8.- DU PINARD ET DE BONNES GAULOISES - Depuis la fin décembre la maison ne s'est quasiment jamais vidée. D'ailleurs si vous avez la noble intention de vous joindre à nous, soyez assez gentil pour patienter quelques jours. Histoire de changer les draps ( on fait ça environ tous les trois mois et ceux-là commencent à marquer...) et de recharger les accus (même si à notre âge ce n'est plus tant une affaire d'accus que d'hygiène). Si vous recevez beaucoup vous le savez, c'est éprouvant. Bouffer, boire, parler, balader et hop, aussitôt recommencer.
Et dire qu'on aurait pu faire la même chose pour de l'argent. Qu'elle horreur ! Je m'y vois, au petit matin, les yeux embrumés par la justesse de la nuit, la rudesse des adieux et la hardiesse du froid vif d'hiver, interroger Cathy, Fanny ou Zazou : Vous avez combien de petits déjeuners ? Vous avez pris des apéritifs ? Alors ça fait tant... Brrr cela fait aussi froid dans le dos. Y compris en juillet.
Sinon sans rire on adore. Et on prend tout le monde. On n'exige pas le passeport vaccinal, on ne demande même pas de jurer qu'on ne votera jamais à l'extrême droite, ni de s'essuyer les pieds en entrant. Même si c'est toujours mieux d'être propre du bonnet aux baskets. Y a qu'un truc qui m'emmerde je vous le dis si vous comptez venir ou revenir, c'est lorsqu'on on ne laisse pas un peu de place au silence ou à l'avis de l'autre. Lorsqu'on me coupe la parole et par-dessus tout lorsqu'on me cherche querelle. Même gentiment. Inféodé à l'humour, j'exècre la provocation, y compris lorsqu'elle s'instille par mesquine perfidie. Car dès lors, soit on fait celui qui n'a pas entendu et cela provoque des congestions nauséeuses consubstantielles, soit on riposte et pour le coup on a tous beaucoup à perdre. Voilà ! ça c'est dit et serait probablement aussitôt intégré si cela devait advenir. Mais il n'est pas davantage obligatoire de cracher dans la soupe, ni de draguer ma femme... Comment ça, ça ne risque pas ? Là vous êtes quand même pas très sympas. Ou pas connaisseurs... Mas soupe est remarquable !
Sans quoi qu'est ce que c'est chouette de recevoir les gens que l'on aime. Je ne souhaite pas, même à mon pire ennemi, de ne pas savoir recevoir. Bon c'est très agréable aussi de donner. Mais en l'occurrence, faut quand même pas exagérer.
Et puis c'est faux de dire que nous recevons gratuitement ! Il y a des pots de vin. On me couvre ou plutôt non, on m'arrose de pinard. C'est à croire que les gens me connaissent ! Au reste, puisque je suis arrivé là pour mourir - sans empressement ni crainte - et que je m'adresse essentiellement à des amis, je voudrais en profiter pour indiquer mes dernières volontés. Et que ma dernière perfusion ne doive rien à Pfizer ou à Astrazeneka ! Qu'elle soit intégralement composée d'un de ces magnifiques vins de Provence ou du Rhône dont les amis de passage ont le secret. Mais que, si cela posait un problème quelconque, de fonds ou d'approvisionnement, je saurais me contenter d'un honnête Corbières ou d'un brave Minervois, eux qui auront été mes compagnons de verres les plus fidèles. Il sera également possible de m'offrir quelques gauloises. Mais non pas des filles réfractaires rejetant Macron - ce qui ne peut que me les rendre sympathiques ! - mais qu'en ferais-je à l'entrée de cet interminable couloir dont rares sont ceux qui, fumeurs ou pas, virent le bout ?
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