29.- NOS HÉROS NE JOUENT PAS AU FOOTBALL - Je vais vous parler d'une amie que j'ai revue cet été, pleine de gentillesse et d'enthousiasme. Il ne s'agit pas, il faut bien l'admettre, de l'archétype de mes relations qui oscillent en moyenne entre les bobos et les intellos. Ce n'est pas que j'en sois fier d'autant que la fâcheuse tendance de certains à considérer les opposants à la ligne jupitérienne et aux mesures liberticides et sanitaires comme des idiots et des moins-que-rien, me contraint à une certaine prise de distance.
De classe moyenne par naissance, j'ai appris par mes parents - qui n'étaient pourtant pas des gauchistes - à me tourner vers les humbles et les laborieux, plutôt que vers les nantis et les victorieux. Depuis rien n'a changé et je ne me sens pas plus mal ainsi. En sorte que si je garde parmi la "haute" quelques amis c'est qu'ils pratiquent la même philosophie. Rares sont de droite car, de ce bord-là, on se soucie moins de l'intérêt des petits que de changer sa grosse allemande et d'aller voir la misère de plus près en avion et à l'autre bout du monde. Mais il y en a, si, si... et je préfère les savoir ouvertement de droite que ralliés aux premiers de cordée qui dirigent (et divisent) le pays en massacrant nos valeurs humaines.
Nous avons pu, ces derniers mois, retrouver ces "gens du nord" qui - ne riez pas - "ont dans le cœur..." Ah vous la connaissez aussi ? Elle, c'est Patricia, son métier est assistante familiale. Depuis bien longtemps avec son mari Patrick - j'ai changé leurs prénoms pour ne pas les gêner - elle se charge de l'éducation de mômes qui, lors du grand tirage au sort de la vie, sont tombés sur les mauvaises cases. Parents délinquants, violeurs, violents, toxicos et... bienvenue à l'enfant !
Heureusement il y a le service public, les affaires sociales pour rattraper les coups. Ceux, vous savez, pour qui on paie des impôts ! Volontiers pour nous les petits et en gueulant, souvent même en trichant, pour ceux qui n'en ont jamais assez. Ah ! ce service public, honni des libéraux chers à Saint-Emmanuel-les-mains-jointes, là il n'est pas convoité par le "privé". Faut dire que cette misère-là, Monsieur, elle ne rapporte guère !
Voici des décennies que Patricia - et son conjoint Patrick, héros solidaire dont ce n'était pas le métier - se battent pour remettre à peu près d'aplomb des gamins cabossés, souvent déjà affectés par les gènes, les comportements et les substances absorbées durant leur formation prénatale. De petits démons en puissance, ils feront des êtres humains parfaitement honorables et intégrés. Et là je dis chapeau ! À ces deux-là, à tous les autres, car sans quoi notre société, déjà bien mal en point, se coltinerait encore cette horde d'égarés. Chiens perdus sans collier à la Cesbron.
Et pour avoir quelques heures par-ci, par-là, partagé leurs tourments, leurs angoisses, leur solitude dans la tempête, je vous assure que je les admire mille fois plus qu'un navigateur solitaire, un compétiteur égocentrique, un bâtisseur mégalomane.
Préserver son autorité face aux pires mutineries, garder la maîtrise devant de folles crises, esquiver les coups et renvoyer de la confiance, de l'espoir, de l'amour, ce n'est plus du courage, de la force, de l'humanité, c'est à mon estime une sorte de génie... du bien !
Et alors qu'elles restent indispensables, déterminantes, cruciales, ces familles d'accueil tendent à disparaître. Car non seulement leur vie est compliquée, totalement vouée aux autres, sans sortie, sans loisir, sans amis, mais on leur empoisonne considérablement les choses avec de plus en plus de contraintes et de moins en moins d'aides. Et qui dans notre société du bien-être, de l'individualisme, du profit, de l'argent facile, se dévouerait pour sauver quelques enfants mal nés ?
Patricia se désespère : "Un jour il n'y aura plus personne..." C'est alors que je lui parle de l'unique solution à mes yeux. La reconstruction d'une société fraternelle, privilégiant l'altérité, la communauté à l'intérêt particulier. Le retour en force du service public dans tous les domaines de compétence possibles de l’État. Je leur demande s'ils militent, s'ils connaissent la Primaire populaire, s'ils votent à gauche ? Patricia et Patrick sont des gens bien, je les aime pour ce qu'ils sont et font, mais ils me regardent interdits, avant de me lâcher le déprimant : " de toute façon c'est tout pareil ! "
Ce sont des gens bien, je les aime, mais je me fâche. Je suis hors de moi : "Ah vous trouvez que les programmes de Benoît Hamon, de Mélenchon, de Poutou et ceux de Macron et Fillon étaient les mêmes ? " Et j'argumente, vous connaissez bien la rhétorique... Je les rabaisse un peu, je les rudoie et je m'en veux. Bien sûr je les sens réceptifs, je ne désespère pas de récupérer ceux-là. Ils ne votent plus ou alors un bulletin blanc. Ils jouent contre eux, contre le peuple, contre l'humanité... Mais eux n'ont peut-être pas vendu leur âme d'anciens militants communistes des années soixante-dix, à la loi du marché de Macron ou au nationalisme et au racisme du Front National. Contrairement aux millions de pauvres gens qui, lorsqu'ils ont découvert Jack Lang, Strauss-Khan, Hollande et Le Foll, réalisèrent qu'ils n'étaient vraiment pas de ce bord-là !
Alors si vous aussi vous aimez des Patricia et des Patrick, reparlez-leur de la gauche. Des grandes idées qui rapprochent les hommes par l'égalité des traitements et la fraternité des races...
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Rendez-vous tous sur le site de la Primaire Populaire. Il faut y croire !
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