
27.- LES BOUQUINS DES COPAINS D'ABORD ! Tiens ! Et si l'on parlait de choses pas essentielles. Les livres. Oh ! pas pour revenir sur l'insignifiante ministre recrutée aux " grosses têtes " et qui s'exclamait après avoir juré qu'elle ne reviendrait jamais en politique : "J'en ai tellement rêvé, que je ne pouvais pas refuser le ministère de la culture !" Et oui, si le ridicule tuait...
Bon, je vais pas la ramener non plus parce que des livres j'en ai pas lu des masses dans ma vie. A part ceux des copains. Parce que mon métier, ma sensibilité peut-être, m'ont beaucoup incliné à fréquenter des gens qui écrivent. Alors j'avoue ! Certains, il aurait mieux valu que je fasse semblant et que je me lise plutôt un peu de Giono, de Flaubert et pourquoi pas de Proust. Au lieu de ça, j'écrivais. Ce qui ne vous fait guère progresser, c'est un fait.
Je vois dans mon absence de lecture, enfin je veux dire la vraie, régulière, attentive et pertinente, au moins un avantage. Celui qui colle tout de même le mieux à ma personnalité : je n'écris comme personne. Parfois on a bien comparé mon style à Fallet. Fallait pas ! Et même, deux ou trois fois, mais si ! je vous le jure sur ce que vous avez de plus cher ... à Giono. Sans doute car j'ai beaucoup écrit dans des journaux régionaux. Mais enfin je vous rassure, ce n'est pas l'unanimité absolue. J'ai même une copine, prof de français (e.r) qui m'asséna que je n'avais pas de style. Brrr ! Ça réveille ! Et ça te démoli l'ego. Surtout si par malchance, tu en as un monumental. Mais enfin je m'en fous aussi dans les grandes lignes. Et suis pas là pour parler de môa.
Mais des copains. Encore ! D'abord un troupeau. Pas des moutons, ni des vaches d'Aubrac, non, des journalistes tous un peu rebelles et belles pour nos deux femmes sur qui l'âge n'a pas de prise...
Et puis celui que vous connaissez mieux ici sous la signature de Gaston, mais qui signe ses bouquins - comme il faisait saigner nos bouches - de son vrai et beau nom : Gérard Estragon. On dirait du Giono !
MEMOIRES D'OUTRE-VAR Les journalistes ouvrent leurs archives
Les vieux en sursis que nous sommes, ceux de Var Matin, se réunissent depuis dix ans à l'initiative de leurs deux consœurs, Léa et Nicole. Elles furent parmi les premières à monter dans la hiérarchie d'un journal alors que naguère, elles n'auraient jamais espéré mieux qu'un premier échelon, la rubrique cuisine ou la fonction - essentielle mais ingrate - de secrétaire de rédaction.
Lors d'une de ces rencontres autour d'une assiette et surtout d'un verre (je parle pour moi, Dédé, Doussot entre autres) l'on se laisse vite gagner par la nostalgie, surtout lorsque Gisèle et Yves (les deux derniers partis) se rappellent douloureusement à notre affection. L'idée de rassembler les vieilles plumes dans un bouquin de souvenirs anecdotiques fut lancée. Un tour de table - dont je n'étais pas - désigna les "invités". La plupart acceptèrent de puiser dans leurs archives et des bribes de souvenirs.
Il y avait à Toulon un éditeur déjà ancien à la réputation sulfureuse. Je le sais j'ai donné ! Mais une "folle" de bouquins, attachée à la maison par son papa qui y publiait jadis, reprit le bateau livre ! C'est beau d'aimer lire et de ramer, même si c'est pas simple de faire les deux en même temps. Dans quelques temps je vous parlerai d'elles : de la maison et de la missionnaire.
Ils se comprirent, se plurent et signèrent. Vite résumé, voici comment remontèrent ses " Mémoires d'outre-Var". Un bon demi-siècle d'informations locales essentiellement et d'une époque formidable où Var-Matin s'appelait aussi, d'abord, "République". Ça avait de la gueule et ça tenait la route car ce quotidien départemental était l'un des seuls avec Le Télégramme et Le Courrier de l'Ouest à présenter des tirages comparables à la presse régionale. Faut dire que du show-biz de Saint-Tropez au chantier de La Seyne en passant par les îles d'or paradisiaques, les exploits du RCT et les crimes hyèrois en tous genres, l'actualité qui parfois se mélangeait, ne marquait que rarement la pause.
On se laisse prendre à partager le quotidien d'un journaliste sous pression, confronté à l'inattendu, au loufoque, au terrifiant. Et lorsqu'on pénètre une salle de rédaction on se croit parfois tombé dans une cour de récréation. Ça crépite, ça pétille, ça chambre, mais ça roupille rarement.
Il y avait chez nous de belles, sinon grandes plumes, je ne résiste pas au plaisir d'évoquer mes chouchous (Patrick Lorenzini et Bernard Oustrières) mais tous les récits se tiennent, débordent d'humour et de passion. Il y a donc Léa, Nicole Fau-Bellorgey, Daniel Alfandari, Claude Bègue, Jean-Pierre Bonicco, Stéphane Doussot, André Dupeyroux, François Kilbler, José Lenzini et si vous y tenez vous aurez même peut-être droit à du Jacques Larrue. C'est pas formidable ça ?
Allez, laissez-vous tenter ! C'est quinze euros, ça vous rajeunira et ça vous rendra heureux.
LES GENS HEUREUX S'ENNUIENT et autres nouvelles
Et donc Gérard Estragon. C'est le neuvième ouvrage de cet homme protée. Capable de passer de la roulette (il était dentiste) à la palette (il est plasticien) à la tablette (j'écris ça juste pour la rime, car je crois qu'il écrit encore à la main). Alors d'accord je n'ai pas tout lu. Vous aimez la litote ? Je n'ai rien lu. Mais de l'Estragon si. Sans modération. Les neuf et ces nouvelles. Dernier recueil en date. Car à 84 ans, le jeune auteur reste en devenir. D'ailleurs c'est l'Harmattan qui en témoigne le mieux. Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de trouver un éditeur un peu coté ? c'est coton ! Généralement ils n'ouvrent pas votre manuscrit. D'ailleurs ils ne prennent même pas le soin de vous répondre. Z'ont ce qu'il faut. Musso, Bussi, Lévy et, pour les meilleurs De Kérangal, Reinhardt ,Tesson. Ça tourne !
Alors donc, qu'une maison de la notoriété de l'Harmattan prenne le soin d'abriter un plumitif toulonnais - et pour la quatrième fois s'il-vous-plaît ! - et bien cela parle.
Alors donc, qu'une maison de la notoriété de l'Harmattan prenne le soin d'abriter un plumitif toulonnais - et pour la quatrième fois s'il-vous-plaît ! - et bien cela parle.
Ce n'est plus tout à fait un plumitif de basse-cour. Sûrement plus proche de l'auteur. Voire de l'écrivain. Donc, on se résume je n'ai pas lu Maupassant, Edgard Poe, ni Hemingway, mais je ne regrette pas d'en avoir essayé des nouvelles. Le recueil d'Estragon attrape le lecteur en l'enfermant dans un buron cantalien de mauvais augure et ne le relâche que prés de trois cent pages plus loin dans un monde effectivement dévasté. Désespérant ? Pas du tout. Car il a le cynisme allègre et badin, mutin aussi pardi, le Gégé. Et alors, en se marrant sous la lumière glauque d'une île déserte où l'on bouffe de la murène avariée, on l'imagine laissant courir sa plume joyeuse au gré de la risée... Il y en a 25 comme ça. Souvent, elles évoquent la Creuse - va-t-en savoir pourquoi ! - et pourtant elles sont pleines de finesse, de drôlerie. De talent.
Faut que je fasse gaffe, va m'donner l'goût d'lire... le vieux !
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Vous pouvez commander ces bouquins dans vos librairies - dès quelles redeviennent utiles - ou directement chez les éditeurs (Périclès - 530 avenue Joseph Gasquet à Toulon)
www.lespressesdumidi.fr
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Au fait ma copine Isabelle ne comprend plus rien au déconfinement.
Si vous êtes sur les résos-socios, donc plus intelligents, vous allez peut-être pouvoir l'aider...
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