Belle semaine de chroniques ! Les trois dernières relevant de coups de cœur. Vous me direz qu’il faut que je le ménage à mon âge et heureusement, je l’entretiens en crapahutant sur mes montagnes. Lucien, le poète est de sortie , grâce à Zaza, puis la Résistance communiste au Panthéon grâce à Manouchian et aujourd’hui, l’espoir toujours vivace, moins utopique que ce qu’ils l’ont mis dans la tête du troupeau, de connaître la fin de cette société de consommation et d’exploitation. Marx l’avait prédit : « Ce n’est qu’après l’effondrement du capitalisme, que l’on commencera à être des hommes ! » Cette troisième émotion, je la dois à Martine, cette militante exceptionnelle de l’étang de Berre, à la fois jardinière, Sisyphe et Cassandre (vous comprendrez plus tard en regardant le film) ! Voici bientôt deux ans que nous alimentons réciproquement nos convictions, nos désespoirs, immédiatement suivis de nos espérances. Souvent, je me demande où elle puise cette énergie combattante et parfois j’ai la réponse. Ici elle porte un nom : Yannis Youlountas. Comment « c’est qui celui-là ? » ! Je sais à l’unité prêt qui ouvre cette chronique, mais évidemment, il m’est difficile de mesurer l’attention que chacun porte à ce que je lui donne à lire, mais aussi à réfléchir. Cela doit être proportionnel à leur propre niveau de conscience et d’engagement j’imagine. Il s’agit donc d’un philosophe (attention, rien avoir les cris d’Onfray), écrivain, réalisateur de cinéma franco-grec, engagé dans le combat politique et social sur plusieurs fronts, l’un de ses rallumeurs d’étoiles - chers à Apollinaire et HK -, parcourant l’Europe et notamment la France où il anime des projections-débats autour de ses films de société dont la trame s’appuie toujours sur la rudesse des conflits opposant le peuple au pouvoir, mais aussi sur la beauté émotionnelle des êtres en lutte. Son décor, il l'a planté sur la terre sensible de Grèce, souffre-douleur du libéralisme européen et génératrice parfois de ses propres souffrances. Mais où la lutte et la Résistance s’inscrivent dans les gènes et chez les jeunes. Intense et enrichissante découverte, cette longue interview sous forme d’entretien donnée par Yannis à Michel-Marie Perraudin sur la chaîne Youtube La maison Mémérou, consacrée à la sortie du dernier film Nous n’avons pas peur des ruines et sous-titré Nous portons un nouveau monde dans nos cœurs. L'histoire d'Exarcheia, un quartier rebelle et solidaire d’Athènes que le pouvoir veut anéantir. Et tout y est d’une intensité, d’une force dans la volonté de combattre et d’une douceur dans la générosité des idées où seuls les esclaves définitivement soumis, ne se sentiront ni concernés, ni bouleversés. Il y a tant à dire ! Sur le fond de l’engagement évidemment. La certitude – nous l'avons toujours eu – que ce monde capitaliste était le plus injuste, les plus violent, le plus inhumain qui soit. Où une infime partie des hommes vit dans un entre-soi de profit, d’égoïsme, de rejet des différences et de criminalité (les famines, les guerres, la destruction de notre terre par son exploitation frénétique) au détriment d’une population mondiale en souffrance. Il n’est point besoin d’être doté de neurones supersoniques pour comprendre que nous sommes sous l’influence démoniaque d’un mode de société inique et destructeur. Mais les principaux alliés de la finance et de ceux qui exploitent notre monde jusqu’à sa perte, c’est nous, évidemment. Prostrés comme si nous étions ensorcelés (et nous le sommes) dans nos canapés, à ingurgiter pendant des heures les informations, les divertissements, le sport, les films où tout est prétexte à nous maintenir dans une léthargie émolliente, en faisant de nous des consommateurs pathologiques et frénétiques, infectés par la publicité distillée sans cesse ni modération. Or et cela tient d’après Yannis à notre éducation, nous subissons ces vomissures télévisuelles par le fait de notre conditionnement originel. Au terme du régime féodal prenant fin après Napoléon III, nous avons connu des démocraties directives qui depuis, fonctionnent avec les mêmes leviers éducatifs. Dans une société où l’être humain a été formaté dans un esprit de compétition, donc de domination et de soumission. Ce qu’il résume par : jouer des coudes, plutôt que se serrer les coudes. Ainsi ne vit-on jamais que dans le leurre et l’illusion de cette devise qui, si elle s’appliquait au pied de la lettre ne donnerait plus lieux à aucun débat. Liberté, égalité, fraternité, oui ! Mais où et quand cela se produit-il ! Un précédent long métrage de Youlountas proclamait « Je lutte dont je suis » et cela est assorti de cette autre formule qui devrait apaiser les craintes : la peur s’évanouit quand tu luttes et quand tu es amoureux. La peur c’est ce que les dominants savent le mieux entretenir, elle est leur assurance-vie. Sauf si elle change de camp ! Objecteur de croissance, philosophe de conscience sociale, relai et témoin de l’humanité, nous avons ici à faire à un personnage rare. Il est aussi un modèle, pour moi qui serait plutôt Sisyphe en proie au désespoir, lorsqu’il se présente raisonnablement - si ce n’est résolument - optimiste quant à l’évolution des mentalités notamment chez les jeunes. Lesquels s’aperçoivent que ce modèle capitaliste est à bout de souffle que c’est désormais lui qui relève de l’utopie. Il dit aussi - et je le prends pour moi – qu’il est bien beau d’avoir une conscience mais qu’il faut aussi l’assortir de confiance. Bref, haut-les-coeurs ! Et si demain nous effectuons ce pas de côté, que nous vivions doucement et humblement, ce ne sera pas triste, mais alors pas triste du tout. C’est que nous serons enfin sortis de la préhistoire de l’Humanité. Allez-y mes amis, allez-y ! Sortez de vos habitudes. Éloignez-vous de votre télévision. Prenez deux heures, le temps de vous imprégner de cette vidéo, de la découvrir, la comprendre et vous en émouvoir. Vous en sortirez bouleversés mais aussi probablement ragaillardi et grandi. Alors viendra le temps et l’envie – indispensable - de partager et de convaincre à votre tour. https://youtu.be/Re7mk7w5aKA |
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