lundi 21 juin 2021




20.- ON LÂCHE RIEN, ON VEUT DANSER ! - Parfois je désespère. Non, souvent je désespère. Avec cette sensation inconfortable de n'être pas normal. Un peu fracassé même. Ou beaucoup ? Mais enfin normal, dans le sens de ne pas être dans la norme, il est clair que je ne le suis pas. Il y a parmi vous, sans doute, quelques bonnes âmes qui me comprennent, peut-être qui m'accompagnent. Savent ce que c'est compliqué, pénible aussi, de remonter sans cesse l'interminable troupeau qui bêle et se révèle si content, si sûr aussi, de lui...
Il y a, je vous l'ai dit, de loin en loin des gens qui lisent macronique avec plaisir, mais qui aussi la révèrent. Bon pas des milliers non plus. D'ailleurs à ce point il n'y en a qu'une, c'est Danielle de Nevers. Nous avons les mêmes indignations, les mêmes rêves d'altérité, de fraternité, de reconstruction d'un monde à l'opposé de celui que les libéraux - au nom de cette confusion entretenue avec le mot liberté - nous infligent depuis si longtemps, mais de plus en plus et pour encore combien ?
Bref on se fait du bien et c'est fort, même si le côté épiphénoménal relève du dérisoire. Mais c'est aussi du dérisoire dont je me nourris pour rendre consistante la chronique. Danielle m'a donc fait parvenir l'autre jour une vidéo d'un type qui chantait joliment le besoin de continuer à danser, tandis que le clip proposait à différents coins de la planète, des rythmes bien différents et au final assez extatiques. Et pardi Danielle, que je l'ai aimé ! De suite, aux premières notes. Certes ce n'est pas Nadau. Cette place dans mon Panthéon personnel est prise. Ni Brassens, ni Barbara, ni Reggiani...
Mais dans un sens, c'est mieux, il est vivant Kaddour Hadadi ! Bon, il est arabe, mais tant pis ! Non, celle-là je m'étais promis de ne plus la faire, d'autant que s'il débarque un butineur de macronique, il est foutu de me signaler sur les résos-socios et de me jeter en pâture aux salafistes. Bref je déconne, c'est bien qu'il soit arabe. Fils d'émigrés algériens. Enfin c'est ni bien, ni mal, on s'en fout d'où il sort ! C'est la France de la diversité et lui pour le coup, il l'honore, non, il la sublime la diversité.
Allez savoir pourquoi je fais depuis leur apparition, une allergie au rap, au slam, au hip-hop. C'est sans doute pour cela que je ne connaissais rien de Kaddour. Dans ce parcours tranquille, sain, harmonieux, il s'est orienté vers le reggae, la musique populaire où les textes sont chantés joliment enveloppés de notes et non débités au hachoir de paroles convenues. Tant mieux ! HK a constitué sa troupe de troubadours et s'en est allé sur les routes avec ses Saltimbanks, animer les places de cités soudain éclairées, des manifs de collectifs humains et de travailleurs en lutte. Voilà, nous y sommes. Il est de gauche. Mais pas comme on l'entend maintenant, avec les avatars de Hollande et Valls. La gauche moche et... pas de gauche.
Ceux qui ont un brin envie de se lever le cul pour faire bouger cette République atone où l'on ne vote plus, où la démocratie se résume à cette phrase commode "en même temps" c'est à dire pas de droite et pas de gauche...mais que moi, Jupiter ! Ceux qui ne veulent plus choisir entre le libéralisme sidéral et le frontisme national, ceux qui croient encore que l'humanité à sa place sur terre dans une égalité des chances, des pouvoirs - à commencer par celui de manger -. Ceux-là connaissent sûrement ce beau slogan "On lâche rien !" C'est aussi une bien belle chanson, celle qui défile dans les manifs depuis des années, en désespoir de cause (s), mais toujours debout. Ce beau citoyen du monde l'a écrite il y a dix ans, la diffuse encore et toujours en France, mais aussi un peu partout où l'internationalisme de la solidarité fait rêver.
Dans une interview que je vous livre avec ce merveilleux clip, Kaddour dénonce ceux qui nous tirent vers le bas en cultivant les peurs, en entretenant les haines, en banalisant l'injustice, en niant les différences. Les uns, là-haut par intérêt électoral, les autres par insuffisances, par bêtise, par paresse...
J'ai écouté ce type. Chanter et puis dire. Il m'a remis à l'endroit. Dans le sens de l'espérance. De l'idée qu'au lieu de se résigner, tous ceux qui croient en une belle gauche de générosité mais aussi de fermeté par rapport aux abandons des uns, aux profits des autres, devraient se relever, se resserrer et aller chercher en obtenant cette primaire populaire, une beau score aux élections présidentielles et pourquoi pas un second tour !
Je sais que vous êtes rares, mais je sais que vous existez. Oui, c'est perdu. C'est perdu si on ne bouge pas et nous résignons encore, lamentablement, parce que : "après tout ... il arrivera, ce qu'il arrivera !"
Eh bien non ! On lâche rien. Et qui sait si un jour on ne dansera pas encore ?


HK et les Saltimbanks : "Continuer à danser..."





Kaddour Hadadi : interview et musique





HK et les Saltimbanks : "On lâche rien" et "Sans haine"

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