23.- DE VIEILLES RECETTES DANS DES POTS NEUFS - Je suis exaspéré, vous l’aurez peut-être subodoré, par ce que je ressens de notre époque et je pressens de la façon dont nous pourrions être dirigés. Ce n’est pas tant la fonction présidentielle en elle même qui en l’occurrence m’incommode. Mais le caractère et la personnalité de celui qui pourrait la convoiter et l’habiter. Bien qu’il se dégage, vraisemblablement, chez les gens en âge et en capacité de penser, un large consensus pour considérer que cette gouvernance pyramidale, cette concentration de pouvoir n’est plus en phase avec les réalités d’un monde où un seul homme ne peut plus -décemment - décider pour soixante millions. Car notre organisation « démocratique » notre ordre « Républicain » sont ainsi faits que nous nous trouverions rapidement, échine courbée, sous la coupe d’un monarque de droit divin susceptible d’interférer dans nos vies au point - à coup de messages infantilisants mais suffisamment autoritaires - d’entrer chez nous quasiment tous les jours pour nous parler de notre santé, de la sienne, de ce qui est bon pour tous et qu’il a donc décidé à l’unanimité de sa seule voix… Quitte à le faire entrer dans les esprits à coups de matraque !
Imaginons demain un type, un employé de banque sans grande envergure – mais armé d’un sacré toupet - chouchou du patron d’une multinationale qui serait coopté par le monde de la finance pour prendre le pouvoir en France. Il entrerait d’abord discrètement dans les rouages de l’état, puis dans le cénacle d’un président de la République un peu balourd. Deviendrait ministre, puis subrepticement, sans que personne ne l’ait vu venir, se désignerait candidat à l’élection suprême. Avec un culot considérable et un tout petit filet de voix, se présenterait comme le chevalier blanc de la politique, réincarnation de Robespierre et De Gaulle, mais en tout neuf. Oui. Un du nouveau monde, vierge et pur comme on peut l’être lorsqu’on sort d’une école de jésuites. Ni de gauche, ni de droite, bien au contraire.
Et que ce candidat-là, parce que Sarkozy, Fillon, Hollande auraient dégoûté les gens de la politique, soit élu par défaut, parce que Le Pen et Mélenchon font peur, avec bien peu de voix. Sans légitimité. Ça aussi ça fait peur, hein ? Attendez, c’est pas fini ! Alors du coup aux législatives, une bande de mignons, éblouis par l’opportunisme de l’impétrant - dont la valeur cardinale commune serait le narcissisme - se retrouverait ultra-majoritaire à l’Assemblée. Démembrant promptement et sans scrupule tout ce qui avait fait de la nation française, le ciment. La protection sociale (retraite, chômage, maladie, logement, précarité), l’économie partagée (entreprises nationales fortes : hôpital, transports ferroviaire et aérien, industrie), liberté de s'opposer, de manifester, solidarité et accueil des malheureux du monde... Tout ceci remis en cause par ce gamin effronté, capricieux, méprisant, au service des entreprises privées, des riches et tous ceux dont il est redevable.
Il pourrait être élu en expliquant qu’il est nécessaire de se serrer la ceinture. Surtout pas de folles dépenses !. D’argent de dingue. Pour le SMIC, la retraite, les chômeurs, les services publics. Et puis y a l’Europe. La règle d’or. Pas plus de 3 % du PIB de déficit budgétaire. Bon d’accord c‘est dur. Surtout pour ceux qui ne traversent pas la rue, les gaulois réfractaires, ce qui ne sont rien. Mais, pour les autres, pas les plus nombreux, certes, mais les meilleurs, les malins, les premiers de cordée, c’est vachement bien, l’Europe !
Puis imaginons un virus. C’est envisageable un virus. Y en a toujours eu dans l’histoire de l’humanité, des virus. Certes virulent, envahissant. Emmasquant ! Et cette fois, si les pauvres seraient plus nombreux, plus pressants devant les marmites de soupe populaire et chez les disciples de Pierre et de Coluche, même les malins, les cadres, les commerciaux, les startupeurs, les traverseurs de rue, les escaladeurs, les alpinistes, se mettraient alors probablement à gémir très fort, lorsqu’on les priverait de leur parties de golf, de leur remontées mécaniques et de leur manège aéronautique. Les pauvres chéris, prostrés sur leurs matelas de biftons pas déclarés !
C’est alors que leur chef, celui désigné pour que cinq pour cent de la population captent tout et que vingt autres applaudissent, interviendrait aussitôt arrosant un secteur privé qui n’aurait pourtant à subir que ce que le plus gros de la population connaît en permanence. En quelque mois, il balancerait des milliards par la fenêtre à ses amis libéraux et tout ce qu’il resterait des chances à la France de se redresser un jour. Dans une dernière escalade folle, tentant de sauver ce qui peut l’être et sûrement en pure perte, cet homme seul, suivi par une armée de plâtre et un premier ministre d’opérette, monopoliserait les médias télévisés à son seul avantage, continuant à distribuer compulsivement cet argent qu’il n’a finalement jamais maîtrisé. Accomplissant là encore l’exact contraire de ce pourquoi il s’était fait élire. De vielles recettes dans des pots neufs ! Et c’est alors qu’on découvrirait une dette colossale. 2700 milliards ! Quelque chose comme 40 000 euros par habitants, en comptant les nouveaux nés ! Un truc à ne plus fermer l’œil de la nuit pour bien des redevables et justiciables ! Et il ne s’agirait plus d’un cauchemar, mais de la réalité à l’heure du réveil ! C’est alors que sans rien comprendre à l’économie, on devinerait tout de même pourquoi ce sordide président persistait à distribuer des milliards à des gens très riches qui crachent sur l’état et le service public. En dépit de toute justice et de la pudeur la plus élémentaire !
C’est pour éviter cela qu’il est urgent d’en finir avec les tyrans de la Cinquième, les grands comiques de l’État, les inéquitables et d’instaurer une démocratie populaire, parlementaire et égalitaire. Il ne s’agit même pas de refaire la Révolution, mais de réhabiliter la précédente !
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