jeudi 9 juillet 2020

Les célèbres gueulantes de Gilbert Doucet (ici à Bayonne).
En général cela produisait son "petit" effet ! 
 




T'es où, mon Doudou ? *



Nous étions, me semble-t-il en août 2006. Entre Coventry et Gloucester. A table, l'un des éléments majeurs de sa vie, le repère idoine avec le comptoir, les fonds de mêlée, la cage de bord de touche et le huis-clos chargé de fièvre et d'embrocations des vestiaires, le dimanche après-midi. Il y avait Patrick Blanchard le photographe, le kiné de l'époque, Yann Delaigue si je ne me trompe et Marc Andreu. C'était un petit ailier de vingt ans venu de Fréjus, de Nérac et du football. Il s'était amusé à se servir un peu de rosé, la veille d'un match de préparation considérable sur le terrain des Tigers, Champions d'Angleterre. Tandis que le jeune impertinent se marrait en coin, Gilbert entraîneur du RCT, loin de se mettre en colère, l'encouragea : "Vas-y jeune, sers-toi... Mais sache quand même que j'ai bonne mémoire !" Cela signifiait : si tu fais le con, tu n'es pas prés de jouer en "première". 
Je repense à ça, parce qu'au moment où Gilbert s'en va, on me dit que Marc Andreu devenu un grand joueur, international et Champion de France, rejoint La Seyne, La Mecque, Marquet, le port d'attache de ce monument d'humour, de gentillesse, de générosité qu'était Gilbert Doucet. 
Des moments de fou rire au RCT j'en ai moins connu que de périodes arides, acides même, austères ou hostiles. Pas grave ! Mais ce que j'ai vécu avec ce mec, que je n'ai connu vraiment que lorsqu'il fut une première fois entraîneur en 1996 appelée par Jean-Claude Ballatore, puis 10 ans après pile-poil avec Boudjellal, je ne l'échangerais avec personne. En 2006, le président novice du RCT nous écoutait. Nous étions avec Henri Mondino, Alex Dejardin et quelques autres des lobbyistes improvisés. Et nous avions réussi à convaincre Mourad d'en appeler à Gilbert qui venait de connaître une belle décennie d'entraîneur, entre Grenoble et Bayonne en passant par Calvisano et Rome ! Ce n'était pas très gentil pour Alain Teixidor qui n'avait pas démérité, mais nous ne fûmes satisfaits que lorsque Momond Jorda vint former avec "Doudou" un duo parfaitement complémentaire, humain, intelligent…
Las M. Boudjellal ne jurait que par ce qui brille : Umaga, les étoiles, les Coupes et les médailles. Pas le même monde ! Il jeta Doucet - avec Jorda - comme une merde. L'humilia. L'enfonça. Quelle gloire ! C'est toute de même bien de le rappeler pour que sa mémoire ne soit pas galvaudée, mais basta ! Il y a bien prescription. 
Le voici plus relax avec à droite
notre ami commun Alex Déjardin
Doucet m'a fait mal aux côtes. Mais sans violence. De la manière que j'aime le mieux. Par l'humour. La douce violence du rire. La bonne humeur. La bonhomie. Lorsque je le "cherchais" à dessein, il me rétorquais avec ce merveilleux sourire qui a fait chavirer plus de filles que de journalistes : "Y a pas que les bonbons qui font tomber les dents." Et puis : " Tu crois que les saucissons ça pousse dans les arbres...". Ou encore : "Si tu continues, tu va avoir le nez à la place du trou du cul et tu va avoir beaucoup plus de mal à respirer..." Toutefois ce n'était jamais que pour me régaler de ces bons mots. Jamais de menace, ni d'humeur mauvaise. Il trouvait tous les papiers de presse excellents. Il ne les lisait jamais ! 
Il avait été un fameux troisième ligne à Nice, Toulon avec lequel il fut presque champion en 1985, La Seyne et peut-être même Marseille. On le disait rude. Il l'était. La légende dit même qu'il avait un peu de ferraille dans ses bandages d'avant-bras. Sacrés raffuts ! Pourtant, je l'avais intronisé dans les colonnes de Var Matin, "duc de Bigorre", parce que originaire de Lourdes, mais aussi parce que je lui trouvais une noblesse qui n'était déjà plus systématique ni ici, ni ailleurs dans le rugby. 
Tu sais Gilbert, je commence en avoir assez de dire adieu aux mecs les plus bonnards de l'ère "rouge et noire" et d'en pleurer de rage ! Y a eu Véran, Balda, Melville, - Jean-Marcel Coulais aussi que je connaissais moins -. Il y a des gens qui prétendent que ce sont les meilleurs qui s'en vont ! J'ai longtemps pensé que c'était des cons. Et là, je m'inquiète... et s'ils avaient raison ? Il m'en reste. Mais je ne vais en citer aucun pour ne pas leur porter la poisse.
Mon Quinquin (Muesser), mon bon Alain (Rinaldi), René
(Dossetto) et toi le juge intime de conviction qui te régalait de ne jamais trancher, Henri dont je sais la peine intense que nous partageons ; ma chère Sabine dont la douce voix téléphonique reste en moi et vous les filles, ses amours, ses beautés, je suis perdu dans mon Aubrac, ou plus exactement prés de mon papa à Graulhet. Je ne serai pas au milieu de cette foule accablée sans doute de chaleur estivale, de douleur ovale et abyssale, mais j'aimerais que vous me sentiez parmi vous. J'y serai intensément… Vous me sentirez. Lui aussi !

Exceptionnellement aujourd'hui je rends un hommage à un ami du rugby dont je me sentais particulièrement proche. 

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Petit dessin envoyé par Francis B de la R pour célébrer l'arrivée prochaine
des produits bourrés d'OGM venant des Amériques.... Merci Macron !


Lettre à notre fils devenu écologiste ! 


J’ai reçu cette lettre d’un ami réactionnaire. Enfin encore plus que moi. Il n’y a que l’objet de nos «réactions » qui divergent. Ainsi lui -furieux des beaux résultats de nos amis verts - est content de se moquer des « écolos » comme il dit, alors que je trouve que ce programme est tout à fait conforme à l’évolution nécessaire. Et donc oui, je confirme mon cher Jean-Claude - à quelques outrances près – que c’est bien ainsi qu’il conviendrait d’élever nos enfants et commencer par se comporter soi-même !

« Mon chéri,
Vendredi, plutôt que d’aller au lycée, tu as participé à la manifestation pour la défense du climat et le sauvetage de la planète. Tu n’imagines pas combien nous avons été fiers de te voir engagé dans une cause aussi essentielle. Profondément émus par tant de maturité et de noblesse d’âme, nous avons été totalement conquis par la pertinence de ton combat. Aussi, je t’informe que ta mère et moi avons décidé d'être indéfectiblement solidaires et, dès aujourd’hui, de tout faire pour réduire l’empreinte carbone de la famille.
Alors, pour commencer, nous nous débarrassons tous des smartphones de la maison.
Et puis aussi de la télévision. Tu ne verras aucune objection, naturellement, à ce que ta console subisse le même sort : on dit que cela génère des déchets électroniques polluants qui empoisonnent les rivières du sud-est asiatique.
Évidemment, nous avons entrepris de résilier aussi tous les abonnements téléphoniques et la box d’accès à l'internet. J’ai aussi contacté un plombier pour faire retirer le système de climatisation énergivore. Nous le remplacerons par des ventilateurs basse consommation dont nous nous efforcerons de ne pas faire une utilisation abusive.
Nous pensons également qu’il est nécessaire de corriger nos modes de vie : nous cesserons donc de partir en vacances au ski ou à l'étranger. Ni même sur la côte d'Azur avec le camping-car que, d'ailleurs, nous avons la ferme intention de revendre.
Et, bien sûr, fini l’avion ! Pour l'été prochain, ta mère et moi avons programmé de remonter le canal du Midi par les berges, à vélo. Comme tu vas aller désormais au collège avec ton VTT, cela te fera un excellent entraînement. Oui, parce que la batterie de ta trottinette électrique n’étant pas recyclable, il te faudra oublier ce mode de locomotion. Mais c’est déjà fait, j’imagine.
Ah ! pour tes vêtements, nous avons décidé de ne plus acheter de marques (fabriquées par des mains d'enfants dans les pays du tiers-monde comme tu le sais). Tu nous approuveras, nous en sommes persuadés. Nous envisageons par conséquent de t'acheter des vêtements en matières éco-responsables, comme le lin ou la laine, que nous choisirons de préférence écrus.(les teintures sont parmi les plus grands polluants).
Dans la foulée, nous nous mettrons à l’alimentation bio et privilégierons les circuits courts. Et pour aller au plus court, nous songeons même à acheter des poules afin d’avoir des œufs frais à portée de main : tu vas adorer ! Ta mère a même pensé à un mouton pour tondre le gazon.
Et puis, j’ai adressé une candidature en bonne et due forme à la mairie pour obtenir l’affectation d’une parcelle dans les jardins familiaux partagés. Nous comptons sur toi pour nous aider à cultiver nos légumes.
Il va sans dire que, dans cette démarche, nous bannirons les aliments industriels. Désolé pour le Coca et le Nutella dont tu faisais grande consommation et dont tu devras te priver à présent. Mais nous ne doutons pas un instant de ton approbation.
Enfin, pour palier le manque de distractions par écran interposés, le soir, nous nous remettrons à la lecture (dans des livres en papier recyclé, cela va de soi) ou nous jouerons aux échecs et pourquoi pas aux petits chevaux : il y a une éternité que nous n’avons pas fait une partie de ce jeu désopilant. Nous achèterons un plateau et des pièces en bois du Jura, comme il se doit. Et nous veillerons à nous coucher plus tôt pour économiser la lumière.
Voilà, nous sommes certains que tu adhéreras pleinement à ce sympathique programme qui s’inscrit en ligne directe dans ton combat pour sauver la planète. Et nous te remercions encore de nous avoir ouvert les yeux. Tes parents qui t’admirent et qui t’aiment. »

Félicitations à tes amis, Jean-Claude. Tout est place pour qu’une président écolo soit élu en 2020 à la place de ces timbrés libéraux, obsédés par la croissance et le profit !

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