellement bâtie par le parti communiste ou ses alliés (36, 44 et 81) on évoquera-là, pour une fois, sinon la pudeur - n'exagérons pas ! - au moins une retenue de bon aloi.
Mais la première raison pour laquelle il ne s'y est pas astreint, c'est qu'il n'a aucun profit à en tirer. Et pourtant j'ai connu dans le Var une jeune fille (une certaine Cécile) qui se réclamait de la filiation communiste et qui ne s'est pas gênée pour se faire élire députée avec Macron. Est-ce si agréable de trahir ses parents et renier à ce point ses idéaux ? J'sais pas. J'ai jamais eu assez faim pour en arriver là ! Et la Marcheuse en talons aiguilles ultra-libéraux - dont on ne sait si ce sont les dents ou les aiguilles qui rayaient le plancher - n'inventa pourtant pas le concept de félonie. Nous avons vu l'inénarrable Hue (cocotte) balancer ses camarades pour vendre son âme aux diables capitalistes. Lamentable ! Et je sais quelques vieux copains du Var et du Tarn qui, perclus de rhumatismes et d'aigreurs, sans doute aussi usés, épuisés par une lutte à laquelle ils firent mine de ne plus croire, renièrent pareillement leur passé.
Le communisme, le partage total, l'abandon de toute avidité personnelle au seul bénéfice de l'altérité, de l'intégrité, de la justice, de l'humanité chère à Jaurès qui aurait été le leader transcendant de ce qui reste à nos yeux à nous le plus beau mouvement du XXe siècle - s'il n'avait pas été assassiné trois jours après le déclenchement de la guerre de 1914 parce qu'il la refusait - aurait justifié que j'y adhère sans réserve.
Ou plutôt si, avec réserves. Car les disciples de Marx et Proudhon, les héritiers de Lénine et Trotski - et déjà Lénine et Trotski eux-mêmes - maltraitèrent la cause, jusqu'au point sublime du Stalinisme qui condamna évidemment - j'allais dire légitimement - cette grande et belle idée qui aurait dû triompher et s'imposer au monde comme une évidence.
Ou plutôt si, avec réserves. Car les disciples de Marx et Proudhon, les héritiers de Lénine et Trotski - et déjà Lénine et Trotski eux-mêmes - maltraitèrent la cause, jusqu'au point sublime du Stalinisme qui condamna évidemment - j'allais dire légitimement - cette grande et belle idée qui aurait dû triompher et s'imposer au monde comme une évidence.
Car voici la grande diablerie de notre histoire pré-contemporaine. Ce sont quelques milliers de suzerains de la finance, succédant aux seigneurs et nobles d'une monarchie séculaire, qui prirent le contrôle du pouvoir et non plus dans quelques fiefs du vieux continent, mais sur la planète entière et notamment dans le nouveau monde qui est venu nous écraser de toute sa morgue, nous imposant Apple, McDo; Ikéa et les résos-socios. Il leur fut alors facile, aux nouveaux maîtres de notre pauvre terre, d'agiter le chiffon rouge du goulag et des exécutions sommaires. Je me souviens aussi de quelques voyous se réclamant du gaullisme, vomir sur les "socialo-communistes" à cause desquels les chars Russes défileraient bientôt dans Paris s'ils étaient élus !
Mais à côté de quoi, on ne compte plus les erreurs stratégiques commises par Thorez, Duclos et Marchais. La première, la plus grosse, énorme même est d'avoir persisté à soutenir le régime soviétique alors que sa dérive autoritaire, criminelle même, ne faisait aucun doute et se réitérait de Prague à Berlin, sans même évoquer la Sibérie... Inféodé à un système fonctionnant à l'inverse de l'internationale et de son genre humain, le PCF a usé la plus grande partie de son immense crédit de l'après deuxième guerre mondiale dans l'affirmation d'une ligne intenable. Insupportable. Ce sont eux, indubitablement, qui ont condamné et exécuté la cause. C'est aussi à partir de là, que les amis du prolétariat et de la justice sociale se sont dispersés. Les uns rentrant chez eux, les autres se regroupant dans des mouvements et factions d'extrême gauche par trop erratique et déstructurés.
Quant à la quête du pouvoir, parfaitement légitime elle, ce sont des alliances souvent de bonne foi, mais mal appréhendées, avec le parti socialiste, qui la condamnèrent. D'abord, puisqu'on parle du centenaire du PCF, n'oublions pas que c'est au congrès de Tours que le parti fut créé laissant une SFIO exsangue. Génétiquement, les successeurs du tiède Léon Blum n'ont jamais digéré cet épisode où il furent laminés. Naturellement dans les années de Résistance, ce sont les communistes et non les socialistes qui montèrent au front et payèrent un lourd tribus. Plus tard, en 1969, lorsque Jacques Duclos fut en mesure d'accéder à la présidence, ce sont eux les "sociflards" qui court-circuitèrent l'élection. Mitterrand qui sortait de deux échecs, se défila, mais envoya un mafieux marseillais au casse-pipe. L'odieux personnage ne réalisa que 5 % (moins encore que Benoît Hamon en 2017 !) mais c'est Poher un parfait insipide qui affronta Pompidou au second tour.
Mais l'araignée de Château-Chinon avait tissé sa toile et arrivera à ses fins avec l'appui considérable du PC de Georges Marchais. Lequel, tout mariole qu'il paraissait se fit rouler, malgré la nomination de cinq ministres issus de ses rangs. Deux ans après l'élection de Mitterrand, le PC se retirera de l'alliance et c'est à partir de là que son déclin s'accélérera. Car plutôt que de lui venir en aide, le président socialiste choisira de faire prospérer un Front National dont il sait qu'il restera maître malgré tout, mais qu'il puisera aussi bien dans les voix de droite que des communistes. La gauche délaissa alors le monde ouvrier et rallia le camp social libéral avec les Delors, Strauss-Khan, Royal et Hollande. Joli travail... Depuis, privé de personnage charismatique et de relais d'opinion suffisants, c'est un autre phénomène bien plus irritant que les mouvements trotskistes, qui est apparu pour phagocyter le courant de pensées et siphonner les réserves électorales : Mélenchon. Ne parlons pas de Front de gauche . Ni de France Insoumise. C'est un opportuniste de talent, un battant, mais aussi un sanguin, caractériel, autocrate, un arriviste qui venu de l'un (le PS) a terminé le travail en flinguant définitivement l'autre. Et oui je sais bien ce n'est pas drôle mon histoire. Mais ne vous y fiez pas totalement. Car comme beaucoup de gens de la vraie gauche, c'est mon côté utopique qui me laisse espérer qu'un jour on parviendra à changer la mentalité des gens. Une montagne à déplacer. Pas plus !
Je n'ai jamais eu la carte du PCF et je crois que c'est trop tard. D'autant que mon côté Proudhonien m'empêche d'adhérer exclusivement à une cause. Mais je le soutiens, c'est un joli nom camarade ! Je cite-là Jean Ferrat : "Au nom de l'idéal qui nous faisait combattre et qui nous pousse encore à nous battre aujourd'hui..." Car lui n'aura jamais renoncé. Si ce n'est de n'avoir plus pu respirer. Comme je le comprends !
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