Quand j’y pense, je comprends mieux pourquoi beaucoup d’écrivains et plus encore de poètes, signèrent leurs plus belles pages, la panse vide ! Voici que je me retrouve incapable d’aligner deux mots. Cela promet d’être pénible et pas que pour moi … Hier, j’étais dans le Tarn dans la belle famille (enfin, disons pas trop moche) pour une complicité de génocide de canards en bande organisée. Si j’entame cette chronique par ce terrible aveu de culpabilité, qui me vaudrait bien une excommunication de ma mouvance naturelle écolo-anarco-co, c’est aussi pour relever le défi de mes beaux-frères, lecteurs - sans doute occasionnels - de cette chronique et à qui je dois faire, régulièrement, avaler des couleuvres. Et sans avoir goûté ces dernières, même accommodées en beignet, il me semble qu’il ne peut exister aucune comparaison avec un magret bien saisi sur les deux faces, mais plus longuement côté peau et graisse pour caraméliser un brin, juste agrémenté de sel de Guérande et d’un demi tour de poivre du moulin. Ces deux « beaufs » qui sont surtout des amis, l’ont prouvé en avalant ma Petite fille - oui je sais on peut interpréter bien des choses avec le titre de mon roman ! - même s’ils confondent le Grand Rouleau d’Isaïe avec le rouleau de printemps ! Le premier constituant, comme vous le savez tous, l’un des textes fondateurs de la bible hébraïque datant du deuxième siècle, mais retrouvé en 1947 seulement en Palestine. Et c’est d’ailleurs à l’un des personnages forts du roman - Léon Duras – que l’on doit cette découverte. Bref, si avec ça, ceux qui n’ont pas lu ma première tourmente n’ont pas une vorace envie de se jeter dessus, c’est que le canard n’a plus son attractivité originelle. Quant à l’autre, je ne vais vous faire un dessin sur cette japonaiserie qui se vomit également très bien. Mais enfin au départ, je voulais simplement expliquer que lorsqu’on a éventré des dizaines (deux exactement) de bestioles, lorsqu’on a fait grillé des kilos de fritons dont on se sent imprégné jusqu’aux chaussettes pour plusieurs semaines, que l’on a même commis la folie d’en croquer quelques-uns, défiant toutes les analyses aussi bien logiques que médicales, flirtant sûrement avec la mort par artériosclérose foudroyante, ça vous en bouche un coin… coin ! Et on n’a plus tellement envie de se jeter dans la composition de textes lyriques, pas même engagés ou seulement sarcastiques… Quoique ! Je ne sais plus pourquoi j’évoquais cela, ni surtout pourquoi j’avais besoin de me dénoncer aussi facilement, sans subir la moindre torture (à l’exception de quelques gargouillements intempestifs que provoquent - les gastro-antérologues vous le confirmeront - la combinaison audacieuse d’un excès de lipides et de liquides). Me dénoncer, au titre de parjure - de traître à la cause que je défends - parce que j’estime toujours que tant que nous vivrons dans un monde où l’on prive les plus faibles du simple droit de se nourrir, boire et s’abriter, on n’est nullement légitime à gober les fritons comme des pop-corns ! Dans les contrées proches de la famille, c’est plutôt calme en termes de misère humaine, mais enfin il ne faut pas voyager bien loin pour retrouver des quartiers où l’on n’a même pas, le dimanche, un cou de canard à rongé. Me dénoncer encore parce que vous le savez bien, il y a, à gauche, une tendance qui se dégage à vouloir à tout prix foutre la paix aux animaux qu’ils soient à poil, à plume ou d’ailleurs à coquille. Oui parce qu’après tout, les huîtres et les escargots, ne sont pas ceux qui font le plus de bruit quand on leur coupe le pied ou qu’on leur envoie une pique dans les yeux pour les déloger (comme le fait la police avec les écureuils dans les arbres sur le trajet de l’A69), mais ils n'en souffrent pas moins. Et voyez, j’espère que personne ne me suspecte de plaisanter avec la maltraitance animale et singulièrement celle des canards gavés. Même en Chine, les canards sont traités de manière plus humaine. Ils sont certes laqués, mais après leur mort ! Tandis que là, c’est le gavage qui les y conduit. Durant près d’un mois des paysans motivés par l’appât du grain, rendent ces canards malades, en leur faisant ingurgiter d'impensables quantités de maïs ! Tout ça pour faire plaisir à Noël, à des connards... gavés de blé. Et alors je sais pas si vous avez vu un foie gras dans la carcasse de ces bestioles, c’est hallucinant ! Je crois qu’il y a pas d’équivalent sur terre, si ce n’est peut-être le foie d’un supporter du RC Lens. Dernier aveu : je suis fan de foie gras - plus que de football ! -. Cuit en conserve, tranché sur un lit de mâche, avec une baguette un peu tiédie coupée dans la largeur... Oui mais bon, après ces confidences, vous pouvez être sûr que Sandrine Rousseau ne va même plus m’adresser la parole. Il faudrait pour aller bien que je rejoigne la camarade Fabien Roussel, qui pour renouer avec les vieilles traditions staliniennes, est redevenu l’ami des flics et des barbecue-parties (bon pour Staline et le barbecue je suis pas bien sûr, je vous laisse vérifier). Mais enfin non, Roussel ça peut pas, même autour d’un steak-frite. Et parvenu poussivement au terme de ma chronique du dimanche – qui ne vaut certes pas la dernière édition de l’Humanité – je veux mettre fin au suspense assorti de l’irritation de la plupart d’entre-vous. Évidemment que je ne me suis rendu coupable d’aucun des actes malfaisants dont je me suis accusé par bravade. Mes poules et mon chat en sont témoins, ces derniers jours, j’étais paisiblement chez moi à contempler la nature ; attendre la neige qui ne tombe pas. A offrir des graines de tournesol à mes anges volants et des noisettes aux écureuils. Pas ceux perchés dans les chênes entre Castres et Toulouse, mais le coeur y était... |
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