19.- LE POIS CHICHE DE L’UNESCO - Je me suis laissé dire - c’est fou d’ailleurs ce que l’on peut se laisser dire par inadvertance ou par complaisance – que le couscous avait été intronisé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Et de l’humanité ! Et pourquoi pas la pizza tant qu’ils y sont ! Ah bon ! Elle y est aussi ? Bon alors faut pas chercher plus loin. Si jamais vous avez l’occasion de vous balader un jour dans le VIIe à Paris, ne vous arrêtez pas déjeuner au siège de l’UNESCO, place de Fontenoy. Il y a juste après l’école militaire et il me semble que la cantine doit y être de meilleur goût.
J’en reviens à cette histoire de couscous. Forcé d’y croire, puisque l’info n’émanait pas de fessebouc mais du journal Le Monde, je suis allé consulter la liste des choses, notamment immatérielles qui figuraient au fameux patrimoine de l’humanité. Si j’y ai bien retrouvé la pizza - napolitaine, s’il vous plaît, sans doute un coup de la mafia, mais il n’y avait pas la main de Maradona ! - d’autres trésors de la gastronomie mondiale me sont apparues : la cuisine japonaise ! Là c’est de la provocation. Je ne sais combien d’entre-vous se sont risqués à la consommation de sushis, mais les inconscients se souviennent probablement de cette difficulté à déglutir la préparation et l’extrême facilité à la restituer au prix de quelques coliques, accompagnées ou pas de spasmes vengeurs.
Si vous voulez continuer à voyager et même à rêver, il y aussi le Nsima qui se pratique au Malawi Un porridge épais nous dit-on à base de farine de maïs. Dans l’utilisation d’un pansement gastrique pour prévenir tout assaut de sushis ou raid de merguez, remarquez, je dis pas ! Et si vous voulez accompagner ce sympathique menu gastronomique à la sauce de cette émanation onusienne, n’hésitez plus, laissez tomber le Chambertin, le Châteauneuf ou le Moulis, prenez plutôt un kvevri (mais non pas un kiravi !). Il s’agit d’un vin Géorgien, qui est fermenté dans de grandes jattes d’argile !
Bon je vous sens partagés entre l’envie d’aller vérifier d’éventuelles balivernes sur les moteurs de recherches et celle de trouver ça quasiment normal. Cette fameuse ouverture d’esprit, sur le monde. La tolérance. J’en entends même se dire : s’il le faut c’est même excellent. Mais bien sûr ! On en connaît qui recopient les recettes de Top chef et d’Estchebête (comme ses pieds) persuadés que leur présence à la télé et la meilleure - voire la seule – preuve que c’est comme ça qu’il faut faire. C’est gourmand comme ils disent !
Non mais le couscous ! Sans déconner ! Bon d’accord dans la liste y avait déjà les mines du Pas-de-Calais, Albi, le Havre, la Camargue et le comble, le Charolais, paysage culturel de l'élevage bovin ! Mais enfin dans le dérisoire, peut-on faire mieux qu’une cuillère de semoule, du bouillon de légume avec un bout de viande et quatre pois chiches susceptibles de crever un œil en cas d’éternuement intempestif. N‘abandonnez jamais un pois chiche du regard, ni celui qui le manipule. Y a rien de plus traite et idiot. D’où la fameuse inscription au patrimoine des citations : avoir une pois chiche.
On dit aussi être chiche. Et pour cause. Quatre carottes, un bout de poulet aux hormones, une pincée d’épices et ça y est vous le tenez votre couscous. Coût moyen par convive : 1 €. D’ailleurs si vous êtes invités à manger un couscous, ne cherchez pas : soit votre hôte est pingre au dernier degré, soit il ne vous estime guère. Ou bien alors il est complètement fauché. Mais lorsque vous n’avez pas un rond, soyez correct, n’empoissonnez pas les gens avec vos invitations couscousiennes.
J’en sais aussi qui me rétorqueront que c’est un plat culturel, le ciment - ça pour coller, ça colle - entre les peuples du Maghreb, le référentiel commun. Voire la réconciliation entre les arabes et les pieds noirs. Celui, en tout cas, qui réuni les amis, la famille… Bref notre raclette à nous quoi ! Et on se la pète pas à demander l’UNESCO , la légion d’honneur où je ne sais quelle distinction. Et en parlant de péter , vous croyez pas que notre cassoulet il aurait plus sa place, sur la table d’honneur de l’humanité ? D’ailleurs lorsqu’on a humé un cassoulet, c’est fini y a plus rien à sentir. Et surtout pas un couscous qui pourrait être servi, à la rigueur dans les hôpitaux. Encore que pour espérer s’en sortir les malades ont besoin de se refaire un moral. Pas réellement le plat de circonstance pour retrouver la pêche.
Vous avez le bouillon qui commence à gonfler la graine au fond de l’estomac sous un mitraillage soutenu de pois chiche. Tiens et pourquoi pas la socca niçoise ? Si c’est un concours de goûts aseptisés, de non goût, voire de mauvais goût, moi je pousserais bien la socca, elle y aurait toute sa place. Et à défaut on pourrait s’en servir de coussin si les chaises son dures.
Bon allez, j’en ai assez vu ! Je reviendrai à l’occasion lorsque la centrale de Creys-Malville et la marina de Cagnes-sur-mer entreront dans le patrimoine de l’humanité. A moins que ce ne soit le fish and chips british où le dos de hareng à la crème et gelée de groseille !
La voie est libre...
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