Allez, je sais bien que vous me trouvez râleur (et d'ailleurs quand j'étais jeune je signais une chronique d'humeur de ce style dans Var Matin : « Le coin du râleur », parce que c'est l'un des anagrammes de mon nom), mais enfin là, je serais plutôt d'humeur joyeuse. D'abord avec les résultats de la Turquie. Hé oui ! Cela me rassure. Il n'y a pas qu'en France qu'on reconduit à la présidence un gros nul que la plupart des gens détestent. Cela s'appelle : la DÉ-MO-CRA-TIE. Non, ils sont bons les types là-bas. On trucide les Kurdes, on persécute les femmes, on enferme les journalistes et allez hop, reviens-y Erdogan, continue la boucherie… Je comprends mieux en quoi consistent les WC à la turque : c'est fait pour s'accroupir ! On en rit, mais enfin c’est terrible pour les pauvres gens qui pensent différemment. Et puis, et puis surtout Cannes ! C'est comme Roland-Garros. C'est le moment où tous les bobos et les beaufs se retrouvent en communion pour s'esbaudir… Vous le savez, le cinoche c'est pas mon truc. Et c'est normal puisque la plupart y vont ! Comme sur fessebouc, au foot, à la téloche... lorsque la masse des gens est pour, j'suis contre. Et comme ça ne se soigne pas… De toute façon, quand tu es perdu en plein Aubrac, mieux vaut ne pas trop être accroc au truc, parce que les salles ne sont pas seulement obscures ici, elles sont rares. Faut se taper trente bornes pour se faire une toile miteuse et le double pour un mini-multiplex. Si ! Tous les deux mois, il y a deux cas d'assos, qui arrivent avec leur projo et nous passent La bataille du rail ou Autant en emporte le vent. Les premiers arrivés se sont mis au premier rang et tous ceux qui sont derrière se paient leurs têtes toute la séance... Alors du coup, le dernier film que j'ai vu au ciné ou à la télé, c'était... c'était quoi au fait ? C'était… Bon, on s'en fout ! Mais enfin moi à la place de m'enfermer au milieu des bouffeurs de pop-corn, ou de verser ma dîme à Canal +, je sors et j'admire les arbres, les oiseaux, les vaches. La nature. Je suis con, hein ? Le cinéma c'est un milieu d'extravertis, mégalomanes, contents d'eux, superficiels. Où l'on va de sauteries, en pince-fesses, de trahisons en faux sentiments, d'émotions préfabriquées en promotions et en compromissions. Un monde factice où, à part les histoires de culs et de pognon, ça frôle l'indigence. Alors évidemment, Cannes c'est l'archétype, la caricature, le bouquet final. La croisette infernale. Et bon, j'suis pas normal, je l'ai rappelé en tout début de chronique, mais quand même ! Que des millions de gens se prosternent devant ce putain de tapis rouge, où défilent des filles dans des tenues le plus souvent indécentes - par leur prix et leur transparence – et des mecs généralement bourrés et/ou drogués, illustre bien la décadence d 'un monde aveuglé par les strass et les starlettes ! Ce sont aussi ces artifices, ces paillettes qui laminent les autres activités culturelles telles que la littérature. Sauf lorsqu'elle se vend pour exister en renonçant à ses spécificités et ses valeurs. Donnez le choix à un citoyen lambda - et je ne parle même d'un gamin ou d'un jeune adulte - entre allez voir un film ou prendre un bouquin… Alors voilà qu'on me dit que la lauréate du Festival, réalisatrice du film "Anatomie d 'une chute", s'est payée Macron, son gouvernement et une absconse ministre de la pseudo-culture ! Justine Triet, en serez-vous surpris (?), je ne n'en avais jamais entendu parler. Et je suis doublement heureux de faire sa connaissance. Parce qu'en dénonçant l'abandon de l'exception culturelle et l'oppression des travailleurs par le report de deux ans de l'âge de la retraite, elle nous a fait un joli carton sur ces saligauds. Elle a d'abord évoqué « la protestation historique extrêmement puissante » contre cette loi des retraites injustes et injustifiées. Puis de poursuivre : « Cette contestation a été niée et réprimée de façon choquante et ce schéma de pouvoir dominant de plus en plus décomplexé éclate dans plusieurs domaines. Socialement, c'est là où c'est plus choquant mais on peut aussi voir ça dans toutes les autres sphères de la société et le cinéma n'y échappe pas. La marchandisation de la culture que le gouvernement néolibéral défend est en train de casser l'exception culturelle française sans laquelle je ne serais pas là devant vous. » Comme disait Dujardin dans Brice de Nice (voyez que j'ai mes références !!!) : « Caaassééééééééé ». Parmi le flot de réactions - ou d'érections - provoqué par ces tirades que Rostand n'aurait pas renié, la droite macronienne s'est étranglée de rage, et à gauche où l'on se tape le cul par terre, Mélenchon est venue rappeler que - contre toute attente, la mienne en tout cas -, le Festival de Cannes avait été créé par la gauche. Si fait ! C'est même, une grande figure du Front Populaire, Jean Zay (tué en 1944 par la Milice - dont ont retrouve un peu partout d'inquiétants émules - et repose depuis 2015 au Panthéon) qui en fut le maître d'oeuvre en 1939, dans le but de contrer la Mostra de Venise née un an avant chez Mussolini et inaugurée par ce bon Goebbels ! Alors donc tout n'est pas à jeter dans le cinéma, car si Bourvil, Ventura et Constantin ne sont plus, il reste des Grandes gueules telles que Justine et elles n'ont pas besoin d'avoir des couilles ! |
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